En mars dernier, les ESN ont publié leurs résultats de 2021 rapportant une croissance généralisée élevée et des marges en progression. Avec une croissance globale de 5,1 %, les dix premières entreprises de la tech en France ont surperformé le marché des services du numérique, qui a bénéficié d’une croissance de 4,6 %. Il faut dire que l’année 2021 a été pour le moins contrastée, mais bonne dans l’ensemble. Après un début d’année poussif, avec des carnets de commandes pas tout à fait remplis, le reste de l’année a connu une progression marquée, selon les derniers chiffres du rapport PAC 2022.
La croissance n’a toutefois pas été homogène : les grands acteurs internationaux affichent tous des croissances organiques de leur CA. Ils ont bénéficié de leur présence sur les marchés émergents et de l’accélération des entreprises sur des sujets comme le cloud, le conseil et les développements applicatifs. Les entreprises davantage axées sur les services d’infrastructures traditionnelles (IBM, Econocom, Orange Business Services, Spie…) ont affiché des croissances modérées, comprises entre 0 % et 6 %. C’est le cas d’Atos dont la faible croissance (3 %) en 2021 est due à sa position sur le marché de la gestion d’infrastructures privées dans un contexte d’accélération de la migration des clients vers le cloud. L’entreprise, qui vient de publier un plan stratégique visant à désengager l’ESN des marchés en baisse, et annoncé le départ de son nouveau PDG, nommé en janvier dernier seulement.
Capgemini reste un solide leader
Avec un CA de 3 390 millions d’euros et une croissance de 11 %, Capgemini reste un solide leader très loin devant le second, Sopra Steria avec 1 961 millions d’euros. Selon PAC, Capgemini a bénéficié de la croissance du marché et aussi, pour une part, de l’intégration d’Altran, racheté en avril 2020. La Seconde ESN du classement, Sopra Steria réussit son année avec une forte croissance globale, notamment sur les prestations de services autour de ses solutions internes (en dehors de Sopra Banking qui a plutôt souffert) et une attention croissante de certains grands donneurs d’ordre pour les enjeux de souveraineté. Ces derniers ont fait jouer la préférence européenne.
« La stratégie de grands comptes de Sopra Steria est très efficace depuis de nombreuses années et continue de porter ses fruits avec des clients très fidèles qui renouvellent régulièrement leur confiance sur des contrats clés, mais permettent également à l’ESN d’étendre son positionnement à travers de nouveaux domaines porteurs de l’évolution numérique (cloud, data, cyber, etc.) », explique le rapport.
La scission d’IBM profite à Orange
Les dernières évolutions sur le marché des ESN, notamment la scission d’IBM a profité à Orange, qui se hisse à la troisième position du classement. L’ESN a bénéficié de l’accélération du marché et d’un positionnement « atypique et différenciateur », affirme le rapport. « Orange a réussi depuis deux ans à mieux orchestrer l’ensemble de ses expertises autour d’une proposition de valeur commune plus globale et à l’exécuter sur des projets de référence couplant ses services télécoms avancés (connectivité, accessibilité, sécurité), ses services d’infrastructures multicloud hybrides et toutes les expertises propres au développement du numérique : données, IoT, cloud, etc. ». Orange a également maintenu une stratégie de croissance externe ambitieuse et ciblée notamment pour soutenir son expansion à l’international.
Malgré les incertitudes économiques et un environnement des affaires plombé par l’instabilité géopolitique, l’étude de PAC ne prévoit pas d’impact significatif sur les marchés des services en 2022. « Les ESN de toutes tailles sont dans une très bonne dynamique (meilleure que 2021). Aujourd’hui, c’est la pénurie de ressources qui empêchent les ESN de réaliser encore plus de croissance : c’est clairement la préoccupation centrale de toute la profession, comme le confirment les sondages que PAC réalise régulièrement auprès des DSI et des offreurs ».