À en croire une récente étude d’IDC pour Atos, les entreprises françaises seraient proches de la maturité sur le Big Data. Une conclusion qui nous semble quelque peu hâtive, car si 51 % d’entre elles ont démarré un projet, beaucoup reste à faire...

SI l’on se réfère aux projets Big Data lancés par les entreprises françaises de plus de 1 000 salariés, la progression est fulgurante qui passe de 7 % d’initiatives en 2012 à 51 % aujourd’hui. Quatre ans plus tôt, nous n’en étions qu’aux débuts du Big Data, la faiblesse du chiffre initial n’a donc rien de surprenant. Les 51 % en revanche sont une bonne surprise, même s’il ne s’agit que de projets initiés.

Concrètement, nous préférons conserver une attitude prudente, les entreprises expérimentent plus qu’elles déploient des projets de Big Data. Que cela ne nous empêche pas, cependant, de constater que la vague du Big Data et de l’analytique des données est bien engagée.

Quels usages pour le Big Data ?

L’étude évoque l’usage du Big Data pour accompagner la transformation des modèles métiers. Pour autant, seules les organisations qualifiées de plus efficaces ont atteint ce stade. Mais les usages du Big Data commencent à se dessiner plus clairement :

  • 53 % - Améliorer la connaissance et l’expérience client
  • 42 % - Optimisation de l’excellence opérationnelle
  • 28 % - Renforcement de la sécurité
  • 22 % - Innovation

Les premiers investissements engagés dans le Big Data portent sur le stockage de grosses volumétries et dans l’accès aux données, quels que soient leur provenance et leurs formats. La démarche est donc d’abord technologique, les entreprises devant faire face en priorité à l’afflux des données. Les analytiques viendront après.

Les enjeux du Big Data

Les entreprises qui s’engagent dans le Big Data se heurtent à trois problématiques : la sécurité, la gouvernance et les talents.

  • 82 % des entreprises citent la sécurité en premier enjeu des projets de Big Data.
  • 80 % sont convaincues que l’explosion des données nécessitera la création ou le développement de nouveaux métiers.
  • 75 % soulignent la nécessité d’une étroite collaboration entre la DSI et les fonctions métiers.

Ces enjeux ramènent les projets de Big Data à la nécessité de transformer profondément les organisations pour supporter et affronter les changements technologiques et l’explosion du digital. Pour se transformer, elles doivent se frotter à deux difficultés majeures : acquérir ou accéder à des compétences, et faire évoluer leur culture en profondeur.

Quelle maturité face au Big Data ?

L’étude IDC/Atos se conclut sur l’identification de quatre modèles de maturité affichés par les entreprises françaises qui seraient :

  • 14 % des visionnaires
  • 34 % des bâtisseurs
  • 42 % des opportunistes
  • 11 % des retardataires

Ces chiffres sont à rapprocher des 51 % d’entreprises qui ont démarré un projet. S’ils sont encourageants, ils démontrent en réalité un manque de maturité. Ce qui n’a rien ni de surprenant ni d’inquiétant. Mais en revanche, ils soulèvent une autre question, ces mêmes entreprises se sont elles engagées sur la bonne voie ?

Prendre la bonne direction pour le Big Data

En effet, à lire l’étude IDC/Atos, les entreprises mesurent mal l’ampleur du phénomène Big Data, voire le sous-estiment. C’est ainsi que seules 40 % des données disponibles au sein de l’entreprise sont réellement analysées aujourd’hui ! Et de conclure que le potentiel est réel...

Nous avons du mal à adhérer à cette vision, qui tendrait à affirmer que la principale voie vers l’enrichissement de la donnée passe par les volumes. Il est vrai que les technologies à disposition aujourd’hui pourraient faciliter les ambitions démesurées vers une globalisation de l’information de l’entreprise, étendue à son écosystème, qui plus est en temps réel.

La vérité est ailleurs...

La réalité est plus complexe. Le déploiement du Big Data nécessite de disposer d’une infrastructure solide, de ressources encore trop rares, en particulier du côté des compétences, de moyens financiers qui sont loin d’être disponibles, et d’une réelle volonté stratégique, cette dernière étant loin d’être présente, en particulier par la méconnaissance des technologies et des méthodologies par les directions générales comme par les directions métiers.

Sans oublier que deux erreurs fondamentales pèsent sur les projets : pour la majorité des métiers, à l’exception du marketing, la donnée clé n’est pas dans les volumes, mais dans des sources limitées mais qualifiées ; et les données passées ont peu de poids pour prédire un avenir en constante accélération et à la concurrence exacerbée !

Reste un point essentiel, le Big Data, plus accessible que la BI et les entrepôts de données, peut être un outil de démocratisation de la donnée et de son analyse. Dans un environnement devenu fortement concurrentiel et porté sur le temps réel, les entreprises ont besoin de renforcer l’accompagnement à la prise de décision. C’est certainement une plus belle vision que celle d’une illusoire maturité...

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