Cinq ans après les bouleversements causés par la pandémie, le retour au bureau demeure un sujet de débat fervent dans le monde professionnel, en témoigne une table ronde du Club de la Presse B2B à laquelle j’étais invitée mercredi 22 janvier dernier. Tandis que certains grands groupes américains envisagent un retour complet aux cinq jours de travail en présentiel, d'autres ont adopté une approche hybride, mettant l'accent sur le bien-être et la qualité des interactions en présentiel, en fonction de la localisation des employés.

En France, la culture de protection des acquis sociaux limite pour l'instant cette obligation, notamment pour les grandes entreprises. Cependant, cette question dépasse largement le cadre technologique, touchant à l'organisation du travail, à la qualité de vie
et à la culture d'entreprise.

Une alchimie managériale et technologique

Le succès d'un projet de retour au bureau ne repose pas uniquement sur les Ressources Humaines ou la technologie. Il s'agit d'une véritable alchimie nécessitant une implication entière du management, suivant le principe du « lead by example », cher aux entreprises de la Silicon Valley.

Une des critiques principales du télétravail est la latence induite par les outils de communication asynchrone comme les chats et les emails, qui peuvent ralentir les processus décisionnels. Toutefois, il est important de noter que la connectivité à domicile peut parfois surpasser celle du bureau, grâce à des infrastructures modernisées. Par exemple, de nombreuses entreprises ont investi dans des outils comme Zoom, permettant une communication quasi instantanée et une collaboration efficace à distance.

Le retour au bureau implique aussi des enjeux de sécurité. Les outils de collaboration en ligne nécessitent une sécurité renforcée, avec des solutions comme l'EDR (Endpoint Detection and Response) et des audits de site pour garantir que les infrastructures sont à niveau. Le SOC (Security Operations Center) joue un rôle crucial dans la surveillance continue des activités informatiques. De plus, la gouvernance des données doit être assurée sur tous les sites, qu'ils soient on-premise ou dans le cloud.

Flexibilité et collaboration

La flexibilité offerte par le télétravail a entraîné une augmentation des déménagements, certains employés ayant choisi de s’installer à plusieurs heures de leur lieu de travail. Cette tendance s'accompagne d'une montée en puissance du travail hybride, avec 72 % des employés utilisant ce mode de travail selon une étude de Zoom l'an dernier. Les entreprises s'adaptent en proposant des solutions flexibles, comme le flex-office, et en équipant leurs collaborateurs de mobiles, comme l'a observé Bouygues Télécom avec une augmentation des ventes de 20 % après le confinement.

Le retour au bureau ne se limite pas à des considérations technologiques. Les conditions et le cadre de travail jouent un rôle crucial dans la motivation des collaborateurs. Les nouveaux bureaux sont souvent équipés de salles de sport, babyfoot et autres aménagements visant à améliorer le bien-être des employés. Cependant, il ne s'agit pas de recréer l'environnement de la maison au bureau, mais de favoriser une ambiance propice à la collaboration et à l'innovation. Les managers doivent être sensibilisés aux risques psychosociaux, comme le burnout, et apprendre à gérer les différents profils
et rythmes de travail.

S'adapter aux nouvelles réalités du travail

Le retour au bureau est donc une question complexe qui ne peut être résolue par la seule technologie. Il s'agit de trouver un équilibre entre flexibilité et collaboration, de créer une ambiance de travail favorable, et de garantir la sécurité des infrastructures. Les entreprises doivent également prendre en compte les besoins et les rythmes de travail de leurs employés, en veillant à leur bien-être. En fin de compte, le succès du retour au bureau dépendra de la capacité des organisations à s'adapter aux nouvelles réalités
du monde du travail.

Par Atika Salaf, DRH chez NetApp France