11,4 trillions de dollars, c’est la somme qui devra être investie au cours des 25 prochaines années afin que le solaire et l’éolien, considérés comme les principales énergies renouvelables, dépassent les sources d’énergie qui polluent au CO2.

Certainement plus que dans bien d’autres domaines, les acteurs du numérique sont sensibles à l’image sociétale qu’ils véhiculent. Le datacenter en est l’exemple flagrant, le cumul de l’ensemble de la consommation électrique des centres informatiques dans le monde représente environ 6 % du volume global de l’énergie produite. C’est pourquoi l’informatique, dans ses réflexions énergétiques, va largement au-delà du bilan carbone et se préoccupe d’intégrer dans ses stratégies l’usage des énergies renouvelables.

Horizon 2040

Pour autant, ce n’est pas parce que l’on est largement médiatisés sur ce sujet, que les acteurs des IT sont, et de loin, les premiers responsables de la consommation des énergies fossiles, charbon, gaz et pétrole.

Dans leur parcours vers un comportement exemplaire, deux dates sont à retenir par nos organisations :

  • 2027 — les énergies renouvelables vont dépasser le gaz
  • 2040 — les énergies renouvelables vont dépasser le charbon

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Aujourd’hui, les centrales à charbon sont le principal fabricant d’électricité du monde. La tendance liée à leur usage ne va pas se ralentir, principalement entraînée par la Chine et l’Inde qui investissent massivement dans ces technologies d’un autre temps mais qui demandent moins d’investissement pour un charbon qu’ils extraient sur place.

2/3 de production renouvelable

En 2040, l’ensemble des équipements de production d’énergie représentera 8,6 TW (terawatts), dont 64 % proviendront de l’éolien et du solaire. Les équipements zéro émission représenteront 60 % de la capacité installée. Pour arriver à ces chiffres, le solaire et l’éolien auront représenté 60 % de l’ensemble des 11,4 trillions de dollars qui auront été investis au cours des 25 prochaines années, soit 7,8 trillions. Ce dernier chiffre est à comparer au 1,2 trillion de dollars qui seront investis dans le charbon par les pays asiatiques et les marchés émergeant.

L’Europe sera le bon élève des énergies propres. Le vent, le solaire, l’hydraulique et les autres productions d’énergies renouvelables généreront 70 % de la consommation de l’Europe en 2040. Ils représentent aujourd’hui 32 % de notre consommation.

Aux États-Unis, les énergies renouvelables, qui représentent aujourd’hui 14 % de la production énergétique, passeront à 44 % en 2040. Avec les lourds investissements consentis dans le gaz de schiste, et à la différence de la plupart des autres zones du globe, le gaz continuera de représenter une part importante de la production énergétique américaine. Elle est de 33 % aujourd’hui, elle sera de 31 % en 2040.

Le phénomène voiture électrique

La consommation énergétique des véhicules électriques est aujourd’hui négligeable, mais lorsqu’à l’orée de 2040 35 % des véhicules commercialisés dans le monde seront électriques, soit 41 millions de véhicules, leur consommation pourrait dépasser celles des datacenters. Le boom des ventes de ces véhicules entraînera une demande de 2,01 TW/h, soit 8 % de la demande globale d’électricité.

L’estimation de la demande à venir est si forte que l’automobile va entraîner dans son sillage toute l’industrie des batteries, un marché qui va exploser dans les prochaines années et représenter environ 250 milliards de dollars. La baisse continue du prix des batteries lithium ion va les rendre de plus en plus attractives. C’est un élément important pour l’énergie renouvelable à laquelle l’informatique souhaite (légitimement) s’associer, car elle souffre d’une problématique majeure, le stockage de l’énergie produite en dehors des périodes de consommation. Jusqu’en 2040, la capacité de stockage de l’énergie devrait passer, exploser serait plus réaliste, de 400 MW/h à 760 GW/h.

Ces chiffres reposent sur une étude réalisée cette année. On l’imagine bien, ils ne peuvent être définitifs dans leur estimation qui porte sur les 25 prochaines années. L’effet de l’engagement des 196 nations qui ont participé à la conférence de Paris et qui vise à limiter à 2° l’élévation moyenne de la température jusqu’en 2100, n’est par exemple pas connu. On sait en revanche que si la situation actuelle est maintenue, 5,3 trillions de dollars sur les 7,8 envisagés ci-dessus en investissement sur de la production d’énergie zéro carbone seront nécessaires pour limiter la production de gaz carbonique à l’origine de cette hausse de la température.

Autre inconnue, le prix du charbon et du gaz naturel ?

Si comme certains analystes ce prix va baisser sur le long terme d’environ 30 %, les pays émergeant ne seront pas enclins à adopter les sources d’énergies renouvelables. À moins que le prix des équipements pour la production de ces énergies ne baisse à un rythme supérieur. Ces technologies étant relativement récentes, cette baisse est probable, elle devrait être de l’ordre de 41 % sur les éoliennes, et de 60 % sur les parcs photovoltaïques. Concrètement, cela devrait se traduire par une énergie produite moins chère que sur l’usage des énergies fossiles, mais cela n’interviendra pas avant 2020, voire 2030.

La consommation d’électricité devrait augmenter 3,8 fois entre 2016 et 2040. Les investissements dans le renouvelable et le nucléaire ne suffiront pas à compenser la demande de production sur les énergies fossiles, et en particulier le charbon. Cependant, l’échéance à 2040 laisse espérer que les énergies renouvelables, une riche niche de marché, finiront par surpasser les énergies fossiles.