L’agilité, portant l’approche produit, est de plus en plus plébiscitée comme un véritable accélérateur des transformations à tous les niveaux de l’entreprise. Mais cette approche repose-t-elle sur une véritable culture de l’agilité ?
Initiée à l’origine par des équipes principalement IT, l’agilité reçoit progressivement l’appui de toutes les entités. Ces services IT ne sont plus les seuls gardiens de l’agilité. De plus en plus d’entreprises font de l’agilité un véritable enjeu de transformation.
La crise du covid-19 a ancré l’agilité dans les pratiques à long terme des entreprises. L’évolution des métiers et des besoins utilisateurs constitue ainsi la première nécessité vers l’adoption d’une démarche agile, devançant largement d’autres nécessités liées à une réflexion sur les méthodes de gestion des projets, voire la recherche de performance.
Entre ambition et réalité́, EY Consulting s’est interrogé́ sur les pratiques mises en œuvre pour stimuler l’agilité́ et les limites à dépasser pour une telle démarche. L’objectif de son étude est d’explorer le développement de l’agilité́ au sein des organisations et de questionner leurs progrès réels.
Réalisée à partir de données fournies par le CSA auprès de 150 acteurs de la transformation digitale et d’une quinzaine de grandes entreprises et d’entités publiques fin 2021, l’étude dresse un état des lieux de la maturité́ actuelle de l’agilité́ au sein des organisations.
L’étude montre également que le lancement d’une démarche agile motivée par une volonté de faire évoluer la culture d’entreprise ou une décision de la direction ne sont pas suffisantes pour entraîner toute l’entreprise.
Preuve d’un décalage entre les différents services, 46 % des entreprises évoluent désormais dans un environnement agile. Mais la perception de la maturité agile demeure hétérogène puisque la moitié des répondants évaluant le niveau de maturité de la DSI comme « élevé », alors que ce taux est de 32 % pour les directions métiers.
Or cette étude constate que 80 % des entreprises n’étant pas parvenues à adopter une démarche agile n’avaient pas adapté leur organisation et leurs processus. Et ce n’est pas pour des raisons « techniques ». La résistance au changement est la principale cause (54 %) contrairement au manque de ressources (1 %).
Gage de réussite de cette mutation ? La mise en place d’instances permettant l’amélioration continue. C’est l’avis de 73 % des professionnels ayant participé à cette enquête et travaillant dans un contexte agile.
Les principaux enseignements de cette enquête sont les suivants :
- L’expansion des démarches agiles, en appui des transformations, s’accélère au sein des organisations
- Initiée par les services IT, l’agilité est adoptée de plus en plus largement par les directions métier
- L’adaptation de l’organisation et des processus aux démarches agiles constitue un prérequis clé pour une montée en charge réussie
- La mise en place d’un SI modulaire couplé avec l’agilité sont les garants d’une accélération du delivery
- L’agilité contribue à la construction d’un contexte favorable à l’innovation
Les référentiels Scrum et Kanban restent les cadres les plus massivement adoptés (51 %),suivis par des frameworks dits hybrides (36 %), inspirés des cadres existants et adaptés au fonctionnement et aux spécificités des organisations.
Concernant la trajectoire suivie, EY a constaté qu’au départ, une grande liberté est donnée aux équipes pour expérimenter les frameworks qui leur semblent les plus appropriés.
Cependant, lorsque les organisations progressent en maturité agile et en nombre de projets menés en démarche agile, le besoin d’une structure et d’une gouvernance se fait ressentir.