La FCC (Federal Communications Commission) a programmé pour le 11 juin l’entrée en application des nouvelles règles de l’Internet, qui permettront aux fournisseurs d’accès américains de bloquer ou ralentir l’accès au contenu, et de facturer le consommateur pour des services à large bande.
L’administration Trump continue de détruire ce qu’avait laborieusement construit Barack Obama. Nos confrères de Reuters ont dévoilé que la Federal Communications Commission (FCC), nouvellement dirigée par Ajit Pai, un républicain proche de Donald Trump, après avoir abrogé les règles de l’Internet ouvert établies en 2015, a fixé au 11 juin la date d’entrée en vigueur des nouvelles règles.
Précédemment, les règles édictées par l’administration Obama et proches de celles de la neutralité du Net, donnaient aux consommateurs un accès égal au contenu web, et interdisaient aux fournisseurs d’accès Internet de privilégier leurs propres services à large bande, c’est à dire de faire payer pour bénéficier de leurs équipements.
Depuis, le candidat Trump en campagne a reçu peu de soutiens de l’industrie IT, sauf étonnamment des opérateurs télécoms et fournisseurs d’accès Internet, Comcast, Verizon, AT&T, etc. Des soutiens qui, Trump élu Président, aujourd’hui passent à la caisse !
Politiquement, les républicains affirment que l’abrogation va éliminer la lourdeur des réglementations gouvernementales et encourager l’investissement. Ajit Pai, le président de la FCC, affirme même que « L'effet sera un accès internet meilleur, plus rapide, moins cher que l'internet gratuit et ouvert que nous avons depuis de nombreuses années ». Moins cher que gratuit, voilà qui est étonnant…
Concrètement, l’abrogation américaine de la neutralité du Net donne aux fournisseurs d’accès le contrôle d’un Internet à deux vitesses, avec la possibilité de bloquer ou ralentir le contenu afin de favoriser les ‘voies rapides’ forcément payantes. Ils se sont cependant engagés à ne pas discriminer le contenu légal… Piètre consolation pour les internautes américains !
Ces nouvelles règles vont avoir deux effets : elles donnent la priorité aux profits des fournisseurs d’accès, au détriment des consommateurs ; elles facilitent les pratiques de surveillance gouvernementale et les enquêtes couvertes par la FCC. Une bonne partie du Net provenant des USA, c’est toute la planète qui sera soumise à de possibles contraintes, à des ralentissements, et aux dérives sécuritaires des espions américains.
Notons cependant que la date du 11 juin n’est pas définitivement acquise, le Sénat américain, majoritairement démocrate, pourrait rejeter l’abrogation. Donald Trump mettra alors son veto. Et le projet sera renvoyé vers la Chambre des représentants, majoritairement républicaine… Et si les procédures s’allongent, l’affaire pourrait trainer jusqu’en novembre, et les élections sénatoriales à mi-mandat. Les démocrates espèrent un vote massif des jeunes électeurs ‘digital natives’ pour renverser la vapeur.
Mais le Président Trump aura certainement appuyé sur la pédale d’accélération afin de satisfaire ses ‘amis’ opérateurs et les remercier de leur soutien. Comme quoi la neutralité du Net peut tenir à pas grand-chose, mis à part un gros chèque pour faire élire un Président sans retenues, surtout quand son intérêt et celui de ses amis est en jeu...
Image d’entête 825684928 @ iStock Lutsina Tatiana