Déjà condamné par la cour d’appel de Paris en 2016 pour mauvaise foi et déloyauté dans le cadre d’un litige l’opposant à l’AFPA, Oracle suscite à nouveau l’ire de ses clients. L’objet de cette colère porte sur les nombreux audits de l’éditeur américain sur la conformité des licences Java et leurs tarifs jugés excessifs. L’étude ITAM/SAM survey & report et Azul qui ont mandaté Dimensional Research pour la mener, a interrogé 500 participants qualifiés à l’international. Ses conclusions sont édifiantes.
D’une part, près des trois quarts (73 %) des entreprises ont été auditées par Oracle sur la conformité des licences Java ces trois dernières années. D’autre part, 56 % des répondants se disent très préoccupés par la hausse des tarifs et la politique de licences
de l’éditeur américain.
Au mois d’avril 2019, Oracle a initié deux nouveaux modèles de licence pour Java Standard Edition (Java SE). Conséquence directe, à partir de cette date, l’éditeur a facturé des droits de licence autrefois gratuits. Plus précisément, le nombre de licences doit être égal à celui des salariés et au-delà de 50.000 processeurs, Oracle impose l’acquisition d’une licence supplémentaire. Ces décisions font grincer les dents de ses clients, c’est un euphémisme, car la facture promet d’être salée, même si l’entreprise utilisatrice ne recourt
pas beaucoup à Java.
Les chiffres clés de l’étude donnent une bonne vision de la situation. Ainsi, 74 % des répondants gèrent la détection des licences et les audits logiciels en interne. Et 37 % citent la conformité des licences comme le principal enjeu pour la gestion des licences logicielles. Point saillant, 27 % des entreprises dépensent plus de 500.000 dollars par an pour résoudre des problèmes de licence liés à la non-conformité. Près d’un répondant sur trois (29 %) affirme connaitre des difficultés à suivre l'utilisation des licences dans différents environnements. En dernier ressort, le prix des licences devrait plus que doubler.
Seules 4 % des organisations disent ne pas être préoccupées par les politiques de licence Java d'Oracle
Un peu moins des deux tiers du panel estiment que les alternatives Java open source pourraient leur faire économiser au moins 40 % par rapport aux coûts de licence Oracle Java. Une proportion explicite.Plus de la moitié des participants à l'enquête allèguent que leur organisation dépense plus de 100.000 dollars par an pour résoudre les problèmes liés à la non-conformité de licence logicielle. Un autre sujet de friction.
Parmi les nombreuses informations de l’étude, le coût est cité comme la principale motivation de la migration par 51 % des personnes. Bien noter cependant que 57 % des répondants se sont dits préoccupés par la sécurité et la fiabilité. La complexité des licences et de la conformité (28 %) et la compréhension des conditions générales d'Oracle (27 %) semblent secondaires.
OpenJDK (Open Java Development Kit) tient la corde pour remplacer JAVA SE. Cette distribution a le soutien des grands acteurs que sont Red Hat, Amazon et Azul. Gratuite, cette distribution n’est pas, bien entendu, suivie par Oracle. Un bémol, Open JDK est dépendant de fournisseurs tiers pour des mises à jour essentielles.
D’autres distributions de Java sont autant de solutions de migration pour les clients d’Oracle. Il s’agit d’Amazon Corretto, d'Azul Zulu et Azul Prime avec support commercial, d'Eclipse Temurin supporté par la Fondation Eclipse ou encore de Red Hat OpenJDK qui concerne Linux et le cloud.