Dans une société technologique et industrielle avancée, le métier d’ingénieur a subi une mutation qui l’a petit à petit déclassé. Là où l’automatisation et les compétences algorithmiques permette un haut niveau de sophistication, l’ingénieur est le « nouveau prolétaire » de la société postindustrielle, la société de l’information et des processus automatisés. La crise sanitaire, rapidement devenue une crise économique n’a pas arrangé les choses. Elle a profondément bouleversé le marché du travail, révélant de nouvelles aspirations des talents, qui cherchent à donner plus de sens à leurs vies professionnelles.

C’est ce constat alarmant pour le métier d’ingénieur, et particulièrement d’ingénieur-conseil, que dresse la dernière enquête de Harris Interactive pour le compte de Stedy, le spécialiste des métiers du conseil en ingénierie et technologies. Selon ses conclusions, 30 % des consultants-ingénieurs déclarent ne plus souhaiter exercer ce métier et 33 % sont insatisfaits de leur situation professionnelle, alors même que le sous-effectif d’ingénieurs en France atteint déjà 4 % chaque année, créant un manque à gagner annuel de 500 millions à 1 milliard d’euros pour le secteur. Près de 30 % des personnes interrogées envisagent même de changer de métier. Cette proportion monte à 41 % parmi les consultants salariés évoluant dans l’ingénierie industrielle.

Se sentir utile et intégré aux réflexions

L’enquête met également en lumière le fait que la crise du Covid-19 a joué un rôle important dans la prise de conscience des ingénieurs de leur situation professionnelle. Ils sont 58 % à estimer que la crise a été un élément déclencheur ou un accélérateur de leur aspiration à une meilleure qualité de vie au travail. Ils sont 59 % à déclarer jouir d’une liberté faible ou nulle dans le choix de leurs missions, alors que cet élément est celui qui conditionne le plus leur niveau de satisfaction globale quant à l’exercice de leur métier. En effet, 85 % des consultants ayant un important degré de liberté dans le choix de leurs missions se déclarent satisfaits de leur métier contre seulement 54 % pour ceux n’ayant pas ce privilège.

Parmi les 18-30 ans, 76 % se disent prêts à travailler davantage, si les missions confiées correspondaient à leurs attentes, selon une étude Manpower ViaVoice. Un fort levier d’engagement pour les talents qui reste donc sous-exploité au regard de son potentiel.

Questionnés sur les principaux leviers de leur engagement, l’écrasante majorité des consultants-ingénieurs partage les mêmes valeurs : 94 % ont besoin de se sentir utiles, intégrés aux réflexions et que leur expertise soit reconnue. L’équilibre entre la vie personnelle et professionnelle est également important pour 91 % d’entre eux, alors que 90 % citent « l’autonomie dans l’organisation de son travail » comme condition primordiale pour rester engagés.