Une étude réalisée par l’UKTPO et Chatham House, qui a expérimenté les scénarios de déclinaison du Brexit, révèle que l’économie de la Grande-Bretagne va souffrir de son éloignement de l’Union européenne, et perdre 1.500 emplois high-techs tous les 100.000 habitants.
Voilà bien longtemps que nous n’avons pas évoqué le Brexit. La Grande-Bretagne et l’Union européenne ont entamé leurs discutions, et l’on s’oriente doucement vers la séparation.
De nos voyages à Londres et dans les iles britanniques, il ressort que de plus en plus de Britanniques regrettent ce départ, en particulier en Ecosse où nous étions récemment, ainsi que dans les milieux économiques et IT plus londoniens.
Pour autant, le mouvement est engagé, et les études sérieuses – par opposition aux dérives et ‘fakes’ qui ont accompagné le vote qui a abouti au Brexit – se font plus nombreuses qui pointent les dangers qui guettent l’économie britannique.
La dernière en date, « Which manufacturing sectors are most vulnerable to Brexit ? », dâtée de février 2018, a été réalisée par l’UKTPO (UK Trade Policy Observatory) de l’University of Sussex, et l’Institut Royal des Affaires Internationales Chatham House. Et cette très sérieuse étude a de quoi inquiéter l’économie britannique, tout comme celle de l’Europe car même hors de ses frontière, la Grande-Bretagne restera un pôle d’influence pour l’ensemble du continent.
Une étude aux conclusions négatives…
L’Observatoire a concentré son étude sur les relations entre la Grande-Bretagne et trois groupes de pays - les 27 membres de l’EU, les 67 pays avec lesquels l’EU a signé le Free Trade Agreements (FTA67), et le reste du monde. 5 scénarios ont été placés en simulation, du retrait totale du marché européen à la signature du FTA.
Aucun de ces scénarios n’offre de conclusion positive, dans tous les cas l’industrie britannique va souffrir de son éloignement de l’EU, et cela dans les 122 secteurs qui la composent, même si les effets seront inégaux d’un secteur à l’autre. L’aéronautique, l’automobile et la pharmacie seront fortement touchées, avec un déclin de ces marchés supérieurs à 10 %.
Plus généralement, les Britanniques doivent s’attendre à une réduction de leur économie de 2 à 5,6 %, une baisse des exportations comme des importations, une hausse généralisée des prix, et des effets sensibles sur les emplois. Le scénario médian affiche un déclin des importations et des exportations supérieur à 20 %, et un repli des emplois de l’ordre de 5 %, avec des pointes à 10,4 % dans l’automobile et 8,1 % dans l’aéronautique !
L’impact sur la high-tech et les IT
Pour le secteur qui nous intéresse, les IT et le high-tech, l’Observatoire constate que si le Gouvernement britannique n’investit pas fortement dans la stratégie industrielle du secteur afin de soutenir les investissements dans l’innovation et la R&D, le déclin de cette économie sera également fort, avec une tendance à l’augmentation des coûts, de 2,0 à 9,2 % selon le scénario.
Ce sont principalement les emplois manufacturiers qui vont servir de tampon pour encaisser les effets négatifs du Brexit. Selon le scénario retenu et le secteur économique, le nombre d’emplois perdus dans l’industrie britannique variera de 1.000 à 10.000 pour 100.000 résidents actifs. Pour la high-tech et les IT, le chiffre retenu est de 1.500 emplois perdus par tranche de 100.000 actifs…
Notons pour terminer que si l’Observatoire a calculé que les exportations britanniques dans l’alimentaire devraient chuter de 6,9 % dans le scénario le plus favorable, à 38,4 % dans le moins favorable, il est un secteur qui s’inscrit à contre-courant et déjà se frotte les mains, anticipant une hausse (interne) de son activité jusqu’à 90 % : la production de macaronis !
L’étude de l’UKTPO peut être téléchargée ici (cliquer).
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