Le gouvernement japonais a récemment déclaré la guerre aux disquettes. Abandonnée par le reste du monde depuis des années, cette technologie a perduré au Japon, malgré la présence de géants mondiaux de la technologie adeptes de solutions plus modernes. Le fait que le Japon s’accroche à la disquette nous enseigne un élément important : l’existence d’infrastructures existantes et les processus lourds peuvent survivre dans n’importe quelle situation, pouvant peser sur l’efficacité et le chiffre d’affaires de n’importe quelle entreprise.

Au cours des dix dernières années, de plus en plus d’entreprises ont adopté le cloud pour leurs besoins informatiques et de stockage de données. En effet, selon le rapport annuel « State of the Cloud » de Flexera, 91 % des entreprises utilisent déjà le cloud d’une manière ou d’une autre.

Ainsi, si une entreprise fait partie de cette majorité et utilise plusieurs services cloud, ces avantages s’accompagnent de complexité. Les entreprises qui utilisent des environnements multiclouds – combinant des clouds privés, publics et hybrides dans la même architecture informatique – peuvent faire face à d’importants problèmes de gestion des données, simplement parce qu’elles ont intégré le cloud dans leur workflow. Une étude de Gartner de 2021 indique que les dépenses cloud mal gérées deviennent rapidement incontrôlables : en 2024, 60 % des responsables d’infrastructure et des opérations seront confrontés à des dépassements de coûts liés aux clouds publics, entraînant un impact négatif sur leurs budgets sur site. Face à la conjoncture actuelle, les entreprises doivent prendre les devants et contrôler leur environnement multicloud.  

Réduire les dépenses cloud incontrôlables

Les budgets de nombreuses entreprises ont été réduits ces dernières années : dans un premier temps du fait de la pandémie de la COVID, puis maintenant l’inflation, la crise énergétique et le spectre d’une récession. Il n’est pas étonnant que la question de la gestion des données et du cloud soit mise de côté, voire négligée, dans le contexte actuel. Cela engendre également un coût grandissant.

Selon une étude d’IDC, seulement 32 % des données à disposition des entreprises seraient mises à profit. À une époque où les données stimulent l’innovation, cette information peut sembler paradoxale. Mais c’est là que réside le cœur du problème : les entreprises génèrent plus de données que jamais, celles-ci pouvant stimuler la croissance de leur chiffre d’affaires. Mais il s’avère qu’elles sont difficiles et coûteuses à stocker, à déployer et à utiliser lorsqu’elles sont réparties entre plusieurs clouds publics, privés et hybrides.

Un récent rapport sur la maturité et complexité du multicloud expose en détail les coûts imprévus auxquels les entreprises sont confrontées, en raison d’une mauvaise gestion des données multiclouds. Elle indique que 88 % des entreprises sont entravées par les coûts de conservation des données. Par ailleurs, jusqu’à 81 % d’entre elles encourent des coûts imprévus dûs au téléchargement de leurs propres données à partir d’un cloud. Imaginez payer un supplément chaque fois que vous regardez une série via un service de streaming auquel vous êtes déjà abonné !Ce modèle est celui de nombreux fournisseurs de services de cloud public, soulevant les questions suivantes : comment les entreprises peuvent-elles budgétiser leurs dépenses, dans ce type de cas ? Comment les DSI peuvent-ils justifier le stockage de ces données ?  

Des nuages à l’horizon : pas une tempête, mais une opportunité

Cependant, les entreprises ont conscience qu’une meilleure utilisation des ressources peut améliorer les résultats. À mesure qu’elles se développent, leurs besoins en matière de données et les coûts encourus augmentent. Le rapport précédemment mentionné montre que les entreprises ayant mis en place une stratégie multicloud plus mature sont cinq fois plus susceptibles de dépasser leurs objectifs de chiffre d’affaires de 10 %. Une approche multicloud est le meilleur moyen de libérer cette valeur et de stimuler l’innovation si la bonne stratégie est en place.

En conséquence, une stratégie définie de gestion des données s’impose. Cela implique différentes notions en fonction des entreprises. Il peut s’agir de créer un département Opérations financières et cloud au sein-même de leur organisation pour favoriser la collaboration entre les équipes en charge des technologies, des opérations et des finances. Cela peut également concerner l’élaboration d’un nouveau plan de gouvernance pour gérer les multiples prestataires et fournisseurs de services cloud, et ainsi aider à maîtriser les coûts. Il peut également s’agir de contrôler les caractéristiques des applications en cours d’exécution dans l’environnement de données, pour s’assurer de leur bon fonctionnement. Par ailleurs, les entreprises peuvent utiliser des outils tiers de gestion des dépenses cloud pour éclairer chaque décision de déploiement, et augmenter la part d’automatisation dans le but de réduire la charge de travail du personnel.

Avec la bonne stratégie, chaque DSI peut configurer son environnement multicloud de manière à ce qu’il réponde aux besoins spécifiques de son entreprise. Par exemple, une entreprise du secteur des médias et du divertissement peut avoir besoin d’un environnement multicloud offrant plus de fonctionnalités en termes de facilité de transfert et d’accès à distance, pour l’édition et la postproduction. Un centre de recherche peut, de son côté, opter pour des fonctionnalités plus étendues en matière d’espace de stockage, mais aussi de capacité de traitement.    

Le multicloud pour avancer

Ainsi, l’environnement multicloud de toute entreprise est probablement à revoir; il engendre trop de coûts, pose des problèmes de complexité et ralentit le transfert des données, tout comme le travail des employés. Cette situation ne devrait malheureusement pas s’arranger : IDC estime que la data sphère mondiale atteindra 221 Zo en 2026.

Heureusement, nous n’avons pas encore atteint un point de non-retour. Les entreprises doivent se concentrer sur leurs processus de gestion des données, car les volumes vont augmenter de manière exponentielle. Dans le cas contraire, les entreprises risquent de laisser passer l’opportunité de réduire les coûts et de se développer. À une époque où chaque centime compte, il semble nécessaire de réduire les coûts des données en conséquence.

Par Pierre van der Elst, Senior Vice-président des canaux de distribution monde chez Seagate Technology