En avril dernier, le congrès Data Cloud réunissait les leaders internationaux de l'industrie des centres de données à Monaco. Une conversation clé a eu lieu sur le développement durable et sur l’avenir des installations. Cependant, comment opérer une telle transition dans un monde en perpétuelle évolution et de plus en plus numérisé ? Selon Tom Kingham, directeur de l'ingénierie des solutions chez CyrusOne, il faut commencer par « faire ce qui est juste plutôt que ce qui est nécessaire ».

Les centres de données, souvent peu connus du grand public, sont devenus un élément indispensable de la société. Ils fournissent aux gouvernements et aux organisations la capacité de calcul, de stockage et de réseau nécessaire pour fournir leurs données, services et applications, tout en offrant la protection d'une sécurité avancée - mais pas seulement. Ils permettent également aux consommateurs de tous les jours de faire des achats en ligne, de travailler à domicile et d'accéder à distance à des services éducatifs, bancaires et à certains services de santé. Aujourd'hui, il existe environ 7,2 millions de centres de données dans le monde pour répondre à cette demande. Face à une stratégie globale en faveur de la réduction de la consommation d'énergie avec l'objectif « net zéro », l'industrie innove et développe en permanence de nouvelles technologies pour y parvenir. Les leaders du marché se consacrent à l'invention, à la recherche et à la création de nouvelles opportunités.

Les défis actuels des centres de données

Les acteurs européens du marché des data centers sont contraints de repenser leurs opérations actuelles, du système de refroidissement de l'eau à la consommation d'énergie. Les data centers locaux vont devoir s'aligner en faveur de la décision de l'Union européenne d'atteindre la neutralité carbone d'ici à 2030. Soit 7 ans pour changer et réinventer un secteur en évolution constante. Ces actions sont indispensables et représenteront bien évidemment un coût, toutefois est-ce vraiment une préoccupation ? Pour Tom Kingham, nous devrions « faire ce qui est juste plutôt que ce qui est nécessaire. Nous devrions moins nous préoccuper du coût, mais veiller davantage à être de bons gardiens de notre planète et repenser les ressources consommées dans les installations. Le coût de l'absence de développement durable est plus élevé que le coût du développement durable. »

À l'heure actuelle, le plus grand défi ne consiste pas à obtenir des résultats plus durables, mais plutôt à démontrer que c'est le cas. L'industrie mesure sa consommation d'énergie à l'aide d'un indicateur appelé Power Utilisation Effectiveness (PUE), qui est exprimé sous forme de chiffre et représente le ratio de la puissance totale de l'installation divisée par la quantité d'énergie utilisée pour alimenter le matériel et les systèmes. Plus un centre de données est efficace, plus son score PUE est bas, pouvant aller de 3,0 à 1,2. Si le score d'un data center est supérieur à 2,0, cela signifie que ce dernier utilise plus d'énergie pour soutenir son infrastructure centrale qu'il n'en fournit à ses équipements TIC de première ligne.

L'importance de se responsabiliser et de se fixer des objectifs clairs

Bien que de nombreux outils et solutions ont été créés pour soutenir les acteurs de l'industrie, tout a commencé par la définition d'objectifs clairs et tangibles. Interrogé sur l'adoption d'une approche globale, Tom Kingham a déclaré que « d'un point de vue concurrentiel, il s'agit de se fixer les mêmes objectifs, tels que ceux mis en avantdans le Climate Neutral Data Centre Pact (CNDCP). C'est un bon début et, dans une certaine mesure, cela supprime l'élément de coût de l'investissement dans le développement durable puisque tout le monde est sur le même terrain. »

Face à l'intérêt croissant des leaders du marché en Europe et à leur volonté d'unir leurs forces pour atteindre la neutralité climatique d'ici 2030, le CNDCP a été créé en janvier 2021. Le pacte a une portée globale, couvrant l'efficacité énergétique, l'eau, l'énergie propre, l'économie circulaire et la récupération de chaleur, avec des centres de données adhérant volontairement pour contribuer aux objectifs du Green Deal européen. Tous les opérateurs de data centers membres du Pacte sont tenus de vérifier leur conformité aux objectifs du Pacte en utilisant des données collectées entre le 1er janvier et le 31 décembre suivant le premier anniversaire de leur adhésion. Le processus d'audit garantit que les membres du Pacte fournissent une vérification indépendante qu'ils respectent leur engagement à rendre les centres de données neutres sur le plan climatique d'ici 2030.

Former les autres et travailler ensemble

Au-delà de la création de mesures et d'objectifs, il est essentiel de former les autres. Au niveau de la communauté, il est primordial de travailler ensemble et de trouver des alternatives qui bénéficient à tous. Selon Tom Kingham, « ce qui compte, c'est ce que les centres de données peuvent apporter à l'environnement local, comme la réutilisation de la chaleur pour le chauffage résidentiel et les piscines ».

Du point de vue de l'industrie, c’est savoir tirer des leçons de chaque expérience rencontrée : « L'idée est que tout ce que nous apprenons dans chaque pays nous serve pour la création d’un plan d'action global. Même s'il s'agit d'un petit espace vert, comment pouvons-nous le rendre utile ? Un plan global se développe grâce aux expériences et leçons apprises : les réussites et les échecs. »

Par Tom Kingham, Director Solutions Engineering chez CyrusOne