Nous vivons une période unique, marquée par des événements globaux déstructurants, qui ont brouillé les signaux et généré une incertitude persistante sur l’avenir. Mais ce qu’il y a de plus stressant dans cette situation est l’impossibilité de lire les signaux d’une économie mondiale dont les indicateurs se sont affolés. Dans ces conditions, le plus grand défi qui se pose aux économistes, et par ricochet aux entreprises, est de prévoir le déroulement des événements dans un environnement bourdonnant de signaux contradictoire. C’est à se demander si certains chapitres de la théorie économique ne devraient pas être réécrits, ou du moins complétés à l’aune des récentes expériences.
Une étude de Blackline, le spécialiste de la digitalisation des fonctions comptables et financières, et Censuswide, un cabinet de recherche, stipule que « devant ces avis de tempête en série, les dirigeants sont plus que jamais sur le pont, et plus particulièrement les directeurs financiers, qui doivent faire preuve d’une réactivité et d’une adaptabilité à toute épreuve dans des cycles de plus en plus courts ». Les chercheurs de BlackLine/Censuswide ont interrogé 1 483 cadres dirigeants et professionnels de la finance à travers le monde, dont 191 en France.
Les chantiers sont nombreux
L’enjeu pour les DAF est de permettre aux entreprises de rebondir, de parvenir à s’adapter avec une prise de décision rapide et une planification accélérée. Toutefois, les chantiers sont nombreux, car au-delà d’assurer leurs tâches quotidiennes dans un contexte difficile, ils seront également en première ligne pour accompagner l’entreprise dans la « redéfinition de ses fondamentaux et dans sa transformation durable ». Et ça tombe bien, puisqu'ils sont plébiscités aux côtés de la direction générale pour inspirer l’orientation que leur entreprise doit prendre, qu’il s’agisse de la réalisation de reportings ESG (32 %), de la gestion de l’inflation (31 %) et du contexte géopolitique (27 %).Comme le montrent ces chiffres, ils sont aussi en première ligne pour accompagner l’entreprise dans sa bascule vers un monde plus durable, parfois au prix d’une refonte de leurs processus. « En passant en quelques années du statut de responsables de l’information financière à celui de piliers de la prise de décision stratégique, les financiers voient leur quotidien se transformer au fil des années au service de la performance de l’entreprise », explique le rapport.
Toutefois, s’ils sont appréciés à leur juste valeur sur les questions précitées, ils sont attendus sur trois chantiers principaux, selon les résultats de l’étude et qui sont : la baisse des budgets (37 %), l’inflation réglementaire (25 %) ainsi que l’injonction de renouveler les talents (28 %) et d’acquérir les compétences nécessaires à la modernisation des fonctions finance (25 %).
Un regain de confiance des professionnels dans leurs données
Une première depuis 2020, cette quatrième édition de l’étude enregistre un regain de confiance des professionnels de la finance et des cadres dirigeants dans la fiabilité de leurs données financières. En effet, cette courbe fait le yo-yo depuis l’irruption pandémique. En 2020, après la première phase de la crise et les restrictions sanitaires, les dirigeants sondés étaient 47 % à déclarer avoir totalement confiance dans les chiffres de leur entreprise. Une baisse sans précédent puisque leur niveau de confiance s’établissait en 2018, avant la crise, à 75 %. Deux ans plus tard, un regain s’opère puisque 53 % d’entre eux estiment que leurs données sont entièrement fiables et 47 % qu’elles sont relativement fiables.Alors que l’économie mondiale lutte pour retrouver les niveaux d’avant-crise, dans un contexte d’incertitude accrue et de risques croissants, de nombreux pays sont en récession ou au bord de la récession. En Europe et aux États-Unis, malgré les vents contraires, la croissance reste positive en 2022 et les perspectives financières devraient « se détendent », dans le sillage du ralentissement attendu de l’inflation.