Au cours des deux dernières années, notre dépendance collective au numérique n’a fait qu’augmenter, exacerbée et mise en évidence par une crise sans précédent. L’enjeu de la protection des actifs numériques et des infrastructures critiques se double de nouvelles menaces comme le « Big One ».
Dans notre série des prédictions qui sortent de l’ordinaire, nous avons épluché un certain nombre de rapports à la recherche de nouvelles prédictions qui ne se contentent pas d’ajouter les mêmes arguments que la plupart des études concurrentes. Car à quoi bon prédire des évidences, que les attaques vont augmenter en nombre et en sophistication par exemple, alors que certaines recherches font état de menaces beaucoup plus importantes. C’est le cas du dernier rapport de BeyondTrust, le spécialiste de la gestion des accès à privilèges, qui passe en revue un certain nombre de trajectoires d’évolution et en tire des conclusions nouvelles.
Ces projections, rédigées par les experts de BeyondTrust, sont basées sur l’évolution de la technologie, les habitudes des acteurs de la menace, la culture et des décennies d’expérience combinée. Décrivant le paysage de la cybersécurité depuis l’irruption pandémique, les auteurs résument ainsi l’ambiance cybersécuritaire du moment : « La cybercriminalité a explosé. Les compromissions (SolarWinds, Colonial Pipeline, Verkada, JBS foods, Kaseya) qui ne se produisaient qu’une fois par décennie semblent se produire tous les mois. La prolifération des cybermenaces, les brèches et la “dé-périmétrisation” accélérée des entreprises ont également catapulté le concept de confiance zéro d’une aspiration à la sécurité à un mandat de sécurité ».
Le « Big One », la mère des pannes
Selon ces experts, et outre les prédictions pour 2022, l’horizon au-delà de cette année recèle quelques grands événements, comme le « Big One », une gigantesque panne qui pourrait paralyser le système informatique mondial. « Qu’il s’agisse d’un tremblement de terre, d’une guerre ou d’une autre catastrophe naturelle ou humaine, la communauté des technologies de l’information est mal préparée à une panne massive et prolongée », affirment les analystes de BeyondTrust. Alors que la société et l’économie sont profondément dépendantes des réseaux, une panne massive ou une perte de données serait comparable à un tremblement de terre généralisé.
« Nous nous préparons à ce type de cataclysme dans les cinq prochaines années, préviennent-ils. Qu’il s’agisse de la conséquence d’une cyberattaque, d’une pandémie ou d’une catastrophe naturelle due au changement climatique, le monde connaîtra sa première panne d’Internet de longue durée. Peu de gens seront vraiment préparés ». Certes, cette prédiction semble aller de soi si l’on prend en compte les probabilités statistiques de panne généralisée.
Le droit à la déconnexion communautaire
Les mouvements relatifs au bien-être et à la décroissance devraient s’amplifier pour toucher les technologies, accusées de consommer trop d’énergie, d’épuiser les métaux et les terres rares et de polluer. Ainsi, alors que les fournisseurs de services s’efforcent d’apporter la connectivité aux confins du globe, il faut s’attendre à un mouvement rétrograde de retour aux fondamentaux de la part de certaines communautés et régions qui rejettent la technologie toujours connectée. « Certaines de ces communautés sont peut-être déjà mécontentes de l’augmentation récente du nombre de nomades numériques travaillant à distance depuis ces lieux éloignés, qui étaient autrefois largement épargnés par la main-d’œuvre numérique », explique le rapport.
En effet, certaines villes de taille moyenne et les campagnes voient débarquer des citadins télétravailleurs hyperconnectés et « technophages ». En réponse à ces changements indésirables et à l’atteinte à leur mode de vie local, des « zones sans connectivité » se matérialiseront, intentionnellement dépourvues de technologie cellulaire et de Wifi. Dans certains cas, ces zones peuvent même utiliser des technologies telles que des brouilleurs pour obliger les utilisateurs de la zone à se déconnecter. Ces zones peuvent apparaître dans des parcs nationaux, des cinémas, des lieux de culte, où une connectivité trop importante nuit à la quiétude de l’environnement local.