La crise a enfin permis la convergence de vues entre les DSI et leurs dirigeants. Elle n’a pas seulement accéléré le rythme et la priorité de la transformation digitale, elle en a également redéfini les fondements et élargi le rôle de la DSI.
La transformation numérique, catapultée à l’ordre du jour des conseils d’administration alors que les organisations se battent pour survivre, fait enfin consensus entre DSI et dirigeants (C-Suite). Alors qu’ils ont bataillé pendant des années pour encourager la transformation numérique de leurs entreprises, les DSI se retrouvent, du jour au lendemain, en face d’une direction générale qui est encore plus volontariste qu’eux pour accélérer le mouvement. Il faut dire que la crise est passée par là, et, ayant senti le vent du boulet suite au confinement, la C-Suite est à présent « plus royaliste que le roi ».
D’après une enquête de Fujitsu, People-Powered Technology : the CIO and Organisational Transformation, le consensus est en marche : 70 % des DSI et 64 % des dirigeants de la C-suite affirment que le Covid-19 a fondamentalement changé leur approche de la transformation numérique. Essentielle pour les collaborateurs et les clients, la transformation numérique est devenue, crise oblige, un élément stratégique de la continuité de l’activité, et par conséquent de la survie. Cette crise a également été bénéfique pour aplanir les divergences internes sur la meilleure manière d’atteindre « l’apogée numérique ».
Transformation et gestion du changement : même combat
Le virus a fait bouger les lignes et élargi le rôle de la DSI auprès de sa direction générale, car les perceptions se sont harmonisées. D’autant plus que la DSI s’est montrée à la hauteur des défis en ces temps difficiles. Le fait d’avoir pris en main la mutation et le soutien aux télétravailleurs au plus fort de la « tempête » a conféré aux DSI de nouvelles responsabilités à la tête du mouvement. À Présent, les vues sur les objectifs de la transformation se sont alignées, car selon l’étude, non seulement 69 % des dirigeants européens déclarent que le Covid-19 a accéléré leur feuille de route, ils estiment aussi que le virus a provoqué un changement fondamental dans leur approche.
L’une des conclusions les plus significatives de l’étude réfute l’idée que la transformation numérique est une question purement technologique : 63 % des dirigeants considèrent désormais la transformation numérique comme une gestion moderne du changement, avec 79 % de l’ensemble des répondants (DSI et C-suite) qui conviennent que « la transformation numérique signifie que le changement organisationnel est désormais continu ».
La nouvelle dimension relationnelle de la DSI
Plus que tout autre dirigeant, le DSI est inextricablement lié à la transformation numérique, et la C-Suite est d’accord : 82 % des personnes interrogées pensent que les DSI sont responsables de la transformation numérique, suivis de près par le PDG à 80 %. Souvent considérée comme un centre de coûts et hermétique dans son fonctionnement, la DSI, sans sortir de son rôle de garant de la gestion des services informatiques, a démontré, à l’occasion du confinement, sa capacité à dépasser les dimensions purement technologiques et de conseil, pour intégrer une dimension relationnelle, avec les employés isolés chez eux et aussi avec la direction et les services.
Car, explique le rapport, « même si la responsabilité du bien-être des employés a toujours incombé aux RH et aux DRH, l’aspect technologique de ce choc culturel signifie que les employés et les C-Suites se tournent également vers les DSI pour être mieux guidés ». Les répondants à l’enquête entérinent cette extension du rôle de la DSI : 74 % estiment que le changement de culture fait autant partie du rôle du DSI que de celui de la DRH. Alors que de plus en plus de cadres de C-Suite commencent à adopter la culture du changement, la plupart (76 %) estiment que les DSI et les DRH doivent travailler plus efficacement ensemble pour y parvenir.
En fait, conclut l’enquête, pour 62 % des répondants la transformation numérique c’est la technologie centrée sur les personnes, et non sur les processus. De même, 68 % pensent que la transformation numérique est beaucoup plus axée sur la mise en œuvre d’outils internes pour améliorer l’expérience des employés que sur des outils externes pour améliorer l’expérience des clients. Voilà qui contredit toute la littérature parue sur la transformation numérique depuis une bonne décennie. Et si la transformation numérique était axée sur les deux à la fois ?