La Chine ne cache pas ses ambitions, dominer le marché de la robotique industrielle. Ce n’est pas pour rien que les Etats-Unis pourraient taxer à 25 % les technologies robotiques chinoises...
Véhicules électriques, satellites et robots industriels appartiennent au projet planifié Made in China 2025. Dans le domaine des robots industriels, en particulier, aidée par ses marchés intérieurs et extérieurs, la Chine investit lourdement et réalise des progrès impressionnants.
Sans subvention à l’industrie et aux startups, sans allègements fiscaux, ce qui la différencie de son principal concurrent l’administration américaine, la Chine profite du potentiel de son gigantesque marché intérieur et de la marche forcée vers l’automatisation pour se construire une industrie des robots de premier plan.
En 2016, les entreprises chinoises ont acheté 66.000 robots. A raison d’une capacité de 15 travailleurs humains à temps plein remplacés par un robot, ce sont 1 million d’emplois humains qui ont été automatisés cette année là.
Un marché de 88 milliards de dollars
Au cours de la prochaine décennie, le marché des robots industriels devrait représenter 88 milliards de dollars pour les seuls fabricants chinois. Alors la Chine se projette et envisage de fabriquer des robots industriels en quantité :
- 2020 - 150.000 robots
- 2025 - 260.000 robots
- 2030 - 400.000 robots
Rien de déraisonnable dans ces chiffres, mais suffisamment pour faire de la Chine le pays le plus dynamique au monde en matière de 'densité de robots', c’est à dire au nombre de robots pour 10.000 travailleurs du secteur manufacturier. Car pour le moment, selon l’IFR (International Federation of Robotic), avec une densité de 68 robots pour 10.000 travailleurs, le pays ne se place qu’en 23ème position au classement mondial. Dont la première place est occupée par la Corée du Sud. L’objectif pour la Chine est d’entrer au Top 10 en 2020.
Le champ de bataille de l’industrie
Le gouvernement chinois reste prudent, pour ne pas froisser les marchés mondiaux, et certainement pour éviter de trop attirer l’attention sur ses pratiques en matière de propriété intellectuelle. C’est ainsi que, même si la Chine devrait représenter au cours de la prochaine décennie 40 % des ventes mondiales de robots industriels, elle ne souhaite pas devenir autosuffisante, afin de justifier de sa présence sur le marché mondial.
Cela ne suffira pas, cependant, à apaiser les hostilités qui ont lieu actuellement entre la Chine et les Etats-Unis, alimentées par les prises de position abruptes du président Trump. L’administration Trump a interdit à ZTE, l’une des plus grandes entreprises technologiques chinoises, d’acheter des pièces provenant d'entreprises américaines, notamment Qualcomm. Evoquant des « problèmes difficiles à résoudre », le ministère du commerce chinois a quant à lui fait obstacle à la prise de contrôle de NXP Semiconductors par le géant américain Qualcomm, pour 44 milliards de dollars.
L’électronique chinoise victime des USA ?
L’industrie des technologies est devenue un champ de bataille entre les deux super-puissances. Prétextant le vol de la propriété intellectuelle américaine, les Etats-Unis menacent de taxer des marchandises chinoises pour une valeur de 50 milliards de dollars, qui pourrait être étendue à 100 milliards ! La Chine a riposté en imposant des droits sur des marchandises américaines pour une valeur de 3 milliards $. Pour le moment, côté chinois, ce sont surtout les importations de sorgho américain qui ‘trinquent’, avec une taxe de 179 % (!). Cette céréale est utilisée pour fabriquer une liqueur chinois populaire…
Si la guerre commerciale s’intensifie, la question qui risque de se poser portera sur la capacité de l’industrie chinoise à palier le risque d’embargo sur les technologies et les composants américains. S’y ajoutent les évolutions réglementaires, comme le RGPD, qui modifient certaines règles du jeu et vont nécessiter des adaptations significatives sur certains produits pour s’assurer de leur commercialisation en Occident. L’Intelligence Artificielle, autre domaine sur lequel la Chine investit fortement, est la première concernée.
Nul doute que la Chine atteindra son objectif d’être le numéro un mondial des robots industriels, ne serait-ce qu’en s’appuyant sur son marché intérieur. Cependant, le chemin pourrait bien être plus tortueux qu’attendu...
Image d’entête 813320106 @ iStock artisticco