Qu’ont retenu les médias IT américains de l’élection de notre nouveau Président de la République ? Principalement le MacronLeaks, la nouvelle attaque massive dont a été victime son parti, En Marche. Mais laissons à Quartz le soin de lancer notre étude de la réaction de la presse IT américaine, par ce titre : « La victoire d'Emmanuel Macron est la dernière d'une série de bonnes nouvelles pour l'Europe ».
La presse IT américaine ne s’est pas enflammée pour les élections françaises. Tout juste l’a-t-elle suivie par son petit bout de la lorgnette. Ce qui se traduit par un focus sur l’attaque massive dont a été victime En Marche, le parti du candidat. Rappelons à ce propos qu’à deux jours du dernier tour, 9 Go de données, dont les mails et les photos des collaborateurs du candidat, ont été publiés sur un forum. Et une rumeur est née sur un compte bancaire secret aux Bahamas. Mais la loi française interdisant aux médias d’évoquer les élections dans la période qui précède le vote, ces pratiques et fausses informations de dernière minute n’auront eu qu’une influence négligeable…
De nombreux raccourcis ramènent aux dérives des élections américaines à l’automne dernier, citées dans quasi tous les articles. Et l’un des principaux porte évidemment sur le rôle de la Russie dans ces actes de piratage. Si celui-ci semble acquis, beaucoup regrettent qu’aucune preuve ne vienne le confirmer ! Une attitude à laquelle n’adhère pas Forbes, qui n’hésite pas à citer FireEye pour pointer les « pirates du Comité national démocratique » connus sous les noms APT28 et Fancy Bear.
Sur Infoworld, c’est la technique employée par les équipes du candidat qui ont été retenues comme autant d’idées sur la façon de combattre l'hameçonnage ciblé et d'autres attaques. La principale différence entre la campagne américaine et celle qui vient de se terminer en France est que les équipes du candidat Macron étaient préparées à ces attaques… La journaliste d’Infoworld met en avant la cyberdéception, une technique qui laisse la main aux défenseurs en leur permettant de décider quels types d’informations seront laissées accessibles, voire en dirigeant les attaquants vers ces données qui ne sont pas considérées comme sensibles.
Quant à la revue technologique du MIT, elle se contente de constater que le hacking des élections commence à ressembler à une nouvelle normalité…
La France, l’Europe et la Russie
Le caractère pro-européen du candidat n’a pas échappé aux média IT. Qui soulignent, comme Quartz, qu’après un certain dédain des dirigeants de l’Union européenne durant sa campagne, tous se sont mis en ordre pour changer d’attitude, d'abord pour inviter à barrer la route à son opposante, et maintenant pour lui faire la cour.
Le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, un partisan de Macron, n’a pas manqué de fustiger la France pour ses dépenses excessives. « Nous avons un vrai problème avec la France. Les Français dépensent trop d'argent et le dépensent sur les mauvaises choses ». Quant au vice-président de la Commission, Jyrki Katainen, il s’en est pris au « Buy European Act » du programme du candidat, qui propose de n’ouvrir les marchés publics qu’aux entreprises ayant au moins la moitié de leurs activités en Europe, avertissant que l'UE ne pouvait pas se permettre ce genre de « règle artificielle ». Et aux Etats-Unis, où la mesure existe ?
Coté Russie, la presse IT US, une fois passées les diatribes sur le rôle des hackers russes dans les attaques, a retenu l’ouverture du discours de Vladimir Poutine dans son message de félicitation au nouveau Président. « Les citoyens de France vous ont fait confiance en vous plaçant à la tête du pays à un moment difficile pour l'Europe et l'ensemble de la communauté mondiale. (…) Il est temps de surmonter la méfiance mutuelle et d'unir nos efforts pour assurer la stabilité et la sécurité internationale. »
Le Président et la finance
Chez Forbes, on pose la question de l’effet de l’élection sur les Fintech en France ? Sont pointés, sans surprise, le passé de banquier du Président, puis son passage au ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, et sa promesse de consacrer 50 milliards d’euros aux mesures environnementales, à l'apprentissage, aux infrastructures publiques et à l'innovation numérique. Les Fintechs françaises vont-elles profiter de cette manne ? « Comment les Fintechs peuvent-elles rester crédible si elles demandent une concurrence ouverte et équitable tout en se précipitant vers l'Etat pour demander des fonds ? », se demande-t-on de l’autre côté de l’Atlantique, avec un peu de mauvaise foi, quand même !
Toujours chez Forbes, on souligne que le candidat Macron avait rencontré la Première ministre britannique Theresa May. Mais surtout que le candidat aurait indiqué son intention de prendre des initiatives pour attirer banques, talents et startups… « De nombreuses Fintechs réglementées par la Financial Conduct Authority au Royaume-Uni sont susceptibles de se déplacer vers des pays comme le Luxembourg, l'Irlande et Malte, et même la France. (…) 2017 sera l'année qui marque le début de l'exode Fintech du Royaume-Uni », peut-on lire.
Rien ne sera plus comme avant…
Chez TechCrunch, on n’hésite pas à titrer « Emmanuel Macron et comment les campagnes politiques ne seront plus jamais les mêmes ». Traduisons par : « La technologie a profondément changé la politique ». Chaque grande campagne apporte son lot de changements. Barack Obama a utilisé les Big Data et le micro-ciblage dans sa campagne 2008. Ensuite, les réseaux sociaux sont devenus un excellent moyen pour envoyer des messages directement aux électeurs. Mais les campagnes politiques de 2016 et 2017 ont été quelque chose de tout à fait différent.
Le journaliste de TechCrunch a tenu à souligner le rôle des trolls et leur influence sur les résultats des élections. Tout en rappelant que les équipes de campagne sont aujourd’hui informées de ces pratiques. Mais peut-être certaines d’entre elles seront tentées d’utiliser ces mêmes artifices qu’elles condamnent ? Et le journaliste d’inviter les grands supports de ces dérives, à commencer par Facebook, à je cite « fixer l'Internet avant qu'il ne salisse complètement notre cerveau de singe stupide » !
Et maintenant ?
Nous avons ouvert notre article par le titre optimiste de Quartz, concluons par un extrait de ce même article : « La victoire de Macron est la dernière d'une série de bonnes nouvelles pour le projet européen. Les dirigeants du bloc de croissance économique et inhabituellement unis n’auront pas à affronter tous les scénarios apocalyptiques dérivés du populisme de style Trump qui déferlent sur l'Europe ». Economiquement, l’élection du nouveau Président français, considéré de l’autre côté de l’Atlantique comme un progressiste pro-européen, est considérée comme un signe positif. Et elle intervient au moment où les taux de croissances des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne ont chuté en deçà des prévisions…
Tous les regards, et un peu ceux de la presse IT américaine, vont maintenant se tourner vers le Royaume-Uni et l'Allemagne, dont des élections sont prévues respectivement les 8 juin et 24 septembre.
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