Après la dure réalité d’une crise qui a servi de stress test grandeur nature, les priorités numériques du secteur de la santé en matière de cloud privilégient de plus en plus le multicloud comme approche de la transformation.

La 4e étude Enterprise Cloud Index (ECI) de Nutanix révèle que le secteur de la Santé n’est qu’aux premiers stades de l’adoption du multicloud malgré des déploiements en hausse. Historiquement peu porté sur les évolutions rapides, le secteur est resté sur une trajectoire de cloud privé, afin de garder le contrôle sur ses données. D’ailleurs l’étude l’affirme : 30 % des répondants du secteur de la santé déclarent que le cloud privé est leur modèle de déploiement informatique le plus courant.

Cependant, la crise est passée par là et a bouleversé le calendrier du numérique de l’institution. Le Ségur de la santé, suivi par le projet de loi PLFSS 2022 censé lui donner une réalité réglementaire, a amorcé l’effort de restructuration du secteur pour « bâtir un système de santé plus résilient ». Il était temps, car la tâche est titanesque. L’étude de Nutanix montre que les organismes de santé « semblent se trouver dans les premières phases de l’adoption du cloud et sont en retard par rapport à la moyenne des répondants mondiaux intersectoriels ».

Le multicloud reste un défi majeur pour les organismes de santé

C’est la raison pour laquelle l’adoption du multicloud dans le secteur de la Santé devrait passer de 27 % à 51 % au cours des trois prochaines années, conformément à la tendance mondiale d’évolution vers une infrastructure informatique multicloud qui englobe un mélange de clouds privés et publics. Cependant, malgré ce volontarisme, la complexité de la gestion au-delà des frontières du cloud reste un défi majeur pour les organismes de santé.

Ainsi, 92 % des personnes interrogées pensent que le succès passe par une gestion plus simple des infrastructures multicloud. Pour relever les principaux défis liés à l’interopérabilité, à la sécurité, aux coûts et à l’intégration des données, 90 % des répondants considèrent qu’un modèle d’exploitation informatique hybride multicloud comprenant plusieurs clouds privés et publics avec une interopérabilité entre eux est idéal.

Il n’existe pas d’approche unique du cloud

Bien que l’adoption du multicloud soit en hausse, la plupart des organismes de santé se heurtent à la difficulté de l’exploitation de plusieurs clouds, privés et publics. Questionnés sur les principaux défis rencontrés avec le multicloud, les répondants ont cité l’intégration des données dans les différents clouds (49 %), la gestion des coûts (48 %) et les problèmes de performance liés aux superpositions de réseaux (45 %). Des difficultés auxquelles se heurtent tous les secteurs, mas celui de la santé est handicapé par des défis qui lui sont propres. Plus de 84 % des répondants déclarent ne pas avoir les compétences informatiques nécessaires pour répondre aux demandes de l’entreprise, « la simplification des opérations sera probablement l’un des principaux objectifs de l’année à venir », affirment les rédacteurs du rapport.

Certes, les responsables informatiques reconnaissent qu’il n’existe pas d’approche unique du cloud, ce qui rend le multicloud hybride idéal selon la majorité des professionnels interrogés. La flexibilité des applications est au cœur des préoccupations, cartous les organismes de santé (100 %) ont déplacé une ou plusieurs applications vers un nouvel environnement informatique au cours des 12 derniers mois, déplaçant probablement les applications des environnements à trois niveaux existants vers des clouds privés. Ce qui semble cohérent avec la pénétration supérieure à la moyenne des clouds privés et des centres de données traditionnels dans le secteur de la santé.

Une migration coûteuse et chronophage

Pourtant, 80 % des personnes interrogées reconnaissent que la migration d’une charge de travail vers un nouvel environnement cloud peut être coûteuse et prendre du temps. Ils citent le plus souvent la sécurité (48 %) comme raison de la migration, dépassant la moyenne mondiale (41 %), suivie par le gain de contrôle de l’application (38 %) et l’amélioration des performances (36 %).

Malgré la difficulté de la migration, les priorités informatiques dans le secteur de la santé sur les 12 à 18 prochains mois restent élevées. Elles comprennent l’adoption de la 5G (47 %) et des services basés sur l’IA/ML (46 %), ainsi que l’amélioration du BC/DR (45 %) et de la gestion multicloud (44 %). Les répondants du secteur de la santé ont également déclaré que la pandémie les a incités à augmenter leurs dépenses informatiques dans des domaines tels que le renforcement de la posture de sécurité (62 %), la mise en œuvre d’une technologie de libre-service basée sur l’IA (60 %) et la mise à niveau de l’infrastructure informatique existante (48 %).