Le télétravail reste une véritable pierre d'achoppement entre les salariés et la direction. Deux enquêtes montrent des divergences marquées qui portent sur l’organisation hybride du mode de travail. Un écart qui s’accroit depuis un an.

Pendant les vagues de la crise sanitaire, la question du travail à domicile ou en co-coworking ne se posait pas. Elle resurgit singulièrement à mesure que la pandémie recule. Une étude comparative commandée par le cabinet de conseil Génie des Lieux *, la première en janvier 2021, la seconde un an plus tard, indiquent, notamment, que 81 % des entreprises veulent faire revenir leurs collaborateurs au bureau en 2022. Elles n’étaient que 77 % à l’envisager en 2021. Pour les dirigeants, la tendance est clairement au retour vers le bureau. Le  télétravail dans des espaces de coworking, à proximité du domicile des collaborateurs, n’est pas souhaité pour 71 % d’entreprises en 2022, soit 4% de plus qu’en 2021. De plus, 67 % des organisations de travail ne prévoient toujours pas de consulter les salariés sur l’évolution du travail, contre 61% en 2021. Enfin, 57% des sociétés ne laisseront pas aux collaborateurs le choix de leur lieu de travail soit 5% de plus que l’année dernière.

Côté salariés, le son de cloche n’est pas le même comme l’indiquait notre article sur le télétravail du 11 janvier 2022 citant une étude OpinionWay. Selon cette enquête, alors que la moitié des  dirigeants craignent que leurs employés ne soient pas productifs en télétravail, les trois quarts des salariés considèrent le travail hybride comme un atout pour la compétitivité des entreprises. Marqueur important, ils sont 62% à reconnaitre que la journée de travail classique, de 9h à 17h, n’est plus adaptée. Le principal reproche reste la  perte de temps, en moyenne 5 heures par semaine, dû à des réunions inutiles.

Retourner au bureau mais avec quelle nouvelle organisation ?

Malgré les réticences, les entreprises ont intégré le télétravail dans leur réflexion. Ainsi, plus de 72 % des entreprises envisagent une plus grande proportion de collaborateurs à distance dans le futur, ils étaient déjà 64 % à le penser en 2021.

« Nous sommes passés de l'adaptation forcée à l'anticipation pour demain. Les projections à court terme est une question qui taraude les entreprises. Elles sont en demande d'une expertise pour établir une analyse poussée de leurs activités et penser à la meilleure organisation pour un modèle hybride. C'est seulement après ce travail introspectif que l'on pourra adapter les aménagements et les outils à ces nouveaux modes de travail, et cela clairement, au service de la performance du collectif », commente Romain Millet, Ergonome, directeur New Ways of Working chez Génie des Lieux.

Il n’est pas sûr que les pistes de réflexion des entreprises coïncident avec les aspirations des salariés. Ainsi, la possibilité aux collaborateurs de travailler en tiers-lieux   est avancée par 61 % des sociétés   en 2022. Pour 62 % d’entre elles, la surface de bureau devrait être réduite au minimum. De quoi nourrir utilement, les futures négociations des deux parties.

* A partir des données de  deux sondages effectués en ligne, sur le panel propriétaire BuzzPress France