Les équipes pluridisciplinaires et la redéfinition des compétences représentent un mouvement vers une organisation du travail plus flexible, inclusive et axée sur l’innovation. Dans ce contexte, le marché du travail devrait reposer sur un équilibre entre hard skills et soft skills.

L'implication des métiers dans les projets numériques et la création d’équipes multidisciplinaires pour la conduite des projets sont devenues des piliers des organisations agiles. Leur rôle, surtout en phase amont, consiste à rapprocher les besoins opérationnels des solutions technologiques et à réduire le fossé entre la conception stratégique et l'exécution. Toutefois, cette dynamique, bien qu'essentielle, n’a été qu’un premier levier dans l’évolution des méthodes de travail en entreprise. Ce sont des forces globales telles que l'IA et l'automatisation, la transition écologique et le vieillissement démographique qui redéfinissent profondément les compétences nécessaires pour naviguer dans un environnement professionnel en pleine mutation.

Pour répondre aux impératifs du changement continu, les équipes pluridisciplinaires, organisées autour des compétences, représentent une évolution organisationnelle majeure dans les entreprises modernes. Elles reposent sur la diversité des compétences pour répondre à des problématiques complexes et accélérer l'innovation. Les entreprises tendent à intégrer non seulement des collaborateurs en interne, mais aussi des partenaires externes (experts indépendants, consultants, partenaires) dans leurs équipes projet, pour accéder à une expertise variée. Ce modèle s’éloigne de l’organisation traditionnelle en silos pour privilégier la collaboration interdisciplinaire, où chaque membre apporte son expertise unique tout en s’inscrivant dans une dynamique collective.

Les entreprises cherchent des contributeurs, pas des exécutants

Dans ce contexte diversifié, les dynamique autour des hard skills (compétences techniques) et des soft skills (compétences comportementales) s’est imposée avec l’évolution des besoins du monde du travail, inspirée par des transformations économiques, technologiques et sociétales majeures. Les soft skills ont commencé à être perçues comme un complément indispensable aux compétences techniques. Les entreprises cherchent des collaborateurs capables de contribuer à long terme, pas seulement d’exécuter des tâches. La créativité, la vision stratégique et la capacité à résoudre des problèmes complexes sont devenues cruciales, particulièrement dans des environnements de plus en plus
complexes et collaboratifs.

Selon le Forum Économique Mondial, d’ici 2030, les transformations technologiques et écologiques remodèleront profondément le paysage professionnel. Si l’automatisation et l’IA pourraient remplacer des millions d’emplois, elles généreront également 97 millions de nouveaux postes, notamment dans les domaines de la programmation, de la gestion de l’IA et de la cybersécurité. De plus, près de 50 % des emplois nécessiteront des compétences numériques avancées, avec un marché mondial des compétences numériques estimé
à 6,5 milliards de dollars.

Par ailleurs, estime le Forum, la transition écologique stimulera la création de 85 millions d’emplois dans des secteurs tels que l’énergie verte, les infrastructures durables et l’économie circulaire. En France, 500 000 postes devraient émerger dans les énergies renouvelables, la gestion des déchets et les technologies propres, des domaines clés pour atteindre les objectifs environnementaux nationaux et européens.

Les hard skills, seront au cœur des priorités des employeurs…

D’après une étude publiée par Hello Masters, le réseau social pour cadres et dirigeants expérimentés, « les entreprises et les individus doivent se préparer à une transformation radicale des compétences requises ». Son rapport annuel « Trends at Work », met en lumière les tendances majeures concernant les compétences techniques (hard skills) et comportementales (soft skills) d’aujourd’hui et de demain.

Les compétences techniques, ou hard skills, seront au cœur des priorités des employeurs. Parmi les plus recherchées d’ici 2030 figurent la maîtrise de l’intelligence artificielle et de la data science, domaines qui devraient générer 200 000 nouveaux emplois en France.
La cybersécurité et le cloud computing seront également en forte demande dans une économie de plus en plus numérique. En parallèle, les compétences vertes, comme celles liées aux énergies renouvelables, à la transition énergétique et aux technologies propres, connaissent une croissance rapide, soutenue par des initiatives de formation nationale. Enfin, le secteur de la santé numérique et des biotechnologies offre de nouvelles opportunités grâce à des innovations comme la télémédecine, dans un contexte de vieillissement démographique.

…mais les soft skills prennent une importance grandissante

Face à ces évolutions, les compétences comportementales, ou soft skills, prennent une importance grandissante. Les qualités humaines jouent un rôle clé pour s’adapter à un monde du travail en constante transformation. Parmi ces compétences figurent l’adaptabilité et la résilience, essentielles pour gérer les changements rapides et l’incertitude, ainsi que la créativité, indispensable pour innover dans des secteurs complexes comme la santé et l’énergie verte. Le leadership et la gestion de projet sont également devenus nécessaires pour coordonner des équipes pluridisciplinaires, tandis que la collaboration et la communication s’avèrent cruciales dans un environnement de travail de plus en plus interconnecté.

Le rapport met en avant l’importance de combiner hard skills et soft skills pour réussir dans un marché du travail où la technologie et la durabilité redéfinissent les priorités.
Les entreprises et les individus devront miser sur l’apprentissage continu pour s’adapter aux innovations et répondre aux nouveaux besoins.

Par exemple, dans l’industrie verte, les employés auront besoin de compétences techniques pointues en gestion des ressources naturelles, tout en faisant preuve de créativité pour concevoir des solutions durables. De même, dans le domaine de la santé, la maîtrise des biotechnologies devra s’accompagner d’une capacité à collaborer et à résoudre des problèmes complexes.

À l’horizon 2030, le succès sur le marché du travail reposera sur un équilibre entre hard skills et soft skills, estime les rédacteurs du rapport. Les opportunités se concentreront dans des secteurs innovants comme le numérique et les énergies renouvelables, mais aussi dans des métiers liés au vieillissement de la population.

« Les entreprises, les gouvernements et les travailleurs devront investir dans des programmes de formation adaptés pour relever ces défis et tirer parti des opportunités offertes par une économie technologique et durable. Cette convergence entre compétences techniques et comportementales constituera le pilier d’un futur du travail où adaptabilité et spécialisation seront les maîtres mots ».