Les agents d’IA, en tant que doubles numériques, représentent une opportunité unique d’élever les standards de travail en entreprise. En fusionnant les données avec l’expertise humaine, les entreprises qui sauront exploiter ces technologies auront un avantage concurrentiel déterminant dans les années à venir.

La couverture de l’intelligence artificielle et des agents intelligents dans la presse grand public (et souvent dans la presse spécialisée) adopte souvent des biais anxiogènes, en raison d’une incompréhension généralisée et d’une focalisation sur les risques d’une intelligence perçue comme une menace pour les humains. Les articles ont tendance à privilégier les aspects sensationnels de l’IA, mettant en avant des scénarios dystopiques ou des cas extrêmes. Cette polarisation empêche une compréhension nuancée des enjeux et des opportunités liés à l’IA.

Certes, une grande partie de la population manque de formation sur les technologies de l’IA. Sans une compréhension de base, il est difficile de distinguer les faits des spéculations, ce qui conduit à une perception biaisée et généralement négative. Des études montrent que les Français sont préoccupés par les questions éthiques liées à l’IA, notamment en ce qui concerne la protection des données et l’impact sur l’emploi.

Cette approche amplifie les craintes du public et obscurcit les bénéfices de l’IA. Elle participe à un bruit de fond qui peut inciter les lecteurs à se focaliser sur les aspects négatifs et les craintes, retardant l’adoption de ces technologies. Ces mêmes médias n’hésiteront pas ensuite à fustiger le fameux « retard français » auquel ils auront goulument participé.

L’agent « augmenté », un double numérique de l’employé

Et s’il y a un domaine dans lequel ce discours risque d’entraîner des répercussions dommageables pour la France, c’est bien celui de l’emploi et de l’adoption des agents d’IA par les employés. Les agents de l’IA évoluent vers des formes de personnalisation avancées, visant à devenir de véritables « doubles numériques ». Ces technologies s’appuient sur des modèles d’IA et des systèmes d’apprentissage automatique, pour augmenter l’efficacité organisationnelle tout en révolutionnant les processus opérationnels.

Elles apprennent au fur et à mesure des échanges et à travers le « prompting » pour intégrer les spécificités de l’employé, jusqu’à devenir un double numérique. Ces outils ne se contentent dès lors plus d’exécuter des tâches génériques, ils intègrent les traits distinctifs de l’employé, comme son expertise, ses habitudes de travail et son expérience passée. Une étude menée par Gartner en 2024 prévoit que d’ici à 2030, 50 % des entreprises adopteront des doubles numériques personnalisés pour certains postes clés. Ces agents adaptés à chaque employé permettent une optimisation des décisions et une meilleure résolution des problèmes complexes. Dans ce contexte, l’employé dit « augmenté » est véritablement augmenté, mais l’agent aussi est augmenté par l’expertise
et l’expérience de l’employé.

Il est crucial de préparer les employés

Des écrits de référence, comme ceux de McKinsey ou du World Economic Forum, soulignent que ces agents personnalisés déploient une capacité unique à combiner l’intelligence de la donnée avec l’intelligence expérientielle humaine. En s’appuyant sur l’expertise et l’expérience personnelle des employés, les agents deviennent des outils qui leur ressemblent. Par exemple, dans le secteur juridique, un avocat pourrait utiliser un agent numérique qui intègre non seulement les bases de données juridiques, mais aussi les stratégies qu’il a développées au fil des ans. Cette personnalisation permet aux employés de démultiplier leur impact tout en étant soutenus dans leurs prises de décisions.

Cependant, cette automatisation exige une adaptation des pratiques. Par exemple, la collaboration entre employés et agents numériques requiert de nouveaux protocoles pour garantir une cohabitation harmonieuse. Les formations doivent également évoluer, avec une focalisation sur la supervision et l’interprétation des résultats fournis par ces outils.

Dans ce contexte, les inquiétudes suscitées par les agents d’IA parmi les employés sont d’un autre ordre : ils craignent que leur expertise soit capturée et reproduite par une machine, ce qui peut générer un sentiment de perte de contrôle ou même de remplacement pour cause d’inutilité. Là aussi, les études montrent que ces outils, loin de se substituer aux humains, les complètent. Un rapport publié par le World Economic Forum en 2023 souligne que les agents d’IA pourraient créer autant d’emplois qu’ils en éliminent. Les postes liés à la gestion des données, à la conception des systèmes d’IA et à la formation des agents devraient croître rapidement. Il est donc crucial de préparer les employés à ces changements par le biais de programmes de reskilling et d’upskilling.