Palantir est une entreprise de la Silicon Valley financée par la CIA et dont les principaux clients sont le FBI et la NSA, et le co-fondateur un soutien de Donald Trump...
La décision de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure), révélée par Paris-Match, de déléguer à l’américaine Palantir le traitement des données de surveillance des réseaux télécoms dans le cadre de ses missions d’anti-terrorisme risque de faire du bruit !
En soi l’information n’est pas nouvelle, voici plusieurs mois que les services de renseignements français seraient en négociation avec Palantir. L’information a plusieurs fois fuité, à moins qu’elle n’ait été orchestrée afin de préparer les médias et l’opinion… En mai, devant les parlementaires, Patrick Calvar, le patron de la DGSI, avait expliqué que ses services étaient à la recherche d’outils de Big Data pour faciliter le travail de ses enquêteurs parfois noyés par la masse des renseignements recueillis.
« En l'absence d'une solution française et européenne, l'appel d'offre, signé récemment, vise à équiper les services de la DGSI d'un logiciel capable de traiter le Big Data », a déclaré une source proche du dossier ciutée par Les Echos, précisant que « seule la DGSI traitera les données recueillies et non Palantir ».
Plusieurs constats choquent...
Ce n’est pas tant le fait que la DGSI sous-traite le traitement de ses données issues de ses systèmes de surveillance qui choque, même si cela est surprenant. De son propre avis, l’agence française ne disposerait pas des moyens suffisants pour le faire ! Que l’histoire sulfureuse de cette entreprise de la Silicon Valley et de ses relations avec les services d’espionnage américains.
- A son lancement, Palantir, jeune startup de la Silicon Valey spécialisée l’analyse Big data, a été financé par la CIA.
- Parmi ses clients figurent le FBI, mais surtout l’un des maillons les plus sulfureux du dispositif de cyber-surveillance américain, la NSA, cette agence qui espionne le monde à tout va...
- Son co-fondateur, Peter Thiel, a été le seul soutien notable d’une entreprise de la Solicon Valley au candidat Donald Trump. Depuis, Peter Thiel a été nommé au cabinet du futur président américain.
- Quid de la souveraineté nationale ?
Les services de renseignement français peuvent-ils faire appel à Palantir ?
La réponse est évidemment oui, puisqu’il semblerait que la DGSI a fait ce choix. Certes, la lutte antiterroriste nécessite probablement de faire quelques concessions. Mais de là à non pas adopter une technologie américaine, mais plutôt à lui donner l’accès à nos infrastructures pour collecter les informations, voilà qui a de quoi choquer.
Interrogé par le magazine Paris-Match, un agent de la DGSI aurait indiqué que la France n’avait d’autre choix que de faire appel aux services d’une entreprise étrangère. Tout en indiquant qu’il n’est pas dupe : « Avec Palantir, les services US vont disposer d'une fenêtre grande ouverte sur des informations sensibles et notre lutte antiterroriste. C'est un moindre mal, mais il ne faut pas être dupe ».
Pour résumer, la DGSI donne au principal prestataire de l’espionnage massif américain organisé contre le monde et la France les clés de ses données. C’est encore plus choquant lorsque l’on rappelle ce que le ministère de l’Intérieur affirmait : « utiliser une solution américaine, de surcroît financée par la CIA, pose des problèmes de souveraineté nationale ». Depuis, Bernard Cazeneuve, alors Ministre de l’Intérieur, a été nommé Premier Ministre !
Et le savoir-faire français en matière de Big Data ?
L’autre aspect choquant de la décision de la DGSI de faire appel à Palantir, c’est le jugement porté au savoir-faire français en matière de Big Data et d’analyse des données. Difficile en effet d’imaginer que des solutions ne puissent être trouvées voire développées au sein de notre écosystème Big Data, entre les infrastructures disponibles chez nos grands acteurs et les compétences qui émergent chez nos jeunes pousses…
Et quand bien même notre écosystème n’aurait pu suffire à répondre à toutes les attentes en matière d’analyse de très gros volumes de données, ne pouvait-on envisager des solutions au niveau européen ? A la place d’une décision stratégique et conforme à notre souveraineté, la DGSI, probablement validée dans les sphères hautes de l’État, prend le risque d’ouvrir ses portes au premier espion de la planète !
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