La proportion de l’effectif féminin dans les entreprises du numérique ne progresse pas en France. Un paradoxe à l’heure où d’après le rapport DESI 2020, 57% des diplômés du supérieur sont des femmes mais seule une sur cinq d’entre elles s’engage dans la filière.
« Selon les métiers de ce secteur, on va retrouver un pourcentage de représentativité féminine entre 15% et 30% * Le problème est significativement le même dans les chiffres au moment des choix d’orientation au Lycée. Les jeunes filles ne sont que 33% à être encouragées par leurs parents pour s’orienter vers une carrière dans le numérique. » rappelle Edouard Bliek, Directeur Général de Stedy, cabinet de conseil en nouvelles technologies. Corollaire de cette faible représentation des femmes dans le secteur du numérique, elles ne constituent que 18,5 % dans les postes à responsabilités (rapport DESI 2020).
Côté entrepreneuriat, la parité n’est pas davantage au rendez-vous « Les femmes à la tête d’une structure de la tech du Next 40 ne représentent que 18% (*AnitaB.org) aujourd’hui, c’est extrêmement faible et éloigné de la parité.» poursuit le dirigeant de Stedy. En France, les réussites entrepreneuriales du secteur sont très rares. A l’image de Céline Lazorthe, qui a créé la plateforme de financement participatif Leetchi en 2009 et l’a revendue en 2015 au Crédit Mutuel, de celui d’Anne-Sophie Pastel qui avait très bien valorisé son portail Aufeminin.com ou encore du succès d’Oriane Garcia, fondatrice de la messagerie Caramail en 2001.
L’étude du collectif Sista publiée en 2021 par le Boston Consulting Group démontre le faible engagement persistant des investisseurs à financer des projets portés par des femmes.
Des pistes pour développer la place de femmes dans le numérique
"Pour inciter plus de filles à aller dans ces métiers, l'une des toutes premières choses, c'est de dire : ce n'est pas tant vous qui avez besoin de ce métier. C'est ce métier qui a besoin de vous : vous êtes attendue, vous êtes espérée, on souhaiterait que vous y soyez plus nombreuses." conseille Isabelle Collet, chercheuse en sciences de l’éducation à l’université de Genève. Un constat partagé par Edouard Bliek qui pointe les enjeux du secteur du numérique : « le problème n’est pas d’arriver à les attirer mais plutôt d’en former plus, pour accompagner les grands enjeux du numérique des 10 prochaines années, car le volume de talents nécessaire entrants sur le marché ne pourra répondre aux attentes que si l’on y trouve plus de femmes. » La filière en plein développement souffre, notamment, d’un manque de développeurs seniors. Pour pallier cette pénurie, poursuit le dirigeant de Stedy :
« Il faut communiquer dans les filières du secondaire sur l’attractivité de ce secteur et le potentiel énorme qu’il regorge dans notre pays pour les inciter à démarrer un cursus ou une reconversion pour celles qui ne se reconnaissent pas dans ce qu’elles font aujourd’hui. Chez Stedy nous faisons le maximum pour essayer d’avoir un ratio se rapprochant le plus possible de la parité, mais c’est très compliqué car le volume de CV est très faible et le marché est de surcroit en tension forte globalement sur nos métiers.»