En quelques mois, l’IA générative a radicalement modifié le rapport à certaines tâches de millions d’utilisateurs qui ne peuvent plus s’en passer. Bien que l’IA, généralement à base de règles et d’arbres de décision certes, est utilisée depuis des décennies, sa version générative, à base de réseaux neuronaux et de moteurs d'inférence, s’est répandue à une vitesse jamais vue par les spécialistes du marché. Elle a été spectaculaire et à l’origine d’une activité frénétique d’un écosystème pressé de se positionner en bas d'une courbe qui promet un décollage à la verticale, certains avec des applications à part entière, grand public ou professionnelles, et d’autres en développant des extensions pour les navigateurs et des applis pour les smartphones.
Toutefois, malgré des cas d’usage de plus en plus nombreux (améliorer la logistique ou le service à la clientèle par exemple), les entreprises n’en sont qu’aux balbutiements dans leur approche de l’intégration de l’IA dans leurs processus. Ceci, même si certains utilisateurs en entreprise ont déjà pris de l’avance et utilisent les services cognitifs quotidiennement pour accomplir certaines tâches.
La France reste fidèle à sa culture du doute…
Selon une étude publiée par Accenture et portant sur environ 1 200 entreprises dans le monde, seuls 12 % des entreprises ont atteint un niveau de maturité suffisant en matière d’IA pour soutenir leur croissance. Un quart des entreprises a atteint un certain niveau de maturité en matière d’IA, tandis que les 63 % restants (la majorité) sont encore en train de tâter le terrain. En termes de perception, les entreprises oscillent entre le doute et l’enthousiasme, suivant en cela les réactions de leurs employés et reflétant globalement la vision qu’en a le public en général.Dans ce paysage en formation, la France reste fidèle à sa culture du doute, qui, dans le meilleur des cas, est un doute philosophique, informé, qui pose la question de la place de l’humain dans cette (r)évolution. Malheureusement, nous vivons une époque où le doute irrationnel est devenu le conformisme des temps modernes. Dans le grand public, il est alimenté par la peur de perdre son emploi au profit de l’intelligence synthétique. Dans bien des cas, cette peur est nourrie, au mieux, par des croyances et des postures intransigeantes parce que pauvre en données analytiques, et au pire, par les théories fumeuses d’un complot mondial.
… et prend du retard
Par conséquent, et sans surprise, une étude menée par GetApp auprès des employés français révèle que les entreprises françaises sont en retard par rapport à leurs voisines européennes en matière de déploiement de l’IA générative. Seulement 29 % des employés français interrogés estiment que l’IA générative est un outil important pour leur entreprise et l’ont déjà étudié en profondeur, contre 51 % pour les salariés allemands, 36 % pour les salariés espagnols et 34 % pour les salariés italiens. Ceci, malgré le fait que l’intérêt pour cette technologie reste grandissant en France, puisque 63 % des employés interrogés affirment que leur organisation commence à étudier l’introduction de l’IA générative dans ses méthodes de travail.Pourtant, selon l’étude, la grande majorité des répondants voit d’un œil positif l’utilisation de l’IA générative dans leur travail, avec 71 % d’entre eux déclarant que ces outils améliorent les performances de l’organisation. Parmi les avantages cités, on retrouve notamment l’amélioration de la productivité et de la créativité (respectivement 36 % et 32 %), ainsi que l’optimisation de l’analyse et de la synthèse de données ou la réalisation de tâches répétitives (29 % chacun). En outre, 67 % des employés interrogés pensent que l’IA générative permet à leur entreprise d’avoir un avantage compétitif.
Se former et s’informer
Certes, l’IA générative peut comporter des limites et des risques, notamment en matière de cybersécurité et de protection des données personnelles. Mais les répondants lui trouvent un autre défaut, ils affirment que cette technologie n’est pas encore capable de supplanter la réflexion humaine. Ainsi, seuls 15 % et 14 % des employés jugent que l’IA générative est particulièrement efficace pour la prise de décision et la compréhension des concepts.Rappelons que cette vision place inconsciemment l’IA comme remplaçante de l’humain pour prendre des décisions et lui attribue, par méconnaissance, les mêmes qualités réflexives que l’humain. Rappelons que ce n’est pas son objectif et que la prise de décision de l’IA peut se justifier dans certains domaines, les microdécisions à haute fréquence par exemple, mais pas dans tous. De fait, se former et s’informer, à titre individuel ou professionnel, reste la meilleure façon d’appréhender cette technologie déroutante pour beaucoup.