La dette technique ne se limite pas au code ou aux systèmes obsolètes, mais elle englobe aussi les aspects liés à l’expérience utilisateur, aux données et aux processus, ainsi qu’à la connaissance. Toutefois, si elle présente des risques, elle est aussi une opportunité pour la transformation numérique des organisations.

La dette technique a été définie jusqu’à présent comme l’utilisation de code ou de systèmes obsolètes. Selon une étude commandée par DXC Leading Edge, une entreprise de recherche et de conseil, auprès de 750 dirigeants de l’information et de la technologie, il faut redéfinir le concept de dette technologique pour l’élargir à tout ce qui obère les capacités d’évolution des entreprises.

« L’appellation dette technologique est erronée », affirment les rédacteurs de l’étude, car en fait elle dépasse largement le cadre technologique et « englobe la dette liée à l’infrastructure, aux applications, à l’expérience utilisateur (UX), aux données et aux processus, ainsi que la dette de connaissance résultant de la diminution de l’intelligence systémique et d’une gestion inefficace ».

La dette technique diffère de l’obsolescence ou de la dépréciation en ce sens qu’elle ne représente pas un coût tangible, mais plutôt un préjudice potentiel pour la réussite d’une organisation. L’obsolescence désigne le fait d’être dépassé ou de ne plus être utilisé, tandis que la dépréciation désigne la diminution de la valeur d’un actif au fil du temps. La dette technique peut être beaucoup plus perturbatrice pour le succès d’une organisation.  

Deux cas de dette technique créée involontairement

L’étude de DXC a ainsi révélé que seuls cinq répondants ont déclaré que la dette technique ne figurait pas dans leur registre des risques. Les 745 autres ont indiqué qu’elle y figurait explicitement ou qu’elle était un sous-ensemble d’un autre poste. L’enquête a également révélé que 46 % des responsables informatiques ont indiqué qu’ils « rencontrent très souvent des restrictions » ou que « la dette technologique a un effet dramatique » sur la capacité de leur organisation à poursuivre la transformation numérique ou à se développer.

Les rédacteurs de l’étude citent deux exemples, entre autres, de processus qui ont mené à la création d’une dette technique sans même que les employés ne s’en aperçoivent. La dette UX, par exemple, qui « peut ne pas être considérée traditionnellement comme une dette technique, et peut passer inaperçue lors d’une évaluation uniquement axée sur la technique ». Un autre exemple concerne la dette des données, lorsque celles-ci sont incohérentes, corrompues ou fausses. Selon l’étude, la modernisation de la gestion des données est une priorité pour 38 % des répondants, ce qui en fait la deuxième priorité pour les entreprises interrogées. Du point de vue des experts de DXC, une meilleure exploitation des données et l’automatisation, même s’ils remontent beaucoup de données et de métadonnées, ne suffisent pas. Encore faut-il pouvoir les comprendre, les capturer et les utiliser efficacement.

Ils citent aussi le cas d’une entreprise où les stratégies de contournement des employés ont généré une dette technique relative aux données. « Dans notre recherche, nous avons rencontré une entreprise où les gestionnaires utilisaient une solution de contournement pour un système de feuilles de temps afin d’atteindre leurs objectifs et les indicateurs clés de performance (KPI). Cela fonctionnait bien pour tout le monde (et maintenait les auteurs du système de feuilles de temps dans une douce ignorance), jusqu’à ce que le conseil d’administration de l’entreprise décide d’automatiser l’estimation du travail en se basant sur les données passées. Soudain, la dette de données a fait surface, et l’organisation s’est retrouvée à chercher des mesures créatives pour la surmonter ».  

La dette technique est une occasion à saisir 

Ayant ainsi élargi le concept, les rédacteurs de l’étude énoncent que les effets de la dette technique dépassent de loin l’obsolescence opérationnelle des outils technologiques vieillissants de l’entreprise. Les dégâts peuvent être considérables et limiter la capacité d’une organisation à s’adapter au changement, à poursuivre sa transformation numérique et à se développer. « La dette technique peut également bloquer le chemin de l’innovation et conduire à une sous-optimisation qui devient, au fil du temps, de plus en plus difficile à annuler », préviennent-ils.

Selon les rédacteurs du rapport, « les données suggèrent de réimaginer la dette technologique non comme un problème à résoudre, mais comme une opportunité à saisir dans le cadre des efforts de modernisation de n’importe quelle organisation ». L’étude souligne l’importance de développer la flexibilité et l’adaptabilité des organisations et de leur personnel pour les protéger contre les perturbations liées à la dette technologique.