Il est temps pour le DSI de développer un nouveau cadre pour l’innovation dans son entreprise, qui s’éloigne de la théorie de l’innovation disruptive, et qui re-définisse la transformation digitale et la relation avec les startups.
En 1997, Clayton Christensen, professeur à la Harvard Business School, publiait le livre “The Innovator's Dilemma”, devenu une référence. Il y introduit la théorie de l’innovation disruptive. Celle-ci prône qu’en tirant parti des nouvelles technologies, les nouveaux arrivants avec des frais généraux et des prix bas devraient facilement s'emparer de la part de marché des opérateurs historiques lents et prendre la relève pour les remplacer rapidement.
Cette théorie explique en partie le succès d’Amazon, Netflix et Uber, qui ont réciproquement décimé les libraires, magasins de location de vidéos et taxis. Ou encore de Airbnb, à qui l’on prédisait la disparition des hôtels devenus obsolètes… mais qui aura surtout permis la prise de conscience et la révolution du secteur, tandis que le service de location absorbe désormais la demande excédentaire.
Dans la réalité, le modèle de l’innovation disruptive de Christensen présente de nombreuses failles. Pour preuve, sur les 77 entreprises qui relèvent du modèle, 9% seulement suivent tous les éléments qui le composent. Et les startups technologiques qui réussissent ne remplacent pas les opérateurs historiques, elles coexistent voire collaborent avec eux…
Les DSI sont largement impliqués dans la relation avec ces startups ‘préparées à la disruption’, et ils se montrent attirés par le modèle de rupture. Probablement parce que le modèle traditionnel des projets informatiques souffre de ‘trop’ nombreux échecs, et qu’ils recherchent la rupture qui re-dorera leur blason, pour peu qu’il ait brillé dans l’entreprise… Il faut prendre conscience que la disruption ne devrait être que l’exception à la règle !
La ‘transformation digitale’ est un mot à la mode dans les entreprises, tout comme la ‘disruption’ l’est pour les startups, ces dernières étant condamnées à ce que leur attaque initiale soir un succès immédiat si elles veulent révolutionner les industries. Industries qui par ailleurs affichent une barrière à l’entrée si élevée et inaccessible qu’il semble peut probable que l’exemple d’un Amazon puisse se reproduire !
Compte-tenu de la place du numérique dans les entreprises, certes l’innovation est au coeur des transformations, mais ce n’est pas dans la rupture mais dans la collaboration que les industries existantes se transformeront… de l’intérieur. Et c’est un véritable changement culturel et technologique, celui de faire entrer les entreprises dans l’ère du numérique via l’intégration dans les workloads des collaborateurs du cloud, de la donnée et des pratiques commerciales modernes tournées vers le client.
Les grandes opportunités apportées par l’innovation ne sont peut-pas disruptives au sens classique du terme. L’entreprise et son DSI qui collaborent avec les startups et sont tentées par la disruption doivent revoir leur vision. Les technologies qui émergent, et les startups qui les supportent, peuvent être ‘révolutionnaires’, elles ne portent pas la révolution ! Les innovations doivent être à la hauteur de la réalité, c’est là que l’on trouvera les plus grandes opportunités.
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