En juillet 2019, Microsoft a eu l’excellente idée d’investir 1 milliard de dollars dans OpenAI pour aider à développer une intelligence artificielle généraliste. Aujourd’hui, l’éditeur de Redmond envisagerait, selon nos confrères américains, d’intégrer ChatGPT dans son moteur de recherche Bing. Si cela se concrétise, Microsoft serait en train de prendre une revanche tardive (plus de 25 ans après) sur Google.

En effet, les plus anciens se souviendront qu’au moment de la généralisation d’Internet, durant la seconde moitié des années 1990, que le géant de l’informatique de l’époque, grâce à sa position dominante sur les OS et la bureautique, a raté plusieurs virages technologiques importants lors de l’avènement d’Internet et des services en ligne. Alors qu’il était dominant dans les domaines applicatifs (OS et bureautique principalement), Microsoft n’a pas su se positionner sur les secteurs émergents qui reposaient sur Internet.

Trop focalisé sur le modèle de vente de licences, l’éditeur n’a pas consenti les investissements nécessaires pour prendre le virage des outils applicatifs et de services en ligne, surtout les outils de navigation et de recherche qui ont fait le succès de Google. Il répétera la même erreur lors de l’avènement des smartphones et des applications mobiles.

C’est ainsi que l’éditeur de Redmond s’est fait distancer. Bing, son moteur de recherche actuel, n’a été lancé qu’en 2009, alors que le marché avait déjà été « préempté » par Google. Certes, il remplaçait Live Search, le moteur qui l’a précédé, mais ce dernier n’a jamais conquis des parts de marché dignes du numéro un du logiciel de l’époque. Il en a été de même lorsque Microsoft a perdu la bataille des navigateurs avec Internet Explorer, devenu Edge entre temps.  

Anticiper les cas d’usage émergents

Aujourd’hui, Microsoft est en position de prendre sa revanche grâce à un investissement effectué en 2019, mais avec l’intention d’enrichir Azure. En effet, l’éditeur de Windows a investi 1 milliard de dollars dans OpenAI pour aider à développer une intelligence artificielle générale (AGI) et l’intégrer dans Azure. Voici ce qu’en disait OpenAI à l’époque :

« Microsoft investit 1 milliard de dollars dans OpenAI pour nous aider à développer une intelligence artificielle générale (IAG) avec des avantages économiques largement distribués. Nous nous associons pour développer une plateforme matérielle et logicielle au sein de Microsoft Azure qui évoluera vers AGI. Nous développerons conjointement de nouvelles technologies de supercalcul Azure AI, et Microsoft deviendra notre fournisseur cloud exclusif. Nous travaillerons donc dur ensemble pour étendre davantage les capacités de Microsoft Azure dans les systèmes d’IA à grande échelle ».

Microsoft veut ainsi profiter de cette IA généraliste pour renforcer sa présence sur les services en ligne destinés au grand public (générateurs de données monétisables, mais pas seulement). Mais, au-delà de cet horizon, Microsoft lorgne également du côté des technologies et des cas d’usage émergents. Au cours de la dernière décennie, les applications innovantes des réseaux de neurones profonds associées à une puissance de calcul croissante ont conduit à des percées de l’IA dans des domaines tels que la vision, la parole, le traitement du langage, la traduction, le contrôle robotique et même les jeux.