L'inventeur du World Wide Web (Web) affirme que l’influence des géants du Web est devenue si dominante voire néfaste, qu’ils doivent être ‘découpés’.
"Je suis déçu de l'état actuel du Web. Nous avons perdu le sentiment d’autonomisation individuelle et, dans une certaine mesure, je pense aussi que l’optimisme s’est fissuré.”
Agé de 63 ans, Sir Tim Berners-Lee, l’inventeur du Web en 1989, a exprimé dans une interview auprès de l’agence Reuters, sa déception à la suite des divers scandales liés à l’exploitation des médias sociaux pour diffuser la haine, et plus particulièrement à l’utilisation abusive des données personnelles par les géants du web.
Une goutte d'amour contre une goutte de haine
“Si vous mettez une goutte d’amour sur Twitter, elle semble se désintégrer, mais si vous y mettez une goutte de haine, vous avez l’impression que cela se propage beaucoup plus fortement. Et vous vous demandez : est-ce à cause de la manière dont Twitter a été construit en tant que média ?"
Citoyen britannique, ennobli par la Reine, et professeur au MIT (Massachusetts Institute of Technology) et à l'Université d'Oxford, Tim Berners-Lee semble avoir été particulièrement marqué par l’affaire Cambridge Analytica. Souvenons-nous, ce cabinet de conseil avait obtenu les données personnelles de 87 millions d'utilisateurs de Facebook, ce qui lui a permis d’influencer les élections américaines au profit du candidat Trump, et très certainement les élections britanniques au profit des partisans du Brexit.
Les GAFAM face aux Etats et à l'innovation
Tim Berners-Lee dénonce le pouvoir financier et culturel de ces acteurs, qui dépasse celui de la plupart des Etats souverains. La capitalisation boursière combinée des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) atteint 3,7 billions de dollars, soit le PIB (produit intérieur brut) de l'Allemagne en 2017 !
Pour autant, il montre un certain optimisme en plaçant ses espoirs dans les challengers capables de profiter de la vitesse de l’innovation technologique, ainsi que dans les changements de goût qui pourraient réduire l’influence des GAFAM. C’est ainsi que, “avant de les découper, nous devrions voir s'ils ne sont pas simplement perturbés par un petit acteur qui les élimine du marché, par le changement du marché, par l'intérêt qui va ailleurs".
Donc, pour résumer, accordons leur chance aux challengers technologiques et à l’évolution du marché et des habitudes de consommation avant de décider de tronçonner les géants du web...
Source : Reuters