La reprise économique, l’explosion du numérique et la transformation des organisations entrainent une hausse importante du recrutement des cadres, principalement dans le digital. Mais également une guerre des talents que se livrent les entreprises pour attirer les compétences sans pour autant vraiment jouer sur les salaires !
L’année 2017 s’est terminée sur un chiffre de 240.000 cadres recrutés par les entreprises françaises, un record depuis 25 ans. Et l’année 2018 devrait dépasser ce chiffre, d’environ 10 % selon l’APEC, ce qui devrait porter les recrutements de cadres en France métropolitaine dans une fourchette de 250.000 à 265.000. Dans le même temps, avec une confiance des entreprises comme des candidats élevée, le taux de chômage devrait reculer à 3,5 %, un niveau historiquement bas.
L'informatique et le numérique en première ligne
Les fonctions les plus recherchées en 2017 étaient principalement liées aux nouvelles technologies (digital), essentiellement sur les fonctions techniques de ce secteur, suivies par le marketing, la R&D (innovation), et les fonctions logistiques/achats. Une tendance qui se prolongera en 2018, avec une embellie sur les recrutements de cadres dans les fonctions informatiques, marketing, commerciales et études, et la R&D.
La tendance est également grandissante sur le recrutement de cadres de plus en plus experts et de moins en moins manageurs. Cette situation provient d’un contexte favorable qui privilégie les hauts potentiels et leur capacité à s’adapter à l’évolution des fonctions et des compétences.
Le retour des PME
Phénomène inattendu, le recrutement dans les PME de moins de 100 salariés a augmenté de plus de 23 % depuis le début de l’année 2018. Elles sont à la recherche de cadres performants, polyvalents et entreprenants. Et elles leur proposent des projets avec des responsabilités larges.
La question du salaire se pose, évidemment. Les PME n’ont pas toutes les moyens de proposer des salaires et des avantages – variable, intéressement, voiture de fonction, comité d’entreprise - équivalents à ceux des grandes entreprises. Cependant, la proposition et les perspectives, ainsi que la localisation séduisent les cadres à potentiel, comme des responsabilités, plus d’autonomie, de management, et l’ouverture au capital.
Notons qu’aujourd’hui chez les cadres l’aspect salarial n’arrive qu’en septième position parmi les motivations des candidats. Il est précédé du projet de l’entreprise et de l’intérêt du poste, du cadre de vie dans la société, avec un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, ainsi que d’une série de paramètres plus liés à la fonction et à la position dans l’entreprise.
La guerre des talents
Les grands groupes n’ont pas encore revu leur stratégie de rémunération, le salaire n’est donc plus la priorité des cadres (nous l’avons évoqué plus haut, il ne se place qu’en 7ème position dans leurs motivations). Mais cela pourrait changer, sous l’effet de la reprise économique qui se traduit par des hausses des loyers, des taux d’intérêts et des prix des services.
Ce phénomène est particulièrement prégnant dans certaines régions. Les cadres sont attirés par le cadre de vie de régions, comme l’Ouest ou le Sud, et des villes comme Bordeaux, Nantes, également Lyon et Marseille. La région parisienne, qui représente plus de 20 % des empois de cadre, avec ses loyers et ses temps de transport, n’est plus considérée comme l’Eldorado pour le cadre qui va privilégier son équilibre de vie personnelle et professionnelle, plus que son salaire ou sa carte de visite.
Ce sont tous ces éléments - évolution des fonctions, transformation des organisations, compétences technologiques, reprise économique et démographie de la France - qui entraînent la guerre des talents. Et pour faire face à la hausse du coût de la vie, les entreprises vont devoir procéder à des augmentations des salaires des cadres, entre 3 et 5 % dans les deux prochaines années.
Source : « Etude salaires 2018 » de Maesina International Search (Aon Hewitt)
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