« Le nouveau gouvernement doit se concentrer sur l’investissement et la formation », estime le syndicat des professionnels du numérique, en arguant que le secteur du numérique a montré une résilience et une croissance durant la crise, sur lesquels il faut appuyer la relance.

La conférence semestrielle du Syntec Numérique vient de publier le bilan 2019 et les perspectives 2020 du secteur du numérique en France. L’organisation professionnelle présente un état des lieux du secteur et se positionne par rapport à la situation post-Covid-19, en traçant une perspective qui couvre, selon son expression, « le dernier acte du quinquennat ». En résumé, pour le Syntec, le numérique est la « cheville ouvrière de la relance, [et] doit irriguer l’ensemble des ministères et des industries. Investissements et formation seront les maîtres mots de la reprise ».

Dressant le bilan des mois passés, l’organisation professionnelle estime que le secteur a été affecté, mais est resté résilient grâce à la solidité de la demande. Comme beaucoup d’autres secteurs, la crise du Covid-19 a ralenti le dynamisme du secteur : en 2019, ce dernier affichait une croissance de 4,2 %. Après la crise, il prévoit une baisse de chiffre d’affaires de 6,7 % pour l’ensemble du secteur sur l’année 2020. Le ralentissement concerne les trois grandes activités que représente Syntec Numérique : les éditeurs de logiciels, les entreprises de services du numérique, et le Conseil en technologies (R&D externalisée) qui est le plus fortement touché en raison des impacts simultanés sur l’aéronautique et l’automobile.

Le cloud, un levier de croissance

Quant aux perspectives de redémarrage rapide, elles sont plutôt bonnes avec de légers signes de reprise, ceci grâce au redémarrage des projets en cours et la reprise de l’activité commerciale pour 86 % des entreprises. Dans ce contexte, ce sont les SMACS (Social-Mobility-Analytics-Cloud) qui sont les moteurs du marché, avec une croissance nette estimée à 450 millions d’euros en 2020, soit 3,2 % de plus qu’en 2019. Le cloud s’impose comme un levier de croissance : pour les entreprises interrogées, la demande d’achats de services sur le cloud public va augmenter de 8 % suite à la crise. Sur le marché du numérique, 24 % des entreprises prévoient d’investir dans le cloud pour mieux exploiter leur data et 24 % vont migrer leurs applications pour des raisons de disponibilité.

D’après les adhérents de Syntec Numérique, c’est le développement de nouvelles offres de services à forte valeur ajoutée (développement des offres cloud, nouvelles offres cybersécurité, développement d’offres autour de l’intelligence artificielle et machine learning…) qui constituera le principal levier de reprise du secteur en 2020. Le développement des offres cloud s’intensifiera, et atteindra 23 % de part de marché du secteur en 2020, soit une croissance de 9,1 % (19,4 % en 2019).  

Le SaaS reste sur sa lancée : dynamique

Bien qu’ils soient affectés par la crise (-3,6 % en 2020 contre +6,6 % de croissance en 2019), les éditeurs de logiciel n’en restent pas moins optimistes : plus de 8 entreprises sur 10 prévoient la reprise de leur activité dès le deuxième semestre de cette année et 40 % des éditeurs prévoient une croissance de leur chiffre d’affaires en 2020. Le modèle SaaS reste particulièrement dynamique : 86 % des entreprises prévoient soit la stabilité soit la croissance du marché en 2020.

Les activités de conseil souffrent plus que d’autres de la crise, avec une diminution des commandes qui s’est dégradée dans 83 % des cas au 1er semestre 2020. Seuls 12 % des sociétés de Conseil en Technologies prévoient une augmentation de leur chiffre d’affaires en 2020, contre 79 % en croissance en 2019.

Globalement, l’écart moyen entre la croissance 2020 estimée avant la crise et celle estimée après la crise sera de -11,6 % pour les acteurs les moins exposés, et de -23,4 % pour les acteurs les plus exposés (aéronautique, automobile…).

Le numérique peut-être un moteur de la relance

Pour éviter la fuite des talents à l’étranger et conserver les compétences en France durant cette période, l’accent doit être mis sur la formation, estime le Syntec Numérique. Il propose au gouvernement d’appliquer un nouveau dispositif, le FMDCI (Formation pour le Maintien et le Développement des Compétences d’Innovation), qui permettra d’enrichir les compétences des 50 000 ingénieurs et techniciens supérieurs de la R&D externalisée dans le cadre de la réalisation de nouveaux projets d’innovation.

Selon Godefroy de Bentzmann, président de Syntec Numérique, « le numérique a fait la démonstration de tout son potentiel de résilience et de croissance ». Il estime que le gouvernement doit prendre en compte le fait que le numérique n’est pas un secteur d’activité comme les autres, « c’est une cheville ouvrière qui permet d’accélérer l’innovation dans toutes les industries. Il faut intégrer le numérique dans tous les plans de relance sectoriels pour créer de l’emploi et gagner en compétitivité », explique-t-il, avant d’ajouter qu’« il faut lever les freins réglementaires à la dématérialisation des actes et des procédures, et pérenniser les bonnes pratiques mises en place durant la crise. Il faut aussi investir massivement dans les technologies et les compétences numériques en ciblant les talents et les technologies d’avenir ».