Entre la peur de passer à côté d’une rupture technologique et celle de se précipiter, les dirigeants français semblent dans l’expectative. C’est tout au moins ce qu’enseignent les résultats d’une étude de Slack sur l’utilisation de l’IA par les salariés. Certes, 44 % des employés de bureau se disent enthousiastes à l'idée que l'IA et l'automatisation remplacent certaines tâches répétitives mais faute d’une évaluation précise, difficile de justifier cette appétence.
Côté dirigeants, 59 % d’entre eux ressentent une injonction à utiliser l’IA mais près de la moitié des salariés, soit 42 %, affirment n’avoir reçu aucune instruction explicite de la part de leur hiérarchie. Des résultats qui n’étonnent guère car toute technologie, à fortiori l’IA, doivent être évaluées avant de se précipiter pour les intégrer aux processus de travail des organisations. Alors que l’usage de Claude, Mistral et autres s’est accéléré de 24 % d’un trimestre sur l’autre dans le monde, en France, la progression n’a été que de 10 % avec à la clé, une amélioration déclarée de la productivité. Selon l’étude, les résumés de ChatGPT, Mistral et autres sont la principale valeur ajoutée en lieu et place des moteurs de recherche
La France en léger retrait sur l’utilisation de l’IA et l’automatisation par rapport à l’international
L’étude de Slack qui porte sur 10.281 employés de bureau aux États-Unis, en Australie, en France, en Allemagne, au Japon et au Royaume-Uni, montre un engagement moindre des employés français dans l’usage de l’IA qu’à l’international. Plus précisément, la part des employés de bureau utilisant l’IA est de 26 % dans le monde versus 22 % pour la France, celle des collaborateurs ayant recours à l’automatisation est de 34 % dans le monde vs32 % en France. Quant à la proportion des utilisateurs se servant de l’automatisation et de l’IA, elle est de 80 % à l’international et 71 % en France.
La frilosité ou le principe de précaution sont présents dans les réponses du panel de l’étude avec 23 % des salariés qui sont dans l’expectative et un tiers se disant préoccupés par l’utilisation de l’IA, soit 6 points de plus que la moyenne mondiale. Cela représente 56 % des réponses soit une majorité des répondants. Le commanditaire de l’étude, Slack, plateforme de productivité des entreprises, explique ces résultats mitigés par la quasi absence de consignes de la part des dirigeants. Une réticence qui peut aussi indiquer le temps indispensable d’évaluation et d’acculturation par rapport à une puissante technologie en pleine expansion.
Sans surprises, les tâches que les salariés souhaitent voir exécutées par l’IA ou l’automatisation, sont dans l’ordre, le traitement fastidieux et fréquent des documents, la saisie de données (31 %), la mise à jour régulière des outils, systèmes ou fichiers (25 %) et enfin, la gestion des e-mails (23 %).
Il faut cependant rappeler qu’aucun outil et singulièrement l’IA, n’échappent pas aux règles communes. Ils doivent s’appuyer sur une stratégie et une vision claires de l’organisation de travail et, particulièrement sur une gouvernance efficace des données. Le comparatif des divers modèles de langage (LLM) passe avant tout par une collaboration étroite entre industriels, chercheurs et entreprises.