L’étude académique à large échelle conduite par le NBER (National Bureau of Economic Research) en collaboration avec l’Université de Copenhague est sans appel. Elle démontre que les chatbots d'IA ont des impacts économiques minimes sur le marché du travail. Et cela, malgré une adoption croissante des personnels et des investissements significatifs par les entreprises. Il est sans doute hasardeux d’extrapoler ces résultats pour d’autres pays européens, mais il s’agit d’une indication importante.
Il faudrait pour cela réaliser une vaste étude indépendante pour chacun d’entre eux. Les deux vagues d’enquêtes ont porté sur 11 professions exposées (25 000 travailleurs, 7 000 lieux de travail), reliées à des données appariées sur les employeurs et les employés au Danemark. Premier constat, la plupart des employeurs encouragent leur utilisation, déploient des LLM et initient des formations.
En conséquence, l’adoption de l’IA générative (IAGen) s’accroit et de nouvelles tâches sont créées, mais sans que les revenus des entreprises suivent pour autant. Un modeste gain de temps moyen évalué à 3 %, combiné à une faible répercussion sur les salaires, expliquent ces effets limités sur le marché du travail. De quoi remettre en question l’annonce d’un bouleversement imminent du marché du travail par l’IAGen.
Le tableau ci-dessous offre une vision intéressante sur les initiatives des employeurs en faveur de l'adoption des chatbots IA et en particulier sur les politiques d'utilisation.

Très appuyés par la direction pour les métiers du marketing, du développement et chez les journalistes, les chatbots d’IA générative sont beaucoup moins soutenus par la hiérarchie pour les salariés au bureau, les professionnels du droit et les enseignants.
L’impact de l’IA générative sur la nature des métiers se fera progressivement
Nombre d’études commanditées par les acteurs des solutions d’IA générative ont un caractère de prophétie autoréalisatrice qui annonce des résultats économiques immédiats après l’adoption de l’IAGen. L’étude du NBER n’est pourtant pas pessimiste à moyen et long terme et met en exergue trois conclusions majeures.D’abord, les investissements des entreprises et les réorganisations du lieu de travail sont essentiels pour libérer le potentiel de l'IA. Il faut pour cela un engagement significatif des employeurs. Ainsi, les taux d'adoption et les gains de productivité des chatbots IA sont nettement plus élevés lorsque les employeurs incitent à leur utilisation, dispensent des formations ou déploient des LLM internes. La vaste enquête du NBER prévoit des transformations plus importantes sur le lieu de travail.
Enfin, les rigidités du marché du travail semblent retarder l'impact économique. En particulier, les gains de productivité générés par les chatbots IA ne se traduisent que faiblement dans la croissance des revenus, particulièrement pour les entreprises qui n'encouragent pas activement leur utilisation. Précisons qu’il s’agit d’une position calquée sur les fondements de l’économie libérale supposant qu’il faut revoir le Code du travail pour dynamiser l’économie.
Le résultat principal de l’enquête reste que deux ans après l'adoption la plus rapide jamais enregistrée dans l’histoire des technologies numériques, les résultats sur le marché du travail, tant au niveau individuel qu'au niveau des entreprises, restent inchangés.