L’industrie vit une révolution technologique majeure avec l’émergence de l’Industrie 4.0, marquée par la convergence des standards industriels traditionnels et des technologies numériques. Dans ce contexte, les entreprises françaises avancent en ordre dispersé.

L'industrie traverse une mutation profonde marquée par la convergence entre les standards industriels traditionnels et les technologies numériques de l'informatique. Ce changement, souvent désigné par le concept d'Industrie 4.0, ou de convergence IT/OT, s'accompagne d'enjeux majeurs tels que l'intégration de l'intelligence artificielle, l'automatisation, et la gestion des données à grande échelle. Les entreprises industrielles doivent composer avec des contraintes économiques, organisationnelles et techniques : modernisation des infrastructures, gestion des coûts, montée en compétences,
et gestion de la transition écologique.

Ce contexte technologique redéfinit les priorités stratégiques, mettant en lumière la nécessité d’une approche agile et d’investissements ciblés pour maintenir leur compétitivité. L’édition 2024 du Baromètre Wavestone de l’Industrie 4.0 met en lumière l’état de maturité des entreprises françaises face aux défis de la digitalisation, de l’utilisation de la data, et de la transition écologique.

La maturité globale progresse de 8 % en un an

Selon l’étude, 66 % des entreprises interrogées se considèrent matures dans leur adoption des solutions d’Industrie 4.0, marquant une progression de 8 % par rapport à 2023. Cependant, cette maturité est inégalement répartie entre les petites et moyennes entreprises (PME) et les grands groupes. Les PME peinent à suivre le rythme en raison des coûts élevés liés au renouvellement des infrastructures et des logiciels obsolètes. Seulement 21 % des entreprises estiment que leurs infrastructures sont pleinement adaptées à la transformation digitale, un recul de 6 % depuis 2023.

L'étude révèle une amélioration notable des compétences en gestion des données : 77 % des entreprises se disent matures sur cet aspect, une hausse de 24 % par rapport à l’année précédente. La gestion des données est devenue un pilier stratégique, soutenant l’intégration de l’IA pour optimiser les processus industriels. Pas moins de 81 % des entreprises estiment exploiter leurs données de manière suffisante pour les intégrer à l’IA, bien que l’usage de l’IA générative demeure marginal, limité à 1 % des entreprises. Néanmoins, les grands groupes sont plus avancés, 36 % étant en phase d’expérimentation contre seulement 10 % pour les PME et ETI.

Une dynamique positive mais hétérogène

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) connaît un regain d’intérêt indéniable selon l’étude. Celle-ci indique que 44 % des entreprises ont entamé des plans d’action RSE (+14 % par rapport à 2023), avec une nette avance des grands groupes (50 %). Cette transition se traduit par le déploiement de solutions pour mesurer l’impact carbone et optimiser la consommation énergétique. Avec 69 % des entreprises adoptant des solutions de suivi énergétique, l’efficacité énergétique apparaît comme un enjeu central, particulièrement dans un contexte d’inflation des coûts énergétiques.

L’étude met en évidence une dynamique positive mais hétérogène dans l’adoption de l’Industrie 4.0. Les grandes entreprises tirent leur épingle du jeu grâce à des capacités d’investissement plus importantes, tandis que les PME et ETI doivent surmonter des défis structurels. L’exploitation des données et l’intégration de l’IA apparaissent comme des axes majeurs, bien que leur déploiement reste limité dans certaines technologies avancées comme l’IA générative.

Dans un contexte économique complexe, les priorités se recentrent sur des projets à fort retour sur investissement, conclut l’étude. Parallèlement, les initiatives RSE prenant de l’ampleur, reflètent une évolution vers une industrie plus durable et responsable. Pour rester compétitives, les entreprises doivent miser sur la formation, l’innovation, et des partenariats stratégiques afin d’accélérer leur transformation numérique tout en se conformant aux exigences écologiques et sociétales croissantes. En somme, l’Industrie 4.0 n’est plus une vision future, mais une réalité qui impose une réinvention stratégique des modèles industriels, où les entreprises doivent faire avancer simultanément
technologie et durabilité.