Selon la dernière étude de McKinsey, entre 400 et 800 millions d’employés victimes de la robotisation devront chercher un emploi d’ici à 2030.
Les analystes de McKinsey publient régulièrement des études sur l’automatisation et la robotisation du travail. Elles font autorité car finalement trop peu d’études sont publiées sur l’impact des robots sur l’emploi, un sujet éminemment politique, et toutes ces études généralement se contredisent. McKinsey est donc assimilé à une référence sur ce sujet.
La dernière étude de McKinsey a évalué que le nombre total de postes qui seront impactés par les robots – comprenez nombre d’employés qui seront invités à rechercher un autre emploi ! - entre 2016 et 2030, sera de 400 à 800 millions dans le monde. La fourchette est large, mais le phénomène sera réel.
A minima 14% de la main d’œuvre mondiale
L’étude a porté sur 45 pays, ce qui a permis à McKinsey d’affiner ses prévisions sur cette sélection. Ce seront 375 millions d’emplois qui d’ici 2030 seront invités à changer de profession dans ces pays. Soit 30% des heures travaillées dans le monde. Ou encore 14% de l’ensemble de la main d’œuvre mondiale.
Tous les pays ne seront pas touchés de la même façon. Pour McKinsey, ce sont les pays développés qui seront les plus concernés par l’automatisation du travail. Ainsi en 2030, elle touchera :
- 46% des employés japonais ;
- 33% des employés allemands ;
- 32% des employés américains.
Pourquoi les pays développés ? Parce que les salaires et le coût du travail y sont tout simplement plus élevés !
Le prix bas de la main d’œuvre dans les pays émergents protège - pour combien de temps encore ? – les emplois dans ces zones géographiques dont les industries nous abreuvent de produits à l’origine créés et fabriqués dans nos contrées. Par exemple, la robotisation ne touchera que :
- 10% de la main d’œuvre mexicaine ;
- 13% de la main d’œuvre chinoise.
Un nouveau monde fait d’emplois et de formations
A l’opposé des tenants de la robotisation qui affirment que plus que supprimer des emplois, les robots vont en créer de nouveaux, par exemple pour piloter les robots, McKinsey dessine devant nous un scénario catastrophe, destructeur des emplois, et plausible !
Il décrit un nouveau modèle d’emploi où les salariés devront changer plusieurs fois de métier au cours de leur vie professionnelle, avec en corolaire la nécessité de se former à chaque nouvel emploi. La formation aura donc un rôle essentiel à jouer, celui de l’absorption des personnes en transition et du relai vers leurs futurs emplois.
Un nouveau modèle proche de l’intérim, qui associe les entreprises aux infrastructures d’emploi et de formation. Et peut-être quelques opportunités pour les personnes qui sauront faire preuve d’adaptabilité et de résilience, ce qui devrait se traduire par des revenus plus élevés. Le conditionnel s’impose ici…
La France figure peu dans ce scénario, la politique économique qui a amené à une certaine désertification de notre tissus industriel nous met à l’abri de cette tendance à la robotisation. Certes, mais elle a son corolaire, car comme aux Etats-Unis, le service sera assuré par des indépendants, le commerce et les loisirs par des personnes salariées au plus bas des grilles. IL n’est pas dit que ce sera une meilleure situation que pour les emplois industriels. Et McKinsey ne dit rien non plus là-dessus…
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