Si cloud se veut le grand gagnant de la crise du COVID-19, les DSI seront-ils les grands perdants ? L’accélération du recours au cloud provoque aussi l’accélération des défis qu’il pose. 

Le COVID-19 et la quarantaine qui s’en est suivie ont su se poser comme un véritable accélérateur de tendance dans de nombreux secteurs de l’économie. Parmi celles-ci on trouve, la cloudification des charges de travail afin de permettre le télétravail et les plans de continuité d’activités (PCA).

Il y a dix ans, une application cloud-native semblait hors de portée et le cloud était traditionnellement utilisé pour le stockage. Depuis, en grande partie grâce à sa flexibilité, son évolutivité et sa facilité d'utilisation, le cloud a gagné en popularité. Il est devenu la norme pour une entreprise de conserver au moins une partie de ses systèmes, applications et charges de travail critiques dans le cloud et avec l'accélération de la transformation numérique, de plus en plus d'applications deviennent même cloud-native. C’est cette tendance-là que le COVID-19 accélère.

Mais cette tendance, même avant le COVID-19, n’allait pas de soi et venait avec sa part de problèmes. Il convient également de nuancer l’idée d’une croissance du cloud pour plutôt parler de croissances. Le confinement a créé une accélération de ces tendances, mais aussi des défis qu’elles posaient, et les DSI se doivent de réconcilier urgence et nécessité.

Une mutation vers le cloud engagée de longue date qui était déjà source de défis

Aujourd'hui, le cloud est utilisé dans presque tous les secteurs d'activité, mais sa croissance rapide a créé un déficit de compétences entre ce que les professionnels de l'informatique savent déjà et ce qu'ils doivent apprendre pour gérer un environnement cloud. La complexité est un problème récurrent qui préexiste au COVID-19. Ces déficits venaient comme renforcer des éléments techniques inhérents au cloud qui comptaient déjà parmi ses désavantages.

En hébergeant des infrastructures dans le cloud les entreprises s’exposaient à des problèmes de latence et à une faible capacité en matière de connectivité qui pouvaient ralentir les opérations. Le cloud est aussi synonyme d’une très forte dépendance à internet avec les différents risques de cybersécurité que l’on connait maintenant. À ces problèmes, s’ajoutait la question du prix, car les couts du cloud dépassent souvent la simple location d’un espace. Aux couts de location il fallait ajouter ceux facturés pour déplacer, accéder ou récupérer des données dans un cloud public.

La croissance de la part du cloud n’était donc pas toujours source de simplicité pour les DSI qui voyaient des budgets parfois s’envoler et des déficits techniques se creuser.

Pre-COVID : plus qu’un mouvement vers le cloud, des mouvements vers des clouds

Derrière cette véritable course au cloud, se dessine bien souvent un parcours plus nuancé. Au cours des dernières décennies, l’évolution vers le cloud s’est vue accompagnée d’une diversification des différentes offres cloud.

En plus des différents types de clouds, se dégageaient aussi différents types de services associés. Les principaux étaient le SaaS (Software as a Service), le PaaS (Platform as a Service) et le IaaS (Infrastructure as a Service) ou le MBaaS (Mobile Backend as a Service). Tout cela formait une mosaïque qui à chaque fois s’ajoutait aux défis que devaient surmonter les équipes techniques. Les DSI étaient confrontés à une multitude d’offres cloud, chacune avec ses spécificités.

Cette multiplicité des tendances et des défis ne s’est pas juste vu accélérer par le confinement, mais aussi imposée comme une nécessité pour les entreprises. Il n’y aura pas de retour en arrière et on ne saurait trouver ça plus mauvais – la digitalisation ne pouvait pas plus longtemps être une option. Mais se pose alors un dilemme entre urgence et nécessité. Le cloud est certes autant une nécessité qu’une urgence pour nombre d’entreprises, mais les problèmes qu’il pose et leur résolution sont autant de nécessités et d’urgences. 

Réconcilier urgence et nécessité avec le cloud hybride

Pour réconcilier ces urgences, les experts IT doivent s'attaquer à la complexité du déploiement d'une infrastructure hybride et multicloud, mais aussi accorder une plus grande attention à la sécurité du cloud et à la réduction des temps d'arrêt. Ce sera d’autant plus faisable que de grands acteurs comme Microsoft, Google et Amazon affinent leurs technologies de cloud computing.

Au fur et à mesure que les entreprises optent pour une formule hybride et améliorent leur résilience, ils pourront aussi intégrer des services supplémentaires dans le cloud, notamment des options de reprises après sinistre. Aujourd’hui les entreprises ne tolèrent plus ni pannes ni temps d’arrêt et souhaitent aussi créer une distance entre les données primaires et secondaires.

Bien que le cloud ait connu une croissance rapide au cours des dix dernières années, nous sommes loin d'avoir atteint le sommet de ses capacités et ses défis sont encore nombreux. Au cours de la prochaine décennie et avec la multiplication des défis, les entreprises se tourneront de plus en plus vers des solutions hybrides qui leur permettront de contourner les différents défis qui se poseront à elles.

Par Ronan Moreau, Territory Account Manager France Chez Arcserve