La France est bien positionnée en matière d’économie circulaire, mais elle doit mieux faire. Malgré l’importance de l’économie circulaire dans le pacte vert pour l’Europe, les progrès en termes d’utilisation circulaire des matériaux sont lents, voire inexistants. Passer de l’économie linéaire à l’économie circulaire nécessite de grands changements organisationnels et fonctionnels pour les entreprises. Elles doivent entreprendre une révision en profondeur de leurs processus en intégrant les pratiques vertueuses comme l’approvisionnement durable, l’écoconception, l’écologie industrielle et territoriale, l’économie de la fonctionnalité, la consommation responsable, l’allongement de la durée d’usage et l’amélioration de la prévention, de la gestion et du recyclage des déchets. L’économie linéaire est la forme la plus répandue au niveau mondial. Elle utilise le format « extraire, fabriquer, consommer, jeter », c’est-à-dire que des matières premières sont extraites afin de fabriquer un produit dans le but d’être distribué, consommé, puis jeté après son usage. Dans l’état actuel du développement technologique et de la démographie, ce modèle est une impasse, car il implique un épuisement accéléré des ressources naturelles de la planète et une destruction assurée des écosystèmes.  

La pression réglementaire augmente

En France, la loi AGEC (antigaspillage pour une économie circulaire) a été promulguée en février 2020. Elle a pour but de sortir le pays du format « tout jetable » en sensibilisant et informant les consommateurs, en luttant contre le gaspillage et l’obsolescence programmée, tout en favorisant le réemploi solidaire. De fait, la transformation des entreprises n’est plus une option. Une économie circulaire est un changement essentiel pour réduire la pression sur les ressources naturelles, garantir une croissance économique durable, tout en luttant contre la perte de la biodiversité et le changement climatique. De son côté, la Commission européenne a adopté le nouveau plan d’action sur l’économie circulaire (CEAP) en mars 2020. Il s’agit de l’un des principaux éléments constitutifs du Pacte vert pour l’Europe, la nouvelle feuille de route de l’Europe pour une croissance durable. Le CEAP est également une condition préalable pour atteindre l’objectif de neutralité climatique de l’UE en 2050 et mettre fin à la perte de biodiversité.  

La France, troisième derrière les Pays-Bas et la Belgique

D’après les chiffres publiés par TCO Development, la France fait partie des bons élèves en matière de recyclage, affichant un taux de circularité proche de 20 %. Cependant, malgré l’importance de l’économie circulaire dans le pacte vert pour l’Europe, les progrès en termes d’utilisation circulaire des matériaux restent relativement lents, voire nuls. Selon Eurostat, les matériaux recyclés représentent 19,8 % des ressources utilisées dans les processus de production en France, dépassant largement la moyenne européenne qui est inférieure à 12 %. La France se classe ainsi à la troisième place, derrière les Pays-Bas, avec un taux de 34 % et la Belgique avec 21 %. En ce qui concerne les équipements électriques et électroniques, le taux moyen de collecte des déchets dans l’Union européenne est d’environ 40 %, ce qui est inférieur à l’objectif de 65 % fixé par l’Europe depuis 2019. Il est important de noter que chaque pays européen présente un environnement différent en matière de recyclage et d’économie circulaire. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs fixés par l’Union européenne. La transition vers un modèle circulaire et durable est essentielle, notamment dans le secteur des produits informatiques où l’utilisation linéaire génère d’énormes quantités de déchets. Et même si la France peut s’enorgueillir d’un écosystème déjà à l’œuvre, il est primordial d’accélérer les initiatives en matière d’utilisation circulaire des matériaux.