Optimiser l’existant
La mauvaise utilisation des actifs informatiques, notamment des serveurs inactifs ou sous-utilisés, constitue l’une des principales sources énergivores dans un data center. Il semble donc essentiel que les entreprises réalisent un audit complet de leur environnement informatique afin d'identifier les équipements les plus énergivores et peu performants.En remplaçant ces équipements par des solutions modernes et plus efficaces sur le plan énergétique, il est possible d'améliorer l'efficacité opérationnelle, d'optimiser la gestion thermique et le refroidissement, et de rationaliser l’utilisation de l’espace.
L’autre façon d'optimiser un data center est de tirer le meilleur parti de sa propre infrastructure. Une optimisation qui nécessite une planification minutieuse et un déploiement plus réfléchi et durable d'autres composants, qui prennent également en compte l'alimentation, les éléments thermiques et le refroidissement.
Enfin, les technologies d'automatisation et d’intelligence artificielle sont essentielles car elles simplifient voire suppriment la nécessité d'une intervention humaine dans la gestion de l'énergie. Elles contribuent en effet à réduire la consommation d'énergie pendant les heures creuses et à identifier plus rapidement les problèmes de performance énergétique.
Faire plus avec moins
La croissance exponentielle des données traitées par les entreprises entraîne inévitablement une augmentation des coûts et une complexité des environnements de stockage. La consolidation du matériel IT existant est l'un des meilleurs moyens de réduire l’empreinte carbone des data centers.Les data centers et les sites distants sont en effet confrontés à la prolifération et à la gestion du stockage, à l'augmentation des coûts d'exploitation, et aux problématiques de protection des données. Ainsi, en regroupant les données critiques dans des architectures centralisées, les entreprises peuvent réduire le coût total de possession en diminuant la consommation d'énergie et la densité de calcul, tout en préservant l'environnement.
Les entreprises peuvent également adopter des modèles as-a-service et des solutions à la demande. Non seulement ces approches évitent le gaspillage en ne consommant que ce qui est nécessaire, mais elles permettent également d’ajuster à tout moment la capacité en fonction des besoins. Cette flexibilité contribue à réaliser des économies d'énergie et améliorer l'efficacité générale de l’infrastructure.
IA et Sobriété
L’engouement actuel pour les solutions d’IA génératives et l’utilisation de LLMs* disposant de toujours plus de paramètres peut donner naissance à des environnements matériels extrêmement consommateurs. Il convient donc d’adopter une démarche responsable en optant pour des modèles de plus petites taille, ciblés sur les besoins propres (on commence à parler de SLMs*) sans sacrifier l’efficacité opérationnelle* LLM : Large Language Model
* SLM : Small Language Model
Se tourner vers des ressources éco-responsables
L’utilisation de matériaux déjà existants, qui n'épuisent pas de ressources naturelles supplémentaires et émettent moins de gaz à effet de serre lors de la production et pendant le cycle de vie du produit est une alternative de plus en plus recherchée et privilégiée dans le secteur de l’IT.L'innovation dans le domaine de nouveaux matériaux plus respectueux de l'environnement contribuera à rendre l'informatique plus durable. Une initiative immédiate consiste à promouvoir un processus de conception qui fonctionne comme un modèle en boucle fermée, favorisant la réutilisation des produits et des matériaux aussi longtemps que possible.
L’amélioration des Datacenters ou plus généralement des bâtiments pour une utilisation d’énergies durables permet d’optimiser le bilan environnemental. Que ce soit pour le fonctionnement ou pour les le refroidissement des équipements.
Recycler et réutiliser
Selon les Nations unies, 57,4 millions de tonnes de déchets électroniques ont été produits dans le monde en 2021. Les taux de recyclage restent faibles : au sein de l'Union européenne (qui occupe la première place mondiale en matière de recyclage des déchets électroniques), seuls 35 % des déchets électroniques sont officiellement déclarés comme étant correctement collectés et recyclés.En améliorant et en augmentant le nombre de services de réparation, de récupération et de réutilisation proposés aux consommateurs et aux entreprises, il est alors possible d’exploiter davantage de technologies devenues obsolètes et de prolonger la durée de vie des produits et des matériaux.
En revanche, les alternatives durables ne seront pas disponibles pour chaque ligne de production, il est donc essentiel que le recyclage et la réutilisation soient effectués de manière cohérente. Par exemple, le plastique recyclé et les plastiques provenant des océans peuvent être incorporés dans les emballages et les produits. De même, les déchets électroniques, riches en métaux et des minéraux précieux, représentent une source importante de matières premières.
Néanmoins, l’impact carbone étant principalement constaté lors de la fabrication, il est essentiel de maximiser la réutilisation de pièces détachées manufacturées dans un premier temps avant d’en arriver à leur démantèlement. Il convient donc d’etre capable d’estimer l’état d’usure ou la durée de vie restante de chacun de ces éléments manufacturés et d’en faciliter le démontage et le remplacement.
Contourner l’obsolescence
Bien que la qualité des réparations et l’adoption de pratiques de conception durable contribuent à accroître la longévité des équipements, il est fréquent que les utilisateurs les remplacent rapidement lorsqu'un modèle plus performant est disponible à un prix réduit ou offre des fonctionnalités améliorées.Pour garantir une utilisation prolongée de chaque équipement, les fabricants doivent veiller à ce que le matériel puisse être facilement mis à niveau pour répondre aux besoins futurs, et à ce que les mises à jour du micrologiciel et de la sécurité soient également disponibles en dehors d'un contrat de service existant.
La réparation d'un équipement prolonge sa durée de vie, il est donc crucial que les composants puissent être facilement remplacés, que les manuels soient accessibles et compréhensibles, et que les pièces détachées et les garanties soient disponibles dans les meilleurs délais.
La réparation des équipements visant à prolonger la durée de vie et la réutilisation des matériaux dans ce processus sont des éléments essentiels de l'économie circulaire. Cette approche gagne du terrain dans l’IT et apparaît comme une alternative et une solution adaptable.
La technologie a le potentiel de contribuer à la réalisation d’objectifs concrets de durabilité. En adoptant une stratégie informatique durable, les entreprises peuvent véritablement ouvrir la voie vers un avenir plus prospère et respectueux de la planète.
Par Sébastien Verger, CTO chez Dell Technologies