Le mouvement est engagé, le DSI se voit confier la lourde tâche de motoriser la marche forcée vers la valorisation de la donnée et le Big Data. L'usage de la donnée dans l'entreprise et sa migration vers les analytics pourraient bien changer la mission du DSI.

Les entreprises s'intéressent de plus en plus au Big Data, redonnant au DSI une place centrale au sein des projets qui se multiplient. Si le numérique empiète sur la responsabilité de la DSI (lire notre article « Record d'optimisme chez les DSI... dans l'ombre envahissante des CDO ! »), le Big Data lui offre l'opportunité de s'imposer sur des projets complexes. Mais le DSI est-il prêt à assumer cette responsabilité ?

La mission du DSI sur le Big Data est multiple. Elle embrasse la demande, les analytics et la restitution de valeur. Elle s'appuie sur des technologies d'infrastructure et de calcul, avec des outils et de nouvelles compétences. Le DSI doit être visionnaire, engager les ressources internes, recruter les bons talents, répondre aux demandes et fournir des moyens aux métiers, être responsable de l'exécution et des résultats. Et penser grand !

Les analystes de McKinsey ont étudié le rôle du DSI associé au big data, dans le but d'exploiter la donnée et les analytiques afin d'apporter à l'entreprise un avantage compétitif. Ils ont identifié quatre rôles critiques que doit embrasser le DSI.

- Le DSI investisseur

Dans ce premier rôle, le DSI est le meneur de jeu et l'arbitre entre les idées et leur entrée en production. Comme tout bon investisseur, il sait repérer les bonnes idées, établir des ponts entre les ressources internes et externes et les technologies, et faire la part entre ce qui relève de l'extravagance et ce qui apporte de la valeur. Les idées émergentes seront incubées afin d'être testées au sein de PoC (Proof of concept), et les meilleurs seront accélérées.

- Le DSI producteur

Le passage de l'idée à la production s'accompagne d'une phase d'adaptation de l'infrastructure Big Data. Cela implique une approche commerciale et marketing de l'offre, afin de comprendre les attentes des métiers et de synthétiser, voire de standardiser les offres. Puis de passer en phase d'ingénierie afin retenir les technologies adaptées et de disposer de la plateforme de gestion de la donnée adéquate. D'adopter une plateforme de supply chain qui prenne en compte l'évolutions des technologies Big Data qui n'en sont qu'à leur début. Sans oublier l'approche économique qui doit viser la profitabilité.

- Le DSI recruteur

Il apparait que la jeunesse des technologies Big Data ne se prête pas au circuit classique du recrutement, qui passe par les services RH. En l'absence actuelle de compétences spécialisées sur les technologies Big Data, le DSI doit faire appel à des compétences pluridisciplinaires, qui associent l'infrastructure, le développement, les statistiques, et l'organisation. Le DSI va donc devoir chercher les talents là où il pourra les trouver, valoriser les missions et les valeurs des projets comme des intervenants afin de ne pas risquer de les perdre, et pour cela créer une structure qui tourne sur une culture non hiérarchique.

- Le DSI patron

La diversité, voir l'hétérogénéité des projets de Big data et des ressources nécessaires pour les mener à bien se traduit par la nécessité de disposer d'une ligne managériale claire et lisible. Et par la présence d'un management qui prend les décisions d'arbitrage entre la demande et la production, tout en assurant la qualité de la donnée et en limitant les risques. Sur un domaine naissant, les changements de cap pourront être fréquents, au travers d'une structuration et d'une direction agile, flexible et dynamique. A commencer par la mise en place ou le renforcement de la gouvernance de la donnée. 

Et les analystes de McKinsey de conclure que le DSI doit devenir le patron de la donnée dans l'entreprise, le coordinateur capable de naviguer dans des environnements complexes et dynamiques. Un rôle qui ne doit pas lui échapper tant les projets de Big Data sont liés au système d'information.