Voilà bien une histoire qui pourrait inspirer les scénaristes de séries américaines, les déboires d’Uber, de son fondateur, Travis Kalanick, de sa direction générale, et la révolte d’une partie de ses investisseurs, sur fond de pratiques douteuses et de sexe... Tout pour satisfaire le téléspectateur blasé !
Un drame se joue sous nos yeux, celui de la tentative désespérée d’un chef de fil du numérique, Uber, pour survivre à une annus horribilis. Une saison marquée par des scandales, implacables pour certains, l'accumulation des révélations sur des pratiques douteuses, et d’autres qui sont probablement encore enfouies et ne demandent qu’à être dévoilées. Et qui se termine par un cliffhanger magistral, la démission de son CEO et fondateur, Travis Kalanick.
Pourtant, celui-ci pensait avoir verrouillé sa position en ayant le contrôle sur la majorité des actions de l’entreprise avec droit de vote. Mais il lui a été difficile de résister à la révolte de ses actionnaires, en particulier de 5 investisseurs qui représentent environ 40% du contrôle d’Uber, emmenés par le virulent Bill Gurley, investisseur et membre du conseil d’administration d’Uber.
Annus horribilis, donc, qui a débutée avec la publication d’une blogueuse reprise par les réseaux sociaux sur le sexisme de la direction d’Uber, depuis largement confirmé dans les faits. Un véritable missile balistique qui le premier a ébranlé les fondations d’une jeune entreprise dont la valeur est estimée à 60 milliards de dollars ! Et accentuée par l'attitude du patron et de son équipe de direction, sa bande de copains...
La vision de la presse et des technos anti Trump américaines
La presse américaine s’est emparée de l’événement, et certains journalistes lui ont donné une tournure inattendue pour notre regard européen. L’éjection de Kalanick, quelle que soit sa forme, serait également un signe d’hostilité des milieux financiers contre le Président Trump. Ce dernier, gorgé de sa victoire lors d’une récente élection spéciale au Congrés qui concernait la Géorgie, que son opposition pensait acquise, sera certainement plus troublé par le départ du patron d’Uber.
En effet, Donald Trump a peu d’appuis parmi les dirigeants des grandes entreprises américaines, en dehors des pétroliers, de quelques industriels protectionnistes et des opérateurs télécoms qui d’ailleurs ont sû récolter les dividendes de leur soutien au candidat. Mais quasi aucun soutien parmi les entreprises technologiques. A l’exception notable de Travis Kalanick, qui incarne (incarnait…) l'esprit et la tactique du nouveau président : des règles de rupture, à chaque fois que cela est possible, accorder la priorité à la réussite, afficher des comportements sexistes, et promouvoir un faux populisme tout en étant capable de vendre sa mère ! Kalanick avait même participé au premier conseil consultatif de Trump, ce qui était prévisible, avant de quitter le groupe, emporté par la vague de hacks qu’il avait soulevée.
Pour la presse américaine, donc, l’éviction de Kalanick serait à associer à l’hostilité de l’industrie technologique contre Trump. Et à la prise de conscience de ses pairs du rôle que portent ces entreprises pour construire notre futur… Mais là, nous sommes moins sûr du discours qu'ils portent !
Que se passera-t-il dans la saison 2 ?
Le départ de Kalanick donne probablement à Uber sa première vraie chance d'appuyer sur le bouton ‘réinitialiser’ et de voir combien peut être sauvé de son héritage. La première question qui se pose est de savoir qui prendra sa succession ? Une femme serait un signe fort donné à la communauté, mais face aux copains de l’ex qui contrôlent le Comex et sont en partie à l’origine des déboires du groupe, il lui sera difficile de trouver sa place. Un proche de Travanick porterait un autre message…
Qui que ce soit, il lui faudra assumer l’héritage d’une épave marquée par une gestion toxique et des lacunes éthiques. Et continuer d’œuvrer à la création d’un service transformationnel qui a commencé à remodeler nos villes. Un beau sujet pour une série américaine, n’est-ce pas ?