Les Français ont une curiosité grandissante pour l’IA. Même s’ils expriment des avis partagés sur ses bienfaits potentiels, ils comptent sur les entreprises européennes pour la souveraineté dans ce domaine, ainsi qu’une régulation plus forte pour mieux protéger les citoyens et les consommateurs.

Il fut un temps où la France était considérée comme une terre de résistance, n’aimant pas le changement et prenant son temps pour l’adoption des nouvelles technologies. Ce fut le cas lors de l’arrivée massive des premiers micro-ordinateurs à la fin des années 70, et jusqu’au milieu des années 90, puis de l’adoption d’Internet durant la première moitié des années 90 et enfin des services et du commerce en ligne dans les années 2000. Fidèle à son image de gaulois dubitatif, le Français observe, soupèse, s’interroge puis décide. Les articles de l’époque sur « retard français » étaient nombreux et l’expliquaient principalement par le succès du Minitel qui freinait l’adoption des technologies informatiques.

On remarquera que ce processus est sélectif. Il ne s’applique pas à toutes les technologies, car la France n’a jamais connu de retard dans l’adoption du smartphone et des technologies mobiles par exemple. Et c’est ce qui se passe actuellement concernant l’IA générative. D’après la dernière étude Ipsos pour Sopra Steria, 63 % des Français « expriment des sentiments positifs » vis-à-vis de ChatGPT. C’est bien plus qu’une observation distante, même bienveillante, le sentiment est franchement positif pour une majorité de Français, selon l’étude.

Une curiosité grandissante pour l’IA

Sopra Steria et l’institut Ipsos ont mené une enquête auprès d’un échantillon représentatif de la population française pour comprendre leurs perceptions de l’intelligence artificielle. Les résultats montrent que les Français ont une curiosité grandissante pour l’IA et que cette innovation ne suscite pas un rejet massif. L’étude ne dit pas s’il y a méfiance et à quelle proportion elle se situe, mais il est fort à parier que celle-ci a été rapidement balayée par l’effet du lancement de ChatGPT sur les éventuelles résistances. LE POC grandeur nature a été plus que réussi.

Bien qu’ils ne comprennent pas toujours de quoi il s’agit exactement, 81 % des Français déclarent savoir ce qu’est l’IA, seulement un quart d’entre eux dit comprendre très bien cette technologie. En parallèle, ChatGPT, l’outil devenu emblématique des services que peut rendre l’IA, est désormais connu par la majorité des Français (67 %), qui expriment avant tout de la curiosité (48 %) et de l’intérêt (33 %) pour cette innovation.

La souveraineté est une affaire européenne

Toutefois, s’ils entérinent sans difficulté son utilité, les sondés ont des avis partagés sur les bienfaits potentiels de l’IA. Alors que la plupart d’entre eux pensent qu’elle est un facteur de progrès qui va améliorer les conditions de travail des personnes ayant des emplois constitués de tâches répétitives (59 %), ils sont également conscients que l’avènement de l’intelligence artificielle va transformer de nombreux métiers, tels que ceux de conseiller bancaire (49 %) ou encore d’enseignant (49 %).

En ce qui concerne les futures règlementations sur l’intelligence artificielle, les Français se révèlent sensibles aux discours sur la souveraineté, qu’ils considèrent comme une affaire collective européenne. Ils accordent davantage leur confiance aux entreprises européennes du numérique pour contribuer à l’indépendance de l’Union. Ces dernières suscitent en effet plus de confiance (45 %) que de défiance (41 %) sur le sujet de l’intelligence artificielle. Cette confiance s’accompagne d’un souhait exprimé pour une régulation plus forte : 71 % des Français pensent ainsi qu’il est nécessaire de réguler davantage afin de mieux protéger les citoyens et les consommateurs.

Les acteurs européens du numérique ont donc un rôle fondamental à jouer dans la construction d’une règlementation européenne efficace sur l’intelligence artificielle, puisqu’ils disposent à la fois des compétences d’analyse du marché et d’une excellente connaissance de ces innovations technologiques.