Deux ans après le lancement de l’initiative France Num, la DGE (Direction générale des entreprises a confié aux cabinets de conseil BCG et EY une étude afin de faire le point et « définir les priorités des actions à conduire pour la deuxième phase de l’initiative ». Trente entretiens avec des dirigeants de TPE et une enquête en ligne auprès de mille TPE/PME ont permis d’établir cinq typologies de TPE/PME au regard de la transformation numérique.

Menée pendant une période charnière (de décembre 2019 à mars 2020), l’étude confirme le lien fait par les dirigeants des TPE/PME entre mieux communiquer, développer sa clientèle et le numérique. En fait, 68 % des répondants considèrent que le numérique représente un bénéfice réel pour leurs entreprises. Pour eux, les projets numériques ont pour objectif principal une meilleure communication avec les clients (72 %). Par ailleurs, le numérique est considéré comme un atout fonctionnel, permettant la mobilité et ouvrant de nouvelles possibilités.

Pour les répondants, la pertinence d’une offre numérique repose sur quatre attributs : elle doit permettre un retour sur investissement visible et rapide ; être simple et intégrée aux processus de l’entreprise ; être pérenne et stable dans le temps, et servir l’humain. Ils sont 50 % à considérer que le numérique facilite la communication avec les employés et les collaborateurs, et seulement 36 % ont peur de se faire pirater des données.

Cinq profiles de TEP/PME face au numérique

L’étude identifie 5 typologies de TPE/PME dont les caractéristiques varient en fonction de leur aisance avec le numérique et de leurs perspectives de développement.

1Le type Prudent (15 %)

Les dirigeants de ce type ne sont pas à l’aise avec le numérique et se sentent en retard par rapport à leurs pairs. Leurs priorités sont de diminuer leurs charges et coûts de production, de fidéliser leurs clients et de protéger la réputation de l’entreprise. Ce qui les motive c’est de gagner de l’argent, servir leurs clients et la fierté de leur réussite, et 59 % d’entre eux considèrent que le numérique ne représente pas un réel bénéfice pour leur entreprise.

Pourtant, ils sont en majorité connectés et mobiles (79 % d’entre eux ont un smartphone). Mais peu sont aussi équipés d’un logiciel de gestion (37 %), ou sont présents sur les réseaux sociaux (21 %) et possèdent un site internet institutionnel (15 %). Et ce, malgré le fait que 50 % d’entre eux sont conscients que le numérique est un moyen de communiquer avec ses clients.

Le manque de connaissance, de temps et de compétence les freine pour s’engager dans le numérique. Pour s’engager dans le numérique, 55 % préfèrent ne pas être accompagné, 33 % privilégient une formation en ligne et 29 % une formation centrée sur son secteur d’activité. La taille de ce segment est estimée à 390 000 entreprises. Il est particulièrement représenté dans les secteurs Services à la personne et Tourisme/Hébergement.

2Le type Demandeur (28 %)

Ils ont de nombreux projets, mais ne sont pas à l’aise avec le numérique et se sentent modérément en retard par rapport à leurs pairs. Leurs priorités sont d’augmenter leur base client, de les fidéliser et de produire plus. Ce qui les motive est de servir leurs clients, faire progresser leurs employés et la fierté de leur réussite. Ils considèrent à 71 % que le numérique représente un bénéfice réel pour leur entreprise.

Les Demandeur sont plus nombreux que les Prudent à avoir un site internet institutionnel (44 % vs 15 %), à être présents sur les réseaux sociaux (51 % vs 21 %). Une petite proportion vend en ligne (8 % ont un site marchand et 6 % vendent sur des places de marchés). Ils sont conscients à 66 % que le numérique permet de communiquer avec ses clients et à 50 % avec ses salariés.

Le manque de temps, la difficulté à trouver le bon interlocuteur et le manque de connaissance les freinent pour s’engager dans le numérique. Comme accompagnement au numérique, ils privilégient à 36 % une formation centrée sur leur secteur d’activité, à 35 % une formation à des outils numériques spécifiques et à 29 % l’accès à des facilités de financement. La taille de ce segment est estimée à 705 000 entreprises. Il se trouve notamment en zone rurale et dans les secteurs Agriculture et Commerce/Artisanat.

3Le type Réceptif (25 %)

Les dirigeants de ce type ont de nombreux projets, ils sont relativement à l’aise avec le numérique, se sentent peu en retard par rapport à leurs pairs. Leurs priorités sont d’accroître leur visibilité, d’augmenter leur base client, de faire évoluer leurs offres de produits et de services. Ce qui les motive est d’être à la pointe de la modernité, d’être fiers de leur réussite et de faire progresser leurs employés. Ils considèrent à 80 % que le numérique représente un bénéfice réel pour leur entreprise.

Une proportion importante des Réceptif est équipée ou utilise des outils numériques sophistiqués :

  • près de la moitié (47 %) a un logiciel de gestion,
  • 18 % ont un site marchand,
  • 11 % vendent en ligne sur une place de marché,
  • 20 % achètent des mots-clés pour être mieux référencé sur les moteurs de recherche,
  • 25 % utilisent des plateformes d’échange de documents en ligne,
  • 55 % sont présents sur les réseaux sociaux.

Le financement, la difficulté à trouver le bon interlocuteur et le manque de compétences les freinent pour s’engager dans le numérique. Pour l’accompagnement numérique, 40 % privilégient l’accès à des facilités de financement et la mise en relation avec des prestataires de confiance, 35 % souhaitent des formations au numérique centré sur leur secteur d’activité.

La taille de ce segment est estimée à 650 000 entreprises. Cette typologie est surreprésentée dans le secteur de l’industrie.

4type Statique (29 %)

Les dirigeants de ce type ont quelques projets de développement, sont relativement à l’aise avec le numérique et se sentent modérément en retard par rapport à leurs pairs. Leurs priorités sont de fidéliser leurs clients, protéger la réputation de l’entreprise, être conformes à la règlementation.

Ce qui les motive est d’être fidèle à leurs fournisseurs, de savoir être prudent et de prendre des risques calculés. Ils considèrent à 68 % que le numérique représente un bénéfice réel pour leur entreprise. Cependant, les Statique gardent une certaine distance avec les outils de communication numérique, seulement 78 % d’entre eux ont un smartphone et 32 % sont présents sur les réseaux sociaux. Ils utilisent des outils numériques pour être plus efficaces, 17 % d’entre eux ont adopté des plateformes d’échange de document en ligne (vs 4 % pour les Prudent) et ils sont 48 % à considérer que ce type d’outil permet de gagner du temps.

Le manque de temps, le manque de compétence et de connaissance les freinent pour s’engager dans le numérique. Pour l’accompagnement numérique, 40 % ne souhaitent pas être aidé, 33 % souhaitent des formations au numérique centrées sur leur secteur d’activité et 30 % des formations à des outils numériques spécifiques. La taille de ce segment est estimée à 745 000 entreprises. Il concerne notamment les services spécialisés, les services à la personne et le tourisme/hébergement.

5Le type Opportuniste (3 %)

Les dirigeants de TPE/PME de type Opportuniste ne sont pas représentatifs des dirigeants de TPE/PME françaises (ils constituent 3 % de l’échantillon interrogé). Ils sont entièrement autonomes avec le numérique, sont motivés par l’innovation et la modernité et n’ont pas de freins avec le numérique.

Ils ont pour particularité d’être passionnés par le numérique (79 % d’entre eux sont tout à fait d’accord avec cette opinion, soit un écart de 65 points par rapport à l’ensemble de l’échantillon interrogé), ils perçoivent le numérique comme un bénéfice réel pour leur entreprise (67 % sont tout à fait d’accord avec cette opinion, soit un écart de 40 points comparé à la moyenne des dirigeants de TPE/PME). La taille de ce segment est estimée à 80 000 entreprises.