L'IA est un puissant moteur de migration vers le cloud, cependant, ce mouvement n'est pas universel. Certaines organisations, opérant dans des secteurs hautement réglementés ou manipulant des données sensibles, privilégient les déploiements sur site. Un choix stratégique qui souligne la complexité des décisions technologiques contemporaines.

Elles cherchent ainsi à garantir la conformité réglementaire, à minimiser les risques de sécurité et à maintenir un contrôle rigoureux sur leurs données et leurs infrastructures. Ce choix stratégique souligne la complexité des décisions technologiques contemporaines, où les bénéfices de l'IA doivent être équilibrés avec les impératifs de sécurité et de conformité.

Ces dernières décennies, la transformation numérique a essentiellement consisté à migrer ses applications, ses charges de travail et son infrastructure vers le cloud. Les entreprises ont massivement adopté ce modèle d’externalisation pour les divers avantages qu’il leur offrait. Avec l’arrivée de l’IA le mouvement semble connaître une accélération pour les entreprises. 

L'étude « 2024 IDC Application Migration and Modernization Survey » réalisée par IDC fait partie du programme de recherche d'IDC sur les stratégies de modernisation des applications. Les analystes du cabinet d’étude y exposent une vue d'ensemble des stratégies et des décisions d'investissement en matière de modernisation des applications des organisations. L’ultime livraison de l’étude met en lumière des statistiques et des motivations clés des organisations. En cette période post-GenAI, ce sont les projets basés sur l’IA qui semblent structurer les plans de transformation.

Une donnée majeure de cette étude révèle que 34 % des répondants considèrent les nouveaux cas d'utilisation de l'IA comme un facteur déterminant dans la décision d'achat d'une plateforme d'application cloud pour leur organisation. Cette statistique indique une montée en puissance de l'IA comme élément crucial dans les stratégies technologiques des entreprises. Par exemple, l'IA est de plus en plus intégrée dans les applications pour améliorer l'automatisation, offrir des analyses prédictives et personnaliser les expériences utilisateur. 

Les raisons principales poussant les organisations à migrer leurs applications vers le cloud sont diverses. Pour 30 % des répondants, la facilité de modernisation et d'extension des applications vient en premier. Ils plébiscitent la possibilité de moderniser les applications existantes et de les étendre avec de nouvelles fonctionnalités. Viennent ensuite la capacité à expérimenter et innover plus rapidement pour 28 % des répondants. Ils apprécient l’agilité du cloud, qui permet aux développeurs de tester de nouvelles idées sans avoir à investir dans des infrastructures matérielles en propre.

Pour 26 % des répondants, le cloud libère les collaborateurs de certaines tâches. Ils apprécient le fait qu’ils peuvent réallouer des développeurs à des tâches à plus forte valeur ajoutée. Par exemple, en déléguant les tâches de maintenance et de gestion des infrastructures au cloud, les développeurs peuvent se concentrer sur le développement de nouvelles fonctionnalités et produits. 

En ce qui concerne les applications héritées et leur modernisation, l'étude révèle que 55 % des applications sur site héritées sont des applications orientées client. Cela inclut des systèmes de gestion de la relation client (CRM), des plateformes de commerce électronique et des systèmes de support client, qui sont essentiels pour l'interaction directe avec les consommateurs. La modernisation de ces applications permet non seulement de répondre aux attentes des clients en termes de performance et de fonctionnalité, mais aussi de tirer parti des capacités avancées offertes par l'IA.

Les chiffres issus de l'étude de l'IDC mettent en lumière l'importance croissante de l'IA et du cloud dans les stratégies de transformation des organisations. L'intégration de l'IA dans les applications cloud devient un facteur déterminant pour les décisions d'achat, certes. Mais le tableau n’est pas aussi limpide que le laisse croire ces chiffres. Tout d’abord, l’étude reste silencieuse sur les cas spécifiques des entreprises à contraintes, celles qui traitent des données sensibles, comme les données médicales ou réglementées.

En conservant les données et les applications IA sur site, ces entreprises peuvent exercer un contrôle plus strict sur la sécurité et la confidentialité de leurs informations. Par exemple, des institutions financières comme certaines banques préfèrent encore utiliser des systèmes sur site pour leurs applications critiques en raison des exigences strictes en matière de conformité et de sécurité. 

Il y a ensuite les préoccupations liées à la latence et à la performance. Les applications d'IA, en particulier celles nécessitant des traitements en temps réel, peuvent subir des latences lorsqu'elles sont hébergées dans le cloud. Les entreprises utilisant des IA pour des tâches nécessitant des réponses instantanées, comme les systèmes de trading à haute fréquence ou les technologies de conduite autonome, peuvent bénéficier d'un traitement localisé pour garantir une performance optimale et des temps de réponse réduits.

Enfin, le dernier facteur d’incertitude est d’ordre financier : le coût à long terme. Bien que les solutions proposent une flexibilité de consommation et réduisent les coûts initiaux d'infrastructure, les coûts récurrents de stockage et de traitement dans le cloud peuvent s'accumuler et dépasser les coûts d'une infrastructure sur site. L’intense consommation de bande passante et de capacités de calcul peuvent s’avérer dissuasifs, surtout sur une période prolongée.

Les entreprises ayant des besoins importants en traitement de données pour l'IA peuvent découvrir qu’il est plus économique d'investir dans leurs propres serveurs et centres de données. Enfin, il y a la souveraineté des données qui peut constituer un obstacle. Craignant l’extraterritorialité des lois étrangères, les entreprises peuvent choisir de garder leurs données dans leurs propres centres de données en Europe, pour respecter leur obligation de conformité.