Le marché de l’emploi mondial est en pleine transformation, bouleversé par des tendances technologiques, démographiques, économiques et écologiques. Le rapport « Future of Jobs 2025 », publié chaque année par le Forum Économique Mondial, révèle une perspective à double facette : des opportunités massives d’emploi, mais aussi des défis cruciaux à relever pour préparer la main-d’œuvre mondiale à ces mutations.
Il met en lumière l’impact croissant de l’IA générative et des technologies avancées sur plusieurs secteurs professionnels, notamment ceux traditionnellement manuels ou créatifs. Alors que cette innovation promet de révolutionner les processus dans de nombreux domaines, elle impose aussi un déclin accéléré de certains métiers, tout en stimulant des transformations fondamentales dans la structure du marché du travail.
L’IA agentique entre dans la compétition
Ainsi, après l’automatisation dans le rapport de 2023, c’est l’IA dans sa globalité qui a pris le relais comme stimulant du changement, et de la conversion vraisemblable de certains emplois, qui seront immanquablement occupés par des agents numériques spécialisés. Pour les rédacteurs du rapport, l’accélération des mutations technologiques, l’IA et ses agents autonomes principalement, redéfinit les rôles professionnels, créant une demande croissante pour des compétences techniques avancées tout en rendant obsolètescertains métiers.
L’IA agentique, capable d’agir de manière autonome pour accomplir des tâches complexes en utilisant des modèles avancés d’apprentissage et de prise de décision, est en train de transformer radicalement le paysage de l’emploi. Cette technologie, qui va au-delà des outils traditionnels d’automatisation, soulève des questions existentielles pour certains postes et fonctions occupées par des humains dans l’entreprise.
Ces métiers transférables à l’IA
Toutefois, le tableau n’est pas si noir, le rapport de 2025 prévoit que 22 % des emplois d’ici 2030 seront touchés par l’avènement des technologies cognitives, c’est-à-dire transférables en entier ou partiellement à l’IA. Selon l’étude, d’ici à 2030, 170 millions de nouveaux emplois devraient voir le jour, tandis que 92 millions disparaîtront, soit une augmentation nette de 78 millions d’emplois. Les secteurs les plus dynamiques incluent les technologies avancées, l’IA, les données, et les énergies renouvelables, mais aussi les fonctions essentielles comme les soins, l’éducation, et l’agriculture.À l’inverse, des métiers comme les graphistes ou les assistants administratifs devraient connaître un déclin rapide, exacerbés par l’automatisation et l’IA générative. Outre ces métiers, le rapport prévoit le remplacement à terme de métiers comme les analystes de données, les caissiers, ainsi que les opérateurs de centres de données, entre autres.
40 % des compétences devront évoluer
Pour les rédacteurs du rapport, le défi majeur est le déficit croissant de compétences, cité par 63 % des employeurs comme principal frein à leur transformation. Près de 40 % des compétences nécessaires sur le lieu de travail sont appelées à évoluer, et 59 % des travailleurs auront besoin de reconversion ou d’amélioration de leurs compétences. Les compétences technologiques (IA, Big Data, cybersécurité) et humaines (résilience, leadership, pensée analytique) devront être combinées pour répondre aux besoins futurs.La démographie façonne également le marché de l’emploi. Le vieillissement des populations dans les pays riches stimule la demande dans les soins de santé, tandis que les populations jeunes des régions à faible revenu alimentent les besoins dans l’éducation. Les pressions économiques, comme l’inflation et le coût de la vie, sont des catalyseurs supplémentaires, entraînant des pertes d’emploi dans certains secteurs tout en renforçant la demande de flexibilité et d’agilité.
L’IA : opportunité et risque en même temps
L’IA se profilant comme un facteur clé de cette transformation, 77 % des employeurs envisagent l’acquisition de compétences comme réponse principale, et 41 % prévoient des réductions d’effectifs dues à l’automatisation. Une opportunité se dessine néanmoins : le redéploiement des talents vers des secteurs en croissance, limitant ainsi l’impact humain des transformations technologiques.Face à ces bouleversements, le rapport insiste sur l’urgence d’une collaboration entre les gouvernements, les entreprises et le secteur éducatif. Des initiatives comme la « Reskilling Revolution », visant à former un milliard de personnes d’ici 2030, sont cruciales pour créer une main-d’œuvre résiliente, inclusive et prête pour les emplois de demain. Pour rappel, l’initiative « Reskilling Revolution » a été lancée par le Forum pour relever les défis de la transformation rapide du marché du travail, due à l’automatisation, à l’intelligence artificielle et aux autres évolutions technologiques.
Le rapport souligne la nécessité d’anticiper et de s’adapter à un marché de l’emploi en constante mutation. « En investissant dans les compétences et en adoptant une approche collaborative, les parties prenantes peuvent transformer ces défis en opportunités, ouvrant la voie à un avenir où innovation et inclusion seront les maîtres-mots ».