Seuls 42 % des dirigeants constatent un retour sur investissement positif de leurs initiatives en intelligence artificielle selon une étude. Cette réalité interpelle : si l’IA incarne une révolution technologique, son déploiement isolé, sans intégration systémique, limite son impact.

C’est ici qu’intervient l’exploration des processus (process mining) enrichie par l’IA : une approche qui analyse les flux opérationnels pour en révéler les failles, les redondances
et – surtout – les opportunités invisibles.

Comment cette symbiose entre analyse prédictive et connaissance processuelle ouvre-t-elle des perspectives de croissance radicales ? Quels paradigmes économiques cette technologie redéfinit-elle pour les organisations ?

De la data à l’action : l’IA comme architecte de l’efficience opérationnelle

L’analyse algorithmique des processus dépasse la simple automatisation. En cartographiant chaque interaction entre systèmes, collaborateurs et données, l’IA identifie des gisements de productivité cachés. Selon une étude de McKinsey, l'automatisation des processus basée sur l'IA pourrait augmenter la productivité du travail jusqu'à 40 % d'ici 2035, en particulier dans des secteurs comme l'industrie manufacturière, les services financiers et la vente au détail ; ajoutant ainsi jusqu’à 15,7 trillions de dollars à l’économie mondiale.

Par ailleurs, en croisant données historiques et scénarios probabilistes, l’IA anticipe les goulets d’étranglement avant qu’ils n’impactent la chaîne de valeur. De nombreux secteurs ont déjà réduit leurs délais de livraison grâce à cette approche proactive, à l’instar de la logistique. Dans une étude, les chercheurs ont examiné comment les algorithmes d’apprentissage automatique contribuent à identifier, prévoir et atténuer les risques dans les chaînes d'approvisionnement complexes en exploitant des données provenant de diverses sources, (rapports financiers, journaux de production, tendances du marché…), pour anticiper les perturbations.

Cette transformation ne se limite pas aux gains marginaux : elle rebat les cartes de la compétitivité. Les organisations capables d’aligner leur architecture de processus sur des modèles auto-apprenants créent un avantage concurrentiel structurel.

Gouvernance et agilité : les nouveaux impératifs de la croissance durable

Intégrer l’IA dans les processus exige une refonte des modèles de gouvernance. Dans ce contexte, deux enjeux émergent. Tout d’abord la traçabilité et la conformité : avec une majorité des dirigeants préoccupés par les risques liés aux usages de l’IA, l’encadrement des décisions algorithmiques devient critique. Or les processus structurés offrent un cadre auditable, où chaque action IA est documentée, mesurée et ajustable en temps réel. Autre défi, l’adaptabilité systémique. Dans un contexte économique volatil, la flexibilité des processus permet aux entreprises de pivoter rapidement.

Cette agilité repose sur une alchimie entre supervision humaine et automatisation intelligente – un équilibre que seule une vision processuelle intégrée permet de maîtriser.

Nouveaux revenus, nouveaux modèles : L'IA ouvre les portes de la croissance de demain

L’impact le plus disruptif réside dans la capacité à générer de nouvelles sources de revenus, notamment à travers la monétisation d’insights processuels. Les données générées par l’exploration des processus constituent une mine d’or pour des services à valeur ajoutée.

Des acteurs de la santé, par exemple, monétisent désormais des modèles prédictifs de gestion des flux patients auprès d’hôpitaux partenaires. Autre impact significatif, les écosystèmes collaboratifs. En standardisant et en sécurisant les échanges inter-organisations via des processus IA-driven, des filières entières (énergie, retail) développent des plateformes B2B générant de nouveaux leviers de croissance.

L’exploration des processus par l’IA ne se résume pas à un outil d’optimisation : elle redéfinit les frontières de la croissance organisationnelle. En transformant les opérations en leviers stratégiques, en sécurisant l’innovation via une gouvernance adaptative, et en ouvrant la voie à de nouveaux business models, cette technologie positionne les entreprises à l’avant-garde de leur secteur.

Il s’agit de changer de vision, d’appréhender les processus non comme des contraintes opérationnelles, mais comme des actifs dynamiques – capables d’apprendre, de s’adapter et de créer de la valeur à chaque interaction. La question n’est plus si l’IA doit être intégrée aux processus, mais comment architecturer cette synergie pour en maximiser le potentiel transformateur.

Par Stéphane Kamga, Senior Architect chez Appian Corporation