La dernière enquête de PwC sur la main-d’œuvre montre que, dans un secteur qui évolue rapidement, celui de la Tech, la satisfaction au travail n’est pas toujours synonyme de fidélisation. Voici comment les politiques de l’industrie technologique peuvent s’adapter selon PwC.

Nous vivons une époque formidable où les repères et autres principes consensuels qui ont servi de base aux rapports au travail sont démantelés un par un par les nouvelles générations. Celles-ci, du fait de leurs aspirations qui marquent une rupture radicale avec leurs aînés, bouleversent les principes les plus fondamentaux de la relation au travail, par exemple celui qui stipule que « si vos collaborateurs sont heureux, ils resteront ». 

En effet, les travailleurs ont des aspirations plus complexes, car elles ne sont plus dominées par la satisfaction des besoins pécuniers et d’aspirations de classe seulement, mais aussi par le bien-être et la satisfaction professionnelle d’être utiles, au sens large, au travail et en dehors de celui-ci. Dans une étude datant d’octobre 2022, PwC estime que les jeunes travailleurs veulent de la formation, de la flexibilité et de la transparence. Une combinaison dont les entreprises devront d’abord définir le contenu exact pour mieux les considérer dans leurs décisions et stratégies de recrutement. Autant dire qu’il leur faudra inventer un nouveau manuel de relations avec leurs salariés. Ceci est vrai pour toutes les entreprises, principalement les entreprises de la Tech où la demande élevée de profils Tech stimule la mobilité professionnelle.  

Pourtant, les travailleurs de la Tech se disent épanouis au travail

D’après la dernière étude de PwC, 2023 Global Workforce Hopes and Fears Survey, le secteur technologique se distingue par une satisfaction professionnelle supérieure de 64 % par rapport à l’ensemble des secteurs, soit une hausse de 8 points de pourcentage. Cette majorité se dit épanouie au travail, bénéficiant d’une grande autonomie quant à la méthode de travail et se sentant écoutée par la hiérarchie lors des prises de décisions. Pourtant, ces salariés sont plus enclins à solliciter une augmentation, une promotion ou même à changer d’entreprise au cours des 12 mois suivants l’enquête.

Selon PwC, ce paradoxe pourrait s’expliquer par leur attachement plus fort à leur métier
— à savoir, la création de produits et de services innovants qui impactent directement le monde — qu’à leur entreprise. Ce sentiment pourrait être dû aux licenciements importants dans ce secteur cette année, environ 150 000 à l’échelle mondiale. Le marché du travail produit également son influence, puisque les compétences techniques sont recherchées dans de nombreux secteurs, offrant plus d’opportunités aux travailleurs technologiques hautement qualifiés. Cela représente un enjeu majeur pour les dirigeants du secteur technologique qui doivent prendre en compte plusieurs aspects dans leur réflexion.
 

Comment aborder cette nouvelle donne

Les dirigeants doivent envisager à quoi ressemblera leur main-d’œuvre idéale à l’avenir, en anticipant la rotation des effectifs et en planifiant les compétences requises. Il est également nécessaire de comprendre la structure organisationnelle appropriée, y compris la répartition des responsabilités, la constitution des équipes et la nécessité d’acquérir, de former ou de faire appel à des compétences essentielles.

Il faut aussi éviter que les réductions de coûts n’altèrent la culture de l’entreprise. En annonçant des coupes budgétaires, certains géants technologiques pourraient affecter la bonne volonté de leur personnel. Il est crucial de communiquer clairement les raisons de ces coupes et de présenter une vision solide de l’avenir de l’entreprise, en soulignant le rôle de chaque employé pour y parvenir. De plus, des enquêtes régulières peuvent permettre de détecter des problèmes de moral liés aux réductions de coûts.

Enfin, il faut donner la priorité à la recherche et développement (R&D) ainsi qu’à l’innovation. Des technologies comme l’IA générative peuvent optimiser certains rôles et fonctions, mais elles ne peuvent pas remplacer la capacité à générer de nouvelles idées, une compétence essentielle pour les entreprises technologiques. La R&D et l’innovation doivent donc rester des priorités organisationnelles.

En comprenant les raisons pour lesquelles certains employés quittent l’entreprise et en anticipant ces départs de manière stratégique, les entreprises technologiques peuvent mieux se préparer à faire face à la concurrence.