À l’heure où les tensions géopolitiques et les rapports de force technologiques s’intensifient, la notion d’autonomie numérique s’impose plus que jamais comme une priorité stratégique pour les États, les entreprises et les citoyens. Les récentes déclarations de Donald Trump, affirmant qu'il n’hésiterait pas à restreindre l’accès des entreprises étrangères aux technologies américaines, illustrent à quel point la dépendance à des acteurs extranationaux peut devenir un risque majeur.

Loin d’être une simple question de compétence technologique, l’autonomie numérique conditionne la souveraineté économique, la sécurité des données et la liberté d’innovation. Dans ce contexte, les technologies open source se révèlent être un levier incontournable pour renforcer cette indépendance et garantir un écosystème numérique plus résilient.

L’autonomie numérique : un enjeu vital pour les organisations

L’autonomie numérique d’une organisation repose sur sa capacité à développer des compétences, des infrastructures et des outils qui garantissent un contrôle total et maîtrisé de ses systèmes informatiques et ses données. Dans un paysage dominé par quelques grands acteurs technologiques mondiaux, elle est fréquemment menacée par la dépendance aux technologies étrangères exposant les organisations à des risques multiples. Parmi eux, on peut citer la perte de souveraineté, une non-conformité réglementaire, une vulnérabilité accrue aux cyberattaques, l’exploitation des données sensibles par des acteurs étrangers ou encore le risque de blocage technologique rendant difficile ou coûteux tout changement de solutions.

L’open source au service de la souveraineté

Les technologies open source jouent un rôle clé dans la réduction des dépendances technologiques en offrant aux utilisateurs un accès libre au code source, qu’ils peuvent modifier et redistribuer. Cette flexibilité permet de personnaliser et d’adapter les solutions logicielles selon les besoins spécifiques, tout en évitant le verrouillage imposé par des fournisseurs tiers. Cette approche offre aux organisations les moyens de prendre et de garder le contrôle de leur infrastructure numérique, favorisant la création d’un écosystème durable, autonome et souverain.

Le rôle de l’open source comme vecteur clé de l’autonomie numérique s’illustre
à plusieurs niveaux :
  1. Contrôle et transparence : Avec l’open source, les organisations peuvent examiner le code source, vérifier son intégrité et le modifier pour répondre à leurs besoins spécifiques. Cela leur apporte une maîtrise complète de leurs outils technologiques.

  2. Indépendance vis-à-vis des fournisseurs : En optant pour des solutions open source, les entreprises et les États s’affranchissent des écosystèmes propriétaires qui peuvent imposer des restrictions d’usage ou des coûts élevés.

  3. Innovation collaborative : L’open source favorise la mutualisation des efforts de recherche et de développement. Des milliers de développeurs dans le monde entier contribuent à l’amélioration des outils open source, permettant une innovation
    rapide et collective.

  4. Cybersécurité renforcée : La transparence du code permet une détection plus rapide des vulnérabilités et un renforcement proactif de la sécurité.

Le rôle de la qualification SecNumCloud

En tant que référentiel de sécurité pour les services cloud en France, la qualification SecNumCloud délivrée par l’ANSSI (Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information) s’intègre dans une stratégie d’autonomie numérique en offrant un cadre sécurisé et fiable pour la protection des données sensibles. En favorisant l’utilisation de services cloud conformes à des critères rigoureux tels que définis par l’ANSSI, la qualification SecNumCloud réduit les risques liés à la dépendance envers des prestataires étrangers et renforce le contrôle national sur les infrastructures stratégiques.

Dans un monde où les rapports de force technologiques deviennent géopolitiques, choisir l’open source pour renforcer l’autonomie numérique n’est pas qu’une décision technique : c’est un acte stratégique et souverain. Alors que les menaces de restrictions technologiques mettent en évidence la fragilité d’une trop grande dépendance aux acteurs étrangers, il devient impératif de reprendre le contrôle de notre destin numérique. Pour y parvenir, une mobilisation collective est nécessaire : politiques publiques, entreprises et société civile doivent unir leurs forces pour promouvoir et adopter des solutions open source. C’est ainsi que nous construirons un écosystème numérique résilient, sécurisé et véritablement indépendant.

Par Oliver Hellawell, Responsable secteur OIV et OSE chez NumSpot