Après l’annonce de la stratégie nationale pour le cloud en mai dernier, Cédric O, a présenté le plan industriel de soutien à la filière cloud, avec un financement mixte, public-privé.
Le secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques a présenté le plan industriel de soutien à la filière cloud française, et dernier pilier de la stratégie nationale pour le cloud. À la clé, un financement public-privé de près de 1,8 milliard d’euros. Symboliquement, le Secrétaire d’État a présenté cette stratégie chez OVHcloud, premier acteur européen à se hisser dans le top 10 mondial des fournisseurs de cloud.
En effet, le gouvernement considère que le cloud constitue un potentiel économique indéniable pour l’Europe et pour la France, le Gouvernement a lancé le 17 mai 2021 une stratégie nationale pour le cloud qui vise à relever les défis posés par le cloud en matière de souveraineté économique et technologique et de protection de données. D’après les chiffres cités dans le dossier de présentation de la stratégie, le cloud représente un formidable vecteur de croissance économique : la croissance annuelle du chiffre d’affaires du secteur dépasse 25 %. Il pourrait atteindre la dimension du secteur des télécommunications d’ici 2030 et créer de nombreux emplois en France.
Une situation de monopole inacceptable
Le cloud présente également des enjeux de souveraineté. Le gouvernement estime que les Européens ne peuvent « plus faire preuve de naïveté : ce marché est dominé par des acteurs étrangers qui concentrent à eux seuls 69 % du marché européen, contre moins de 2 % pour les premiers industriels européens ». Cette situation de concentration, plutôt de presque monopole, fait peser un risque important en matière de souveraineté numérique, estime le gouvernement. D’autant plus que les acteurs internationaux du cloud sont soumis à des lois à portée extraterritoriale, « qui pourraient exposer les données des citoyens, des administrations et des entreprises à un risque important de captation ».
La présente stratégie mobilisera 667 M€ de financements publics, issus du Programme d’investissements d’avenir (PIA). Le secteur privé devrait y investir 680 M€, alors que 444 M€ de financements seront européens, soit 1,8 Mds € au total sur 4 ans.
Parmi ses priorités fixées par le gouvernement figurent la consolidation et le soutien aux offres françaises innovantes, y compris provenant du logiciel libre ; des aides aux acteurs français pour passer à l’échelle sur les technologies critiques très demandées, telles le big data ou le travail collaboratif ; et le développement de technologies de rupture à horizon 2025, telles que l’edge computing afin de positionner la filière européenne comme un futur champion.
Certains projets sont déjà sur les rails
Pour l’heure, vingt-trois projets de R&D, totalisant un montant de 421 M€ de financements publics, ont déjà été sélectionnés par l’État. 85 % des financements seront dirigés vers des PME, startups, et instituts de recherche, des projets open source ou des projets de relocalisation d’activités industrielles en France. Ils permettront de développer par exemple une nouvelle plateforme de edge computing pour l’internet des objets industriels (CEA, IMT, INRIA, System-X, Schneider Electric, Atos, Valeo, Véolia, Agileo, Dupliprint, MyDataModels, Nexeya, Prosyst, M&L, Solem, Tridimeo, Soben) ; des travaux sur des jumeaux numériques pour la smart city (Gandi, Easy Global Market, Green Communications, Issy Media, New Generation SR, SmartB et Télécom Sud Paris) ; une solution d’optimisation des ressources énergétiques dans un réseau edge-cloud (Platform.sh) ; une nouvelle plateforme cloud pour les acteurs de la recherche publique, avec des fonctions avancées d’IA et de calcul haute performance (Genci, OVHcloud, Atos, ActiveEon, CNRS, HUBBLO, INRIA, CS Group, Qarnot Computing) ; et un nouveau catalogue de solutions PaaS et SaaS sur une infrastructure SecNumCloud (Outscale, AUCAE, Jamespot, NAOR Innov, Rohde&Scharwz, Smart Global Governance, Stormshield, TRUSTHQ).
Une bataille difficile
Les prochaines étapes sur d’autres segments seront lancées prochainement : outils collaboratifs, technologies de rupture, talents et compétence, montée en puissance du cloud de confiance. Concernant le segment des offres de travail collaboratives (SaaS), un nouvel appel à manifestation d’intérêts sera ouvert avant la fin 2021.
Un appel à projets sera également ouvert au T1 2022 pour compléter le soutien aux projets de R&D, notamment ceux d’envergure européenne, ainsi que pour identifier de nouveaux projets disruptifs. L’État ouvre également des travaux avec les acteurs émergents sur un dispositif d’accompagnement à l’obtention du label cloud de confiance.
Selon Jean-Paul Alibert, président de T-Systems France, « La bataille va être difficile, les trois grands fournisseurs américains de cloud ont misé plus de 14 milliards d’euros dans les investissements européens au cours des quatre derniers trimestres. De plus ces entreprises s’allient avec des acteurs locaux pour segmenter le marché européen. Il sera aussi intéressant de voir comment ces 1,8 Milliards seront utilisés, dans le respect des règles Européennes… La solution viendra de l'Europe qui doit coordonner son marché et des états qui doivent jouer le jeu et engager des commandes auprès d'acteurs régionaux ».