L’USF est sans doute l’écosystème le plus dynamique représentant les clients d’un éditeur avec plus de 3.450 membres issus de 450 grandes entreprises et 50 administrations publiques. La Convention des 11 et 12 octobre a été l’occasion de mettre sur la table tous les sujets qui fâchent. Concernant l’exclusivité des innovations techniques sur S/4HANA a fait grincer les dents. Pour Gianmaria Perancin, Président de l’USF, il s’agit d’une double peine, ceux qui utilisent les versions SAP ECC on-premise ayant le désagréable sentiment de ne plus bénéficier d’évolutions réelles, tout en supportant une augmentation de 5 % des coûts de la maintenance.
Selon l’USF, il n’est pas acceptable d’augmenter le prix d’un service sans qu’il y ait une augmentation simultanée des fonctionnalités ou des services délivrés par l’éditeur. De plus, elle affirme que SAP exerce une pression de plus en plus forte sur ses clients pour qu’ils abandonnent leurs anciennes versions on-premise pour adopter S/4/Hana sorti en 2016. Or, effectuer la migration d’un ERP aussi structurant que SAP n’est pas une mince affaire. Lors de la convention, la présentation de Ronan Le Janne, Directeur de la transformation chez Bridor, fabricant de produits de boulangerie, est édifiante sur la complexité de la migration de SAP ECC vers SAP S/4HANA. Cette transition d’une version à l’autre a fait appel à pas moins de 40 personnes et donné lieu à 800 ateliers de travail avec des couts significatifs à la clé.
L’USF n’est pas la seule organisation à mettre en cause les pressions de SAP en faveur du cloud. Henri d’Agrain, Délégué général du Cigref (Club informatique des grandes entreprises françaises) est sur la ligne « Le passage à SAP S/4HANA, se présente sous la forme de certains projets particulièrement coûteux sans avantage fonctionnel évident pour les utilisateurs. »
Une roadmap floue et des clients historiques s’estimant négligés
Lors du point presse de la Convention 2023, l’USF pointe aussi le flou des roadmaps de SAP qu’elle estime illisibles. Surtout, l’association fustige le délaissement des clients historiques. Ces derniers, qui ont largement contribué au succès de SAP, veulent continuer à utiliser leurs produits SAP dans des conditions économiquement acceptables. Ils ne veulent pas passer à des versions cloud pour au moins trois raisons.D’une part, ces grandes entreprises n’identifient pas suffisamment de valeur ajoutée. Ensuite, la migration coûteuse vers le cloud ne figure pas dans leurs priorités stratégiques de l’entreprise. Enfin, elles ne disposent pas de moyens budgétaires en raison d’une conjoncture économique difficile.
Après le problème épineux des accès indirects considérés comme des audits assortis de sanctions financières trop lourdes, SAP a tout intérêt à tenir compte de l’avis de ses gros clients avec un dialogue constructif.