Réalisée par INOP’S, une étude démontre que la pénurie de talents dans les métiers du numérique fait rage et que le freelancing et la pluriactivité se développent alors que les professionnels ne se retrouvent plus dans le Code du travail actuel.
Créé il y a 10 ans, le Baromètre de l’expertise du numérique du groupe INOP’S confirme la profonde modification du paysage. C’est le constat qui ressort des entretiens menés auprès de 215 entreprises du numérique et plus de 1 000 freelances.
D’un côté, les grandes Entreprises de Services du Numérique (ESN) généralistes perdent du terrain face à des PME expertes et des petites structures de services innovantes, rapides et hyperspécialisées...
Les ESN ne sont pas mortes, mais elles doivent profondément muter pour garder leurs talents et se spécialiser dans des expertises pointues. Depuis peu, plusieurs grands donneurs d’ordre privé et public se tournent vers les plateformes de freelances pour leurs appels d’offres.
D’un autre côté, « des salariés désabusés qui ont été laissés pour compte sur le bas-côté de l’innovation, les privant ainsi de toute perspective de carrière et de sens dans leur travail », explique INOP’S. Et pourtant, il y a une pénurie et une demande en matière d’innovations. Il manque à ce jour 79 000 professionnels du numérique d’après Pôle emploi.
La formation en interne (qu’elle soit généraliste pour expliquer aux collaborateurs les enjeux de la transformation numérique ou plus pointue pour permettre à certaines personnes d’évoluer par des acquisitions de compétences) n’assurerait donc pas son rôle.
INOP’S a interrogé les entreprises sur les compétences qui allaient être les plus demandées dans les années à venir. Voici le pronostic concernant les expertises qui vont être les plus recherchées d’ici 2030:
Les expertises suivantes seront :
- La Smart City (26 %)
- Les nanotechnologies (12 %)
- L'informatique quantique (9 %)
- La génomique (6 %).
Dans le détail, les profils les plus recherchés sont, sans surprise, les développeurs (en particulier J2EE, DevOps, systèmes embarqués…) suivis par les profils d’architectes, ingénieurs ou AMOA, pour gérer les évolutions du SI. Les expertises en conseil stratégique et en data science sont également en pleine expansion notamment en transformation digitale.
Par ailleurs, les salariés sont de plus en plus nombreux à franchir le pas pour devenir indépendants. 67 % sont devenus indépendants par choix de vie et 26 % par rejet du salariat. De nombreux professionnels optent aussi pour le slashing ou la pluriactivité – pour suivre une double carrière passion.
Mais cela implique de devenir un bon commercial. Or, un tiers des freelances sondés indiquent qu’ils ne décrochent pas certaines missions par manque de fibre commerciale.
D’où la tentation de travailler dans des espaces de coworking pour se motiver ou répondre à des offres avec différentes casquettes d’experts. 41 % des freelances interrogés préfèrent travailler en collectif avec d’autres indépendants.
Parallèlement, il y a également de plus en plus d’experts dans un domaine précis. « Les experts Salesforce ou les spécialistes de la cybercriminalité vont devenir les artisans de ce siècle. L’expertise devient rare, unique et surtout, se réinvente tous les 6 mois », indique INOP’S.
Cela signifie que les « entreprises doivent changer de posture et chercher plutôt un félin intelligent et indépendant qui saura vite apprendre et gagner en agilité », prévient INOP’S.
Les entreprises doivent aussi revoir leur méthode de recrutement. Il est nécessaire de comprendre le métier ainsi que les principales manières de travailler de ces experts pour pouvoir bien recruter et satisfaire leurs attentes (en matériel, en matière de temps de travail, de besoins en télétravail…).
L’enjeu RH consistera également à mettre en place un schéma d’évaluation des salariés qui soit clair et motivant pour eux et qui prend en compte l’évolution de carrière.
Source : INOPS