D’après les scientifiques et les épidémiologistes, la pandémie actuelle ne devrait pas être la dernière de son genre. Dans un futur incertain, les entreprises devront mettre en place une véritable culture du risque dans un monde incertain, voire dangereux.
Les sombres nuages de la pandémie qui a confiné la moitié de la population de cette planète planent encore sur les entreprises, qui doivent assurer la continuité de l’activité même réduite à son minimum. L’arrêt brutal des activités a mis en exergue l’impréparation des entreprises et l’inadéquation des plans de gestion de crise à un tel phénomène. Les entreprises se trouvent confrontées à une nouvelle réalité inédite et doivent réagir sur plusieurs fronts : la réaction à l’arrêt des activités de son écosystème, avec parfois la rupture des chaînes de valeur, la mise au télétravail et les cybermenaces conséquentes, la rupture de la ou des chaînes d’approvisionnement et les tensions financières. Certains comparent cette épreuve à un stress-test grandeur nature. Sauf que la grandeur ici est planétaire et inédite.
Dans un article publié par KPMG Belgique, Olivier Elst, chef de la division Risk & Assurance, explique que les professionnels de la gestion du risque et les auditeurs internes doivent « dépasser la routine annuelle et d’intervenir pour aider [leur] organisation à utiliser [leur] ensemble spécifique de compétences et de connaissances, qui peuvent apporter une contribution précieuse dans un certain nombre de domaines prioritaires au cours des prochains mois ». L’après-crise s’annonce être le terrain de réflexion principal pour mettre au point les mécanismes de futures résiliences.
Le stress post-traumatique n’est pas une option
Malgré les aides de l’État et les facilités mises en place pour alléger le fardeau des entreprises, celles-ci doivent évaluer et gérer dans l’urgence une situation multifactorielle à plusieurs inconnues, et de taille, y compris en ce qui concerne les modalités et conditions de sortie de crise. Le Covid-19 trainera dans son sillage, et pour un long moment après sa disparition, le traumatisme des vulnérabilités des entreprises exposées au grand jour.
Cependant, la résilience veut que ce choc ne se transforme pas en traumatisme débilitant. Le stress post-traumatique n’est pas une option et le meilleur moyen de s’en prémunir est de mettre en place une stratégie de gestion des risques qui intègre le nouveau paradigme de pandémies récurrentes, et plus généralement tout risque d’envergure planétaire.
Promouvoir la culture du risque dans un monde incertain
Déjà, les scientifiques et les épidémiologistes mettent en garde contre un second choc, et, plus loin dans le temps, un retour sporadique de la pandémie n’est pas à exclure préviennent-ils. Il faudra apprendre à vivre dans un monde sous la menace constante d’un drame planétaire, sanitaire ou autre. L’impact de cette incertitude sur les stratégies et les investissements n’est pas encore manifeste, mais prendra certainement un tour où la prudence commande de prévoir le pire. Comme l’exprime Olivier Elst : « prévoir l’imprévisible : faire face au risque et à l’incertitude a toujours été un mantra clé, et cela est vrai aujourd’hui avec l’émergence de Covid-19 ».
Et ce sera encore plus vrai demain lorsque le risque sera latent. Dans ce contexte, les professionnels de la gestion du risque doivent « apporter de nouvelles idées à la direction générale concernant l’impact sur le paysage des risques et des opportunités de votre organisation et pour améliorer les réflexions structurées sur les mesures prises et prévues, explique Olivier Elst. Ces risques devraient être désormais dans le collimateur de votre organisation pour lui permettre d’en tenir compte lors de la prise de décisions. N’attendez pas la mise à jour annuelle de votre GRE pour les prendre en compte ».
Au cours des semaines et des mois à venir, les organisations devront revoir leurs plans et stratégies. Elles devront s’appuyer sur l’expérience du moment et les compétences des professionnels de la gestion de crise pour organiser une nouvelle résilience, des structures plus agiles, des méthodes de travail plus mobiles pour résister aux crises à venir. Et pour ce faire, plus tôt seront mis en place ces nouveaux mécanismes, plus les résultats seront efficaces et l’entreprise résiliente.