La question ci-dessus n’est pas spéculative ni rhétorique, loin de là. Des entreprises y songent tandis que d’autres ont déjà mis l’IA au travail au plus haut niveau décisionnel. Mais de là à prendre le contrôle d’une entreprise, l’IA a encore des progrès à faire, notamment dans le management.
Contrairement à tous les outils inventés par l’homme, l’ordinateur est la seule machine à être multitâche et multifonction. Une machine puissante, capable de traiter un nombre incalculable de problèmes, mais pas autonome. En effet, jusqu’à l’arrivée de l’IA, l’ordinateur ne pouvait prendre aucune initiative sans un déclencheur prédéfini, humain ou automatisé. De plus, les algorithmes ne prenaient pas de décisions autonomes. Celles-ci étaient consignées dans un ensemble de choix modélisés dans un arbre de décision, donc prévisibles et limitées.
Désormais, avec la vague de technologies cognitives, automatisées et immersives, ce n’est plus le cas. Les machines commencent à remplacer l’homme dans les tâches répétitives et modifient la nature du travail dans beaucoup de domaines. Mais l’IA peut-elle remplacer les décideurs ?
L’IA membre d’un conseil d’administration
Il faut croire que la réponse est oui, si l’on se réfère à la décision prise par une entreprise de capital risque hongkongaise. En effet, Deep knowledge ventures a, en mai 2014, nommé une IA, baptisée Vital, à son conseil d’administration. Spécialisée dans le financement d’entreprises du secteur de la santé, Deep knowledge ventures était lassée du taux d’échec (93 %) de ses recherches et a décidé d’utiliser l’IA pour l’analyse des données bien au-delà de la seule analyse scientifique.
Vital intègre dans ses analyses les données scientifiques, les historiques des subventions, les demandes et historiques des brevets, les essais cliniques et même les biographies des membres des équipes des entreprises auxquelles elle s’intéresse. Sans surprise, Vital a découvert des modèles qui permettent d’identifier les facteurs de risque d’échec. Dans ce cas, et munie d’informations essentielles, l’IA a tout naturellement trouvé sa place dans le processus de prise de décision de l’entreprise, au plus haut niveau.
Il lui manque le facteur humain
Néanmoins, Vital n’est pas à proprement parler un membre du conseil d’administration, c’est un support à la décision, utilisé au même titre que les tableaux Excel étaient utilisés dans l’ancien temps pour condenser les données d’un problème. Ceci dit, l’avantage concurrentiel d’une IA au plus haut niveau décisionnel apporte indéniablement un avantage concurrentiel selon
Dmitry Kaminkiy le fondateur de Deep knowledge ventures. Elle permet d’éliminer les modèles les moins intéressants pour se concentrer sur ceux qui portent un potentiel de réussite.
Bien qu’elle n’indique pas si l’IA est prête à remplacer les cadres supérieurs et les patrons, l’expérience de Deep knowledge ventures permet au moins de se rendre compte, si besoin était, qu’une stratégie analytique et un état d’esprit ouvert font sens. Car si l’IA peut aider à la prise de décision au plus haut niveau, elle est encore incapable de faire du management : il lui manque le facteur humain.
D’un autre côté, c’est une erreur, voire un manque de discernement, que de réduire les technologies cognitives au seul bénéfice d’offrir de meilleurs produits et services aux clients. C’est bien plus que cela.
Source : diverses